Dans cette rue vivaient autrefois de grandes familles seigneuriales, attachées à la noblesse d'épée ou de robe. Au n°8 bis, l'hôtel de Grammont, réalisé en 1625, reprend le modèle régional des hôtels front à rue. Le corps de logis se développe le long de la voie publique tandis qu'une large porte cochère s'ouvre sur une cour donnant sur les accès aux communs. Ici, la façade se distingue par la polychromie des matériaux. La brique et la pierre forment des jambes harpées, décor traditionnel des maisons cambrésiennes.
En face, l'hôtel de Francqueville, abritant aujourd'hui le musée, a été réalisé entre cour et jardin, autre type d'hôtel particulier très en vogue à Paris. Son propriétaire, Jean-Baptiste de Francqueville, alors conseiller et secrétaire du roi à Versailles, introduit pour la première fois ce genre d'hôtel à Cambrai en 1720. Son plan permet d'isoler le corps de logis de la voie publique afin d'avoir plus d'intimité. La porte cochère et son archivolte, seuls éléments visibles extérieurement, sont richement décorés. Ils portent le plus souvent les armes de la noble famille. Ici, le corps principal sur cour, d'une grande rigueur classique, est flanqué d'une aile latérale droite, le tout recouvert d'une toiture à combles brisés. Réalisé en brique et pierre, reposant sur un soubassement en grès, il comprend deux niveaux d'élévation et neuf travées régulièrement percées de hautes fenêtres bien alignées. Des bandeaux de pierre, situés au niveau des allèges, soulignent l'horizontalité tandis que des pilastres à refends cantonnent le bâtiment.
Le musée, entièrement rénové, vous propose 4300m² de surface d'exposition permanente. Les salles, aux atmosphères changeantes, ponctuées de lumière, vous permettent de découvrir différents départements. Celui du Patrimoine est animé d'un spectacle audiovisuel autour du plan relief de la ville. Le département des Beaux-Arts propose une vaste collection d’oeuvres allant des maîtres flamands et hollandais du XVIIe siècle aux plus grands noms d'artistes français comme Hingre, Claudel, Rodin, Utrio, Vandakel. Il permet également de vous plonger dans l'abstraction géométrique grâce à de récentes donations.
Sur le même rang, au n°19, se dresse un hôtel édifié en 1766 par le Seigneur de Wallincourt. Cette demeure reprend le modèle régional des hôtels front à rue. Sa façade en pierre de taille s'ouvre par une porte cochère surmontée d'un balcon. Ici, la monochromie des matériaux est compensée par les jeux d'ombres et de lumières du décor sculpté des bossages et des tables ornant les allèges. Sur les vantaux du portail, des trophées d'armes rappellent les fonctions militaires de cette famille attachée aux grands d'Espagne.