A la carrière, le carrier cassait la pierre et le façonnier taillait celles destinées à la menuiserie. Puis à l'atelier, le fabricant taillait les carreaux pour les assembler au ciment et les cercler. Le dresseur éveillait la pierre pour la rendre "coupante, mordante, moelleuse ou grasse", puis le rayonneur creusait des sillons ou rayons qui permettaient d'évacuer la farine prise entre les deux meules, la courante et la gisante.
L'équilibrage de la meule était confié au chargeur, qui a utilisé du plâtre jusqu'à la fin du XIXe siècle, puis du ciment dans lequel il scellait des boîtes à plomb permettant au meunier de réajuster l'équilibrage au fur et à mesure de l'usure.
Le travail des ouvriers était très difficile et les hommes étaient atteints de silicose ou de tuberculose. Des éclats de silex ou de métal de la pigette (pioche du carrier) se logeaient sous leur peau, ce qui leur donna le surnom des "mains bleues".
Les meules étaient embarquées sur la Marne par le port aux Meules. Le quai est d'ailleurs construit avec des meules cassées. A cette hauteur se trouve une ancienne fabrique, dont il ne reste que les auvents et le mur sur la rue. L'activité de l'industrie meulière déclina à partir de 1880, avec l'apparition dans la minoterie des cylindres métalliques, pour disparaître au début du XXe siècle.