N°5 : Le Banchet

On peut observer au lieu dit Les Morfins la prédominance de la pierre dans ce paysage façonné par l'agriculture.N'en déplaise au chanteur Renaud, ces tas de cailloux appelés "Clapas" ou plus localement "Chirat" ne sont pas sortis des poches du marchand de cailloux. Ce sont les agriculteurs qui ont amoncelé là, en bord de champ, ces nombreuses pierres. Elles étaient extraites du sol, suite à l'empierrement des terrains, pour faciliter le travail de la terre.Témoignant d'une civilisation rurale qui "dompta" l'eau et la pierre, on découvre une véritable architecture de pierre que la déprise agricole fait oublier peu à peu. On ne peut pas rester indifférent au travail de ces "paysans bâtisseurs" qui pierre après pierre construisirent les terrasses ou "chalets". Leur oeuvre ne s'arrête pas là. Ils bâtirent également des murs, des enclos pour protéger les jardins, des grangettes, des puits et autres voûtes de fontaines, des escaliers, des cabanes... Les "graveliers", ces petites cabanes formées de pierres sèches couvertes de sarments de vignes, servaient d'abris pour le paysan et de remises pour les outils et récoltes.Source : "Paysans bâtisseurs, paysages de pierres, paysages de vie", association Histoire et Patrimoine, 2001.

Point de vue sur le village de Bozas

Si vous entendez un ardéchois prononcer les mots de « chalets », « faïsses » ou encore  « chambas », il n’est pas en train de vous donner des noms d’oiseaux mais juste de vous parler de son paysage ! En effet, pas évident de faire de l’agriculture dans des pentes aussi escarpées que les nôtres. Mais il en faut plus pour décourager les ardéchois. Ainsi l’Homme va s’efforcer de façonner le paysage qui l’entoure pour le rendre le plus fonctionnel possible. Afin d’augmenter la surface de culture, il construit ces terrasses grâce aux murs de pierres sèches érigés à même la pente. Ces murs de soutènements permettront également d’y inclure des citernes, très utiles sur nos terrains granitiques bien drainés !

Point de vue sur les Alpes.

Vous traversez la voie ferrée du train à vapeur de l'ardèche. Ce train historique circule le long de la vallée du Doux entre Tournon-Sur-Rhône et Lamastre, d'où son nom "le Mastrou". Merci de ne pas circuler sur le long des rails pour des raisons de sécurité.

Ca et là, de vieux châtaigniers se dressent parmi le paysage forestier. Ils signalent souvent une recolonisation récente par la forêt d'anciennes parcelles de production de la châtaigne. En effet, la châtaigneraie a subi un important déclin depuis quelques décennies. L'espèce est particulièrement touchée par deux champignons : l'encre et le chancre.A son apogée, fin du XIXème siècle, la châtaigneraie couvrait près de 60000 ha soit deux fois plus qu'à l'heure actuelle. La châtaigne constituait autrefois l'alimentation de base de l'ardéchois.Elle est peut être moins présente, mais la châtaigneraie ardéchoise existe toujours et nous ne pouvons que vous inviter à déguster les nombreux produits à base de sa châtaigne.Un peu d'occitan :Pin de toun grand, chastagni de toun payre, vigna de tu !(Pin de ton grand père, châtaignier de ton père, vigne de toi !)Un beau pin à couper demande 70 ans, le châtaignier donne vers 25 ans, la vigne en 2 ans.Un bon paysan plante pour ses petits enfants, pour son fils... et pour lui même !

Aujourd’hui bel exemple de village rue, typique de nos topographies tourmentées, le Crestet est déjà cité dans des écrits au Moyen Age, puisqu’en 1164 on retrouve des textes où l’église de « Cresta » est citée. Le village se développe grâce à l’installation du baillage à Boucieu le Roi par Philippe le Bel au début du XIVème siècle. En effet placé sur la route reliant Tournon à Lamastre, le Crestet occupait alors une position stratégique pour les voyageurs et faisait l’objet d’une halte bienvenue. Lors de votre halte n’hésitez pas à aller voir l’église et surtout sa croix de peste. L’un des rares exemples qui subsistent encore aujourd’hui. Elle daterait de la fin du XVIème siècle. Regarder bien, on peut encore distinguer ce qui serait des bubons (boutons) de peste. Aurait-elle été érigée en remerciement d’une certaine protection ou auprès d’un cimetière de pestiférés ? Le miracle aujourd’hui c’est qu’elle nous soit parvenue !

Vous traversez la voie ferrée du train à vapeur de l'ardèche. Ce train historique circule le long de la vallée du Doux entre Tournon-Sur-Rhône et Lamastre, d'où son nom "le Mastrou". Merci de ne pas circuler sur le long des rails pour des raisons de sécurité.

Se détachant dans le paysage, comme suspendue au ciel, la pierre qui vire offre un spectacle particulier. Il n’en n’a pas toujours été ainsi. Cette  pierre est le vestige d’un unique amas rocheux que l’érosion a dégagé. En effet l’eau en s’infiltrant dans les failles de la roche a creusé, faisant même éclater les pierres lors des gelées hivernales. Ce bloc plus dur, plus compact est resté entier et s’est retrouvé à l’air libre, comme si un géant était venu le poser ici. On raconte qu’elle tournerait sur elle-même tous les cent ans, hors impossible de se souvenir la dernière fois que cela a eu lieu… Il ne reste plus qu’à surveiller !

Au centre du village, le vieux château médiéval remonterait au XIIIème siècle. Dévasté, ruiné et plusieurs fois restauré ou agrandi, ce témoin du passé ne manque pas de caractère...