L'Hôtel de ville dont la première construction remonte au XIVe siècle. L'édifice actuel datant de Napoléon III et restauré dans les années 1920, conserve une façade de style néoclassique.
Depuis son origine, l'hôtel de ville garde son emplacement. Appelé autrefois "maison de paix", il est déjà cité en 1184 ; il est reconstruit en 1364 et agrandi en 1509 et 1559. L'ancien hôtel de ville présentait une façade médiévale et Renaissance. Il est remplacé en 1786 par un édifice néo-classique réalisé par deux architectes parisiens, Jacques Denis Antoine et son associé, Jardin. La pierre n'étant pas de bonne qualité, il faut le reconstruire en 1877. Les architectes Renaud et Guillaume reprennent le même modèle mais utilisent ici l'ordre colossal englobant les deux niveaux d'élévation. L'incendie de 1918 ne l'épargne pas, sa façade est restaurée mais les bâtiments sont reconstruits. Le nouvel édifice est inauguré en 1932.
Les légendes
Selon la version la plus répandue, Martin était un forgeron installé rue du Mail (aujourd’hui rue de la porte Notre-Dame). En 1370, avec sa compagne Martine, il mena une révolte nocturne de bourgeois voulant combattre le seigneur voisin de Thun-Lévêque. Celui-ci en effet, terrorisait tout le Cambrésis et rançonnait la population. C’est au petit jour que les Cambrésiens surprirent la garnison de la forteresse. Martin s’élançant le premier à l’assaut se trouva face à leur chef. D’un coup de son énorme marteau de forgeron, il étendit son adversaire à ses pieds. Le casque du seigneur, étant en très bon acier, ne se brisa pas sous le choc mais s’enfonça jusqu’au dessous de ses yeux. Etourdi et aveuglé le terrible seigneur ne put se relever. Pris de panique sa troupe se rendit aux Cambrésiens, la victoire fut complète. Après avoir relevé le seigneur vaincu et lui avoir retiré son casque avec bien des difficultés, on s’aperçut que le tyran était devenu subitement fou des suites de la commotion, c’est l’origine du fameux coup de marteau.
Une autre version date cette légende au XVIème siècle, époque à laquelle des Maures accompagnèrent Charles Quint pour mater une révolte de Brugeois. L’un d’eux, Hakem, se fixa à Cambrai et eut pour voisine une jolie jeune fille appelée Martine. Les deux jeunes gens tombèrent amoureux, mais leur différence de religion rendit leur union impossible. L’opinion publique s’indigna de cette relation coupable et Hakem et Martine furent arrêtés. Condamnés à rester enfermés dans la tour de l’horloge, ils devaient, sous la menace d’un fouet, sonner les heures du jour et de la nuit armés d’un lourd marteau. Un vieux prêtre, ému de leur infortune, intervint auprès du tribunal qui accepta de les libérer à la condition de trouver des remplaçants. Le prêtre les remplaça par deux automates de type mauresque, vêtus à l’orientale, donnant l’heure avec une étonnante précision. En reconnaissance, Hakem se convertit sur le champ, et fut baptisé sous le nom de Martin. L’histoire se termina par leur mariage.
Cette deuxième version de la légende est contestable, car les Jacquemarts ont été réalisés en 1512 d’une part et d’autre part Charles Quint a pris la ville en 1543.
Historique des Jacquemarts
Pour perpétuer le souvenir de l’action d’éclat de Martin et de Martine qui symbolise la liberté et le triomphe du droit sur la force brutale, une décision est prise en août 1510 par les échevins Cambrai. Ils font réalisés deux automates frappant l’heure sur la cloche de l’horloge en remplacement du sonneur qui exerçait cette fonction les jours de fêtes et les dimanches.
Les jacquemarts ont été sculptés en bois de chêne provenant de Vaucelles par Pierre Van Pulsere (ou Pullaire) et son fils Félix. Originaire de Malines, ces sculpteurs se sont établis ensuite à Cambrai. Martins et Martine ont été ensuite fondus en métal « d’Ampvers et de fin d’Estaing » par Anselot Bridel. C’est en octobre 1512 que les deux personnages sonnent pour la première fois sur les cloches grâce à un mécanisme spécial adapté à une horloge.
A l’origine, les jacquemarts de Cambrai sont placés à la base de la tourelle octogonale de l’Hôtel de Ville au niveau de la Halle aux draps.
Primitivement appelés « les Martins », c’est en 1690 qu’ils sont nommés définitivement « Martin et Martine ».
Ils connaissent au fil du temps moult vicissitudes.
Ainsi en 1677 durant le siège de louis XIV, un boulet fracasse la jambe de Martin, qui sera restaurée par le chaudronnier Jean-Baptiste Taisne.
En 1786, nos deux personnages sont déposés pour la reconstruction de l’Hôtel de Ville réalisée par les architectes Jardin et Antoine, puis replacés à la base du campanile. Ils sont de nouveau descendus vers 1839 et entreposés chez Monsieur Eyrard, rue Saint Adrien, pendant la reconstruction de la façade. Avant d’être remis en haut du campanile, ils sont exposés dans la salle des mariages le 12 septembre 1872 pour reprendre leur fonction le 26 novembre 1874. Durant la Première Guerre, le 8 septembre 1918, Martin et Martine sont arrachés de leurs pivots et tombent sur le pavé après une chute de 25 mètres de haut.
Le Docteur H. Burg, expert d’art de l’armée allemande, fait recueillir les débris et les fait transporter à Halberstadt près de Liège. Ils furent préservés et confiés ensuite à Monsieur Gevaert chargé, au nom du gouvernement Belge et de la ville de Bruxelles, de sauvegarder tous les objets d’art de Lille, Valenciennes, Cambrai et bien d’autres villes.
En attendant leur retour, Martin et Martine sont installés à l’entrée de la salle d’audience du Palais de Justice de Bruxelles. Ils réintègrent la cité le 4 avril 1919 et font une sortie triomphale dans la ville, le 15 août de la même année.
Remis à neuf en 1922, ils sont classés monuments historiques le 26 février 1926 par un décret du ministre des Beaux-Arts.
Replacés de chaque côté du campanile de l’Hôtel de Ville restauré en 1932, ils n’ont plus quitté leur poste depuis.