C'est incroyable, ces villes d'eaux. Ce sont les seuls pays de féerie qui subsistent sur la terre ! En deux mois, il s'y passe plus de choses que dans le reste de l'univers durant le reste de l'année. On dirait vraiment que les sources ne sont pas minéralisées, mais ensorcelées. Guy de Maupassant, Mont-Oriol, 1887.
Une histoire ...
Vers 1185, le Comte d'Auvergne Guy II, alors en conflit avec son frère Robert, Évêque de Clermont, fit ériger un château au sommet d'une butte, dominant la Limagne, qui prit le nom de Castrum Guidonis, nom qui plus tard se transforma en Châtel-Guyon.
Afin de mettre un terme au litige, le roi Philippe-Auguste envoya ses troupes en 1213 pour prendre d'assaut cette forteresse. Leur commandant, Guy de Dampierre, s'en empara, et le roi put en faire cadeau en 1225 à Hugues Autier de Villemontée, compagnon d'armes du roi.
En 1386, la seigneurie fut vendue à Hugues de la Roche, seigneur de Tournoël, qui la revendit en 1395 à Oudart de Chazeron. Plus tard, la famille de Monestay en hérita, et elle conserva ce fief jusqu'à la Révolution.
En 1590, lors des Guerres de religion, le château étant d'une grande importance stratégique, il fut pris par les ligueurs. Deux ans plus tard, les troupes du Roi Henri IV l'attaquèrent avec succès. L'édifice fut démantelé en 1631 à la demande des habtants de Riom.
Au XIIIème siècle, Châtel-Guyon se composait de deux hameaux distincts : Saint-Coust, où se trouvait l'église paroissiale, et le bourg castral, au pied du château. Après l'épidémie de peste de 1634, les habitants de SAint-Coust se réfugièrent autour de l'ancien château ruiné, dont ils utilisèrent les pierres pour construire leurs maisons. À l'époque révolutionnaire, le village de Saint-Coust disparut complètement. Sur la butte, la chapelle Saint-Maurice de l'ancien château devint de fait l'église paroissiale. Celle-ci fut reconstruite, au début des années 1850, en utilisant les dernières pierres du château, et prit le nom de Sainte-Anne. Quant au hameau des Grosliers, qui existait avant le XVII siècle, il resta jusqu'à une date récente un petit village de paysans et de vignerons.
Aujourd'hui, en contrebas du vieux bourg, la ville thermale s'étend le long du ruisseau du Sardon. Installée dans un site pittoresque et riche d'une architecture variée et de grande qualité, la station de Châtel-Guyon ne manque pas de charmes.
Les eaux thermo-minérales
Bien que déjà connues au XVIII siècle, ce n'est véritablement qu'au XIX siècle que les sources thermales de Châtel-Guyon devinrent à la mode.
En 1817 fut construit par la commune le premier établissement, très sommaire, Camille Brosson, dont la famille avait reçu la concession des eaux, construisit le premier établissement digne de ce nom en 1858.
L'arrivée du chemin de fer à Riom en 1855 marqua un tournant décisif dans le développement de la station. En 1878, La Société des Eaux Minérales de Châtel-Guyon, dirigée par le médecin Alexis Baraduc et le banquier François Brocard fit l'acquisition de l'établissement Brosson et de l'établissement Barse, érigé en 1840, et entreprit d'importants aménagements urbains, notamment la réalisation de l'avenue des Bains (aujourd'hui avenue Baraduc) et l'édification des nouveaux Grands Thermes.
En 1912, Châtel-Guyon fut déclarée station hydro-minérale et se dota d'une importante gare.
Au début du XX siècle, on comptait 28 sources d'eaux thermo-minérales. Certaines, les sources Deval, Germaine, Louise, Marguerite et Yvonne alimentaient les buvettes du parc thermal, d'autres alimentaient les Grands Thermes, la source Henry alimentait les thermes du même nom, construits de 1882 à 1888, et détruits en 1982 pour l'établissement actuel plus moderne, enfin la source Gubler servait à la mise en bouteilles en vue de la vente par expédition.
En 1928, un pharmacien de la station, qui avait découvert la source Miraton, organisa un nouvel établissement, les Thermes Miraton. Celui-ci fut absorbé par la Société des Eaux en 1947.