Patrimoine à vélo : Le Havre côté mer

Placée à proximité du bassin du Roy, la statue de François 1er réalisée par René-André Duparcq signale les plus anciens vestiges du Havre : le bassin du Roy et l’anse Notre-Dame. Aménagés dans une crique naturelle en forme de sablier, ces bassins constituent les rares témoins de la ville-port fondée par le monarque de la Renaissance en 1517. Longtemps situés au cœur de la ville, les bassins ont une vocation militaire et commerciale jusqu’à première moitié du 19e siècle. Ils assurent l’activité économique du Havre marqué par le commerce transatlantique et le négoce de denrées exotiques (café, cacao, coton…). Le port est également le point de départ de plusieurs expéditions : celle de Jehan de Verrazano pour l’Amérique ou encore celle du commandant Baudin en 1800 pour l’Océanie sont emblématiques des explorations menées par de grands navigateurs depuis le Havre. Aujourd’hui, les bassins sont utilisés par les pêcheurs locaux. Jetez un coup d’œil au panneau à gauche de la sculpture pour découvrir Le Havre et ses fortifications en 1583.

Conçue en 1795 par Paul-Michel Thibault, architecte des fortifications et gestionnaire des fontaines publiques, la demeure se caractérise par son style néo-classique. Les références à l’Antiquité sont aussi sensibles sur la façade qu’à l’intérieur où, sur cinq niveaux, les pièces s’organisent autour d’un étonnant puits de lumière central. La maison est achetée en 1800 par le riche négociant-armateur Pierre-Martin Foäche qui y installe ses appartements et les bureaux de sa maison maritime, d'où le nom de Maison de l'Armateur. Très endommagée par les bombardements de 1944, la Maison de l’Armateur est classée monument historique en 1950 puis achetée par la Ville du Havre. Au terme d’une longue campagne de restauration, elle est ouverte au public en 2006. Rare témoin de la vie havraise au 18e siècle, la Maison de l’Armateur est l’un des trois musées d’art et d’histoire de la Ville du Havre.

Créée dans le cadre de la première édition d’Un Eté au Havre à l’occasion des 500 ans de la ville en 2017, la Catène de Containers de Vincent Ganivet est rapidement devenue l’une des icônes du Havre. A l’interface de la ville et du port, la sculpture de 288 tonnes culminant à 28 mètres de haut est composée de deux arches monumentales, construites à partir de 36 containers peints de couleurs vives symbolisant la vocation portuaire et commerciale de la cité Océane. Depuis ce point stratégique, vous découvrez d’un côté, la perspective de la rue de Paris encadrée des immeubles du front de mer sud dessinés par Pierre-Edouard Lambert à la Reconstruction. De l’autre côté, se déploie le paysage portuaire avec, au premier plan, le bassin de la Manche puis le terminal croisière de la pointe de Floride.

Construit en 1939 par Henri Daigue le long du boulevard tracé quelques années plus tôt, l’immeuble incarne la modernité par son style Art Déco, alors en vogue, et ses équipements. Ses sept étages sont desservis par un ascenseur, une première pour un immeuble d’habitation au Havre. Avec sa silhouette évoquant la proue d’un navire, ses balcons en forme de bastingage et son hublot, l’édifice qui s’élève face à la mer adresse un clin d’œil aux paquebots de la Compagnie Générale Transatlantique qui assuraient à cette époque la liaison avec New York. En longeant le boulevard Clémenceau puis le boulevard Albert 1er, vous pourrez repérer d’autres exemples d’immeubles Art déco aux lignes épurées et aux décors géométriques teintées d’influences maritimes. Ils illustrent le destin d’une cité résolument tournée vers la mer.

Inauguré en 1904, l’immeuble est une commande du père du peintre Georges Braque à William Cargill, prolifique architecte havrais. Il témoigne de l'intérêt croissant des classes aisées pour habiter face à la mer. La construction du boulevard Maritime à la fin du 19e siècle facilite le développement urbain de ce secteur. La façade de l'immeuble est typique d'un style à la mode au tournant du 19e siècle, l'Art nouveau qui s’inspire du végétal et privilégie la ligne courbe. Observez notamment les chapiteaux sculptés qui ornent les colonnes de la porte d’entrée, les ferronneries en « coup de fouet » de la grille et des balcons ou encore les céramiques ornementales. En réaction à cette esthétique, se développe durant l’entre-deux-guerres, l'Art déco revient aux formes géométriques et aux organisations symétriques.

Edifiée par l’architecte Henri Toutain pour Louise de Aldecoa en 1890, cette villa prend place sur un terrain en pente au bord d’un tout nouveau boulevard construit le long de la plage. Agrémentée de grottes artificielles et d’un jardin d’hiver, l’imposante demeure balnéaire en brique rouge et blanche est l’une des dernières à témoigner des nombreuses villas qui ponctuaient le front de mer avant la seconde guerre mondiale. Un temps propriété de Georges Dufayel, promoteur du quartier du Nice-Havrais que vous découvrirez plus tard, la villa est acquise à la fin des années 1930 par l’écrivain havrais Armand Salacrou. L’auteur de "Boulevard Durand" et "Les Fiancées du Havre" y passe les vingt dernières années de sa vie.

Très en vogue durant la seconde moitié du 19e siècle, les estacades en bois implantées sur le front de mer attestent du développement de la station balnéaire de Sainte-Adresse et de la mode des bains de mer à l’instar des cabanes installées sur la plage. Promeneurs, baigneurs et sportifs remplacent progressivement pêcheurs et ramasseurs de galets. Au pied du palais de Régates, cette estacade permettait d’observer, sans avoir à marcher sur les galets, les mouvements des bateaux entrant et sortant du port, ainsi que les courses et autres évènements nautiques organisés par la Société des régates du Havre. Pour les plus courageux, elle servait à marée haute de plongeoir. Source d’inspiration pour les artistes de passage à Sainte-Adresse, le site est notamment immortalisé par Raoul Dufy. Vous pouvez retrouver quelques-unes de ses œuvres dans les collections du MuMa et des reproductions sur les panneaux émaillés situés le long de la promenade.

Entre la falaise et la mer, à l'écart des habitations, vous êtes arrivé "au bout du monde" ! Le site ainsi surnommé correspond au cap de la Hève, à la pointe ouest du pays de Caux. A cet endroit, les falaises côtières de la Manche se caractérisent par la couche d’argile qui surmonte la craie et la présence d’un talus généré par l’affaissement progressif des sédiments. Leur physionomie se distingue des falaises blanches aux parois quasi verticales qui, entre le cap d’Antifer et Bénouville, ont fait la réputation de la Côte d’Albâtre et d’Etretat. L’ensemble de ce paysage exceptionnel abrite de nombreuses espèces animales et végétales protégées. Au sommet du cap de la Hève, vous apercevez le sémaphore, le phare et quelques vestiges du mur de l’Atlantique. Côté mer, le ballet incessant des navires rappelle l’importance du port du Havre tandis qu’au loin, se dessine par temps clair la Côte Fleurie du Calvados.

Le boulevard où vous vous trouvez porte le nom du créateur du quartier du Nice-Havrais au début du 20e siècle : Georges Dufayel. Propriétaire d’un grand magasin parisien, il achète un vaste terrain à Sainte-Adresse avec l’objectif de concurrencer la station balnéaire de Deauville. L’aménagement est confié à Ernest Daniel qui préconise le recours à des architectes pour la construction des maisons. Si plusieurs villas ont été détruites durant la seconde guerre mondiale, le quartier a conservé son identité balnéaire avec un ensemble de constructions arborant des styles variés, du néo-normand au contemporain. Parmi les plus remarquables, la villa "La Coiffe" au numéro 58. Construite en 1938 par Henri Daigue pour lui-même, elle tire son nom de sa très haute toiture en tuile plate. La cigogne de l’épi de faitage évoque l’Alsace dont la femme de l’architecte était originaire. Au numéro 38 de la rue du roi Albert, vous trouverez la villa Art nouveau "Les Baigneuses" édifiée en 1908 par Edouard Choupaÿ. Les céramiques, signées Othon Friesz, qui décoraient ses balconnières sont aujourd’hui conservées au MuMa.

L’immeuble Dufayel, construit entre 1909 et 1911, dans un style néoclassique, s’inspire des palaces des plus prestigieuses stations balnéaires. Aux côtés du Palais du Commerce ou du Palais des régates, cet hôtel devait compléter les équipements de standing du Nice-Havrais. Il est le seul rescapé des bombardements de la seconde guerre mondiale. Transformé en cours de construction en immeuble d'habitation de grand luxe, il accueille le gouvernement belge en exil durant la Grande guerre. Vestige de cette période, la boîte aux lettres belge qui se trouve devant l'entrée. Gravé sur son fronton, le nom du nouveau quartier fait référence à l’exposition plein sud du site qui favorise l’épanouissement d’une végétation luxuriante évoquant celle de la côte méditerranéenne.

Formée de deux tours de 13 étages et deux immeubles bas, la Porte Océane constitue pour les navires la porte symbolique de la cité. Véritable mise en scène du rapport de la ville à la mer, elle scande la pointe ouest du triangle monumental. Visant la réalisation de plus de 250 appartements de grand confort, le chantier permet de comparer l’efficacité de deux méthodes de construction : l’une regroupant des éléments préfabriqués dans une structure poteau-poutre réalisée sur place (partie sud), l’autre composée d’éléments usinés à distance par l’entreprise Monod (partie nord). Dessiné par Auguste Perret et deux membres de l’Atelier (André Hermant et Jacques Poirrier) entre 1946 et 1951, l’ensemble est achevé en 1955.

Artère majeure centre-ville reconstruit, l'avenue Foch est pour Auguste Perret "les Champs-Elysées du Havre". Son positionnement entre l’hôtel de ville et la mer, ses dimensions (80 m de largeur pour 700 m de long) et la qualité d’exécution des immeubles qui la bordent lui confèrent effectivement une semblable monumentalité. C’est aussi un trait d’union entre la ville neuve et son passé : au rez-de-chaussée de chaque îlot, à proximité des entrées, des bas-reliefs évoquent les architectes, scientifiques, industriels ou écrivains qui ont contribué au rayonnement du Havre. Au n°34 de l’avenue, sur l'îlot V2 dit "maison de l'industrie", vous pouvez observer deux bas-reliefs de Marcel Adam illustrant la prospérité industrielle du Havre. Celui orné d’une coque de bateau en chantier honore la mémoire de Michel Nillus, Augustin Normand et François Mazeline, trois grandes figures de la construction navale havraise.