Les vieilles pierres et leurs trésors

Nous nous trouvons dans l’ancienne cité médiévale de Bouvignes. Promène-toi un petit peu en empruntant les ruelles étroites… Il y a des siècles, c’était une ville relativement puissante. A ton avis, comment peut-on le savoir aujourd’hui ? En se plongeant dans les livres ? Sûrement… En allant poser des questions aux villageois ? Qui sait… En fouillant dans les vestiges de l’ancienne forteresse tout au-dessus du rocher à la recherche d’un morceau de parchemin? Peut-être… Mais comme tu es ici pour seulement quelques heures, une autre méthode existe : l’observation. En regardant bien autour de toi, sur la place du village et dans les ruelles étroites, tu remarqueras que ces maisons sont fort serrées les unes aux autres et qu’elles sont toutes construites avec de la pierre bleue. Si elles avaient été construites récemment, elles seraient composées de briques rouges et les architectes auraient conçu de grandes demeures bien espacées pour laisser passer les voitures, tu ne crois pas ? En parlant de routes, tu remarqueras aussi qu’elles sont faites de pavements en pierre, rien à voir avec le bitume sur la nouvelle route en bas. On dit que Bouvignes était une riche cité médiévale. A quoi le voit-on? A la grandeur et au prestige des lieux, bien sûr ! Place-toi au milieu de la grande place et cherche deux bâtiments « grands et beaux ». - La Maison espagnole (au milieu de la place) - L’église Saint-Lambert (au-dessus de la place) La Maison espagnole a été construite il y a presque cinq siècles. Tu te demandes sûrement pourquoi on l’appelle « Maison espagnole ». Car aux XVIe et XVIIe siècles, à l’époque de sa construction, le roi d’Espagne dirigeait régnait sur les territoires de l’actuelle Belgique. Cette grande maison a toujours appartenu à un riche bouvignois. Aujourd’hui, c’est la « Maison du patrimoine médiéval mosan ». En t’y rendant, tu peux en apprendre plus sur l’histoire de la Meuse et de ses habitants à l’époque du Moyen-Age.

L’église est plus vieille encore. Elle date du XIIIe siècle. Ca fait presque mille ans. Impressionnant non ? A l’intérieur, il y a de nombreux trésors en bois, en verre, mais également en métal (du cuivre et/ou de l’étain). Cherche dans l’église les objets créés à partir de ce métal. Un indice : ils ont une couleur dorée. Tu trouveras au moins deux chandeliers, un pupitre en forme d’aigle, un lustre, le couvercle du baptistère (la petite baignoire dans laquelle on baptise les nouveau-nés) … On appelle ces œuvres de la dinanderie, du nom de la ville de Dinant toute proche. Pourquoi cela ? Car les artisans dinantais étaient les meilleurs dans l’art de façonner ce métal. L’un d’entre eux était d’origine bouvignoise et a laissé sa trace dans l’église : sa plaque funéraire y est accrochée. Cherche-la ! Elle a la forme d’un grand poster rectangulaire, couleur or ! Tu n’as pas trouvé ? Encore un indice : regarde près de la porte d’entrée. Le dinandier s’appelait Antoine de Nassogne et a vécu aux XVe et XVIe siècles. Un petit dessin sur la plaque confirme son statut de dinandier. Lequel est-ce ? Pas l’ange, ni le casque… Un petit chaudron ! Et oui, les dinandiers ne confectionnaient pas que des beaux objets pour les églises, ils pouvaient aussi créer des grandes casseroles pour la cuisine par exemple. Il est temps de laisser Bouvignes derrière soi pour se rendre dans la ville qui a donné son nom à la dinanderie : Dinant !

Tu es arrivé à Dinant, une ville millénaire construite juste au pied d’une falaise. Place-toi au milieu du pont aux saxophones et observe le paysage. Si tu regardes vers le nord, tu pourras apercevoir Bouvignes au loin. Pendant des siècles, ces deux villes étaient des ennemies jurées. Cela a provoqué la destruction totale de Dinant il y a plus de cinq cents ans. Imagine toutes les maisons incendiées, détruites, les hommes et les femmes fuyant la violence des soldats. Mais de vaillants habitants sont restés. Pour se défendre d’autres invasions, ils ont réaménagé la citadelle. Tu peux l’admirer si tu lèves les yeux : elle se trouve juste devant toi, au-dessus de l’église, ou pour être plus précis, au-dessus de la collégiale. La ville a connu d’autres combats et d’autres défaites… Mais la citadelle est toujours là. Une collégiale, une église… Tu dois sûrement te dire que tout cela revient au même. Eh bien non.La collégiale de Dinant a été, durant des siècles, occupée par des chanoines. Ces chanoines sont en quelques sortes des moines. Sauf qu’eux, ils ne restent pas enfermés dans leur monastère, ils participent à la vie de la cité et certains vivent même dans des petites maisons séparées. Si tu avais vécu à Dinant il y a cinq cents ans , tu aurais peut-être eu un de ces religieux comme voisin. Ils avaient pour tâches d’assister aux messes et de prier pour les Dinantais. La collégiale est connue de tous pour un détail particulier. Lequel est-ce ? Un indice : regarde au-dessus de la tour… Oui… cette forme ronde… C’est un bulbe! Le fameux bulbe de Dinant. As-tu déjà vu d’aussi grands bulbes sur la tour d’une église ? Celui-ci est le symbole du martyre de la ville. « Martyre » car comme tu le sais maintenant, Dinant a été de nombreuses fois détruites par des troupes ennemies. Regarde autour de toi, tu verras d’autres bulbes, plus petits cette fois.

Il est temps d’aller voir ce qui se cache dans la collégiale. En te promenant à l’intérieur, tu peux remarquer des éléments à présent familiers : les chandeliers en dinanderie ou encore le couvercle des fonts baptismaux. Il y a un autre trésor : le buste en argent de saint Perpète. Cherche-le. De loin on pourrait croire qu’il s’agit de saint Nicolas. Saint Perpète est le patron de la ville de Dinant. Il a vécu au VIIe siècle, il y a donc plus de 1000 ans ! Cette sculpture en argent est un reliquaire. Il y a donc des reliques conservées à l’intérieur, c’est-à-dire des restes humains, comme par exemple des os. Au Moyen-Age, les croyants pensaient qu’en venant prier devant les reliques d’un saint, ils pouvaient obtenir ses faveurs : la guérison d’un ami, une bonne récolte pour le blé, la paix avec la ville de Bouvignes, l’ennemie de l’époque... Pour terminer, retourne-toi et admire l’énorme fenêtre colorée. Cette verrière est composée de nombreux vitraux représentant la vie de la Vierge Marie, la mère de Jésus. Cherche la scène la plus connue : la crèche où dort Jésus dans un berceau de paille, entouré de ses parents et des animaux de la ferme. Auparavant, Dinant était un haut lieu de pèlerinage pour le culte marial (à la Vierge Marie). Il est temps d’aller se désaltérer et de manger un petit bout pour reprendre des forces. Que dirais-tu d’une couque de Dinant ? C’est un biscuit très dur fait de farine et de miel, une spécialité de la ville. Flâne dans la rue, tu verras bien vite une boulangerie « spéciale couques ». Il y en a de toutes les formes : des petites, des grandes, des rondes, des plates, … Elles peuvent représenter des paniers de fruits, des chiens, des poissons… Certaines représentent même la ville de Dinant, on dirait de véritables gravures. Bref, il y en a pour tous les goûts ! Bon appétit !