Balade sonore - Découverte de Petersbach

Cet édifice est le plus ancien du village, il témoigne ainsi de son histoire et de son chemin à travers les siècles. Attestée au XVe siècle, il est probable que cette église remonte au XIIe ou XIIIe siècle en raison de certains détails architecturaux. Cette église dédiée à saint Pierre fut modifiée suite à l’introduction de la Réforme en 1530. Au XVIIe elle connut de nouvelles modifications suite à la Guerre de Trente ans. Puis, elle fut agrandie au XVIIIe pour pouvoir accueillir les catholiques, lorsqu’elle devint église simultanée en 1747 (et ce jusqu’en 1866). Au cours du XIXe siècle, l’église devient trop étroite pour accueillir l’ensemble des fidèles, catholiques et protestants. La décision est donc prise de construire une nouvelle église dédiée aux protestants, et ce dès 1848. Cependant, les coûts d’un tel chantier ne pouvaient être couverts par la commune. Il fut donc convenu entre les paroissiens d’établir une liste de souscriptions volontaires. 29 paroissiens se réunirent autour de cette cause et rassemblèrent près de 10 000 francs. L’année 1848 marque le coup d’arrêt du projet lorsque le roi Louis Philippe se voit détrôné et que la République est proclamée. Une quinzaine d’années plus tard, le projet est repris. La nouvelle église est alors financée et construite en grande partie par les paroissiens eux-mêmes. Son inauguration a lieu le 18 novembre 1866 et marque la fin du simultaneum à Petersbach. Après la construction de la nouvelle église dédiée au culte protestant, l’ancienne église Saint Pierre et Paul est attribuée aux catholiques. Des réparations et un agrandissement sont nécessaires ; surtout au niveau du portail d ‘entrée qui porte d’ailleurs la date de 1867 sur son tympan. A l’intérieur, l’église abrite une très belle sculpture. Il s’agit d’une statue en bois polychromé et doré de la Vierge à l’Enfant datant du début des années 1500. Son bon état de conservation nous permet d’en apprécier la qualité et les couleurs. Pour découvrir l'église protestante, poursuivez votre visite du village en suivant le circuit!

Le village de Petersbach conserve près de 90 maisons anciennes représentatives de l’habitat rural de l’Alsace Bossue aux XVIIIe et XIXe siècles. Les maisons au crépi moulé coloré caractéristique de l’habitat des villages de Hanau- La Petite Pierre, possèdent encore pour la plupart un encadrement de porte en grès sculpté antérieur à 1870. Comme dans de nombreuses communes de Hanau-La Petite Pierre, des maisons agricoles à Schopf subsistent à Petersbach. Situées en retrait par rapport aux rues principales, ces maisons conservent encore leur Schopf, certains se détériorent quand d’autres sont convertis en garage ou en remise. L’aspect traditionnel des maisons a été conservé, avec alternance de logis à un étage carré, en retrait, et débord de Schopf devant la porte de l’étable, et constructions en rez-de-chaussée. Les maisons plus riches affichent une façade gaufrée appelé Waffelputz. Ce crépi percé de trous imitant la brique aurait été introduit dans notre région par des immigrés italiens. La porte d’entrée, située au centre de l’habitation et souvent surélevée, est un support privilégié d’ornementation. L’encadrement est décoré de motifs divers en relief : draperie, losange, guirlandes, branchages, fleurs, bouquets ou emblèmes de métier. La date et le nom du propriétaire y figurent également. Ainsi, les encadrements de porte dévoilent l’histoire de ces maisons. Empruntez la rue de la Division Leclerc et la rue principale pour découvrir de beaux exemples d'architecture rurale. Au sein des ces maisons se pratiquait souvent la distillation, Louis et Bernard vous en parlent :

Le 19 juillet 1870, Napoléon III déclare la guerre à la Prusse. Moins d’un mois plus tard, l’armée allemande sort vainqueur de la bataille du 6 août 1870 au nord de l’Alsace, sous le haut commandement du prince héritier de Prusse, Frédéric-Guillaume. C’est à Petersbach qu’il établit son quartier général pendant trois jours. L’empereur est accueilli chez Gustave Zielinger au n°49 de la rue de la Division Leclerc. Sa présence y est attestée par les dates 10 – 11 – 12 août gravées au-dessus d’une porte de la maison. L’empereur prussien fut très touché par l’accueil qu’il reçut à Petersbach et par la gentillesse de son hôte. Ainsi, quand la commune manqua d’argent pour couvrir les dépenses d’un orgue pour la nouvelle église protestante, Frédéric-Guillaume s’en chargea. A sa mort en 1888, son fils aîné fit don à Petersbach d’un portrait de l’empereur. Aujourd’hui, ce portrait veille sur la salle de réunion du conseil municipal.

Tout en admirant les différents encadrements de porte en grès qui vous entourent, apprenez-en davantage sur l'histoire des carrières du village : Les premières traces d’une carrière proche du village remontent à 1540, au lieu-dit Kapschitt. En 1663, après la guerre de 30 ans, une deuxième carrière est recensée. Cette période marque un tournant dans l’exploitation du grès. En effet, les immigrés qui arrivent pour repeupler le village souhaitent des maisons construites en pierres plutôt qu’en bois comme c’était le cas autrefois. Ainsi, progressivement, la pierre qui était surtout présente au niveau des encadrements de porte, devient l’élément principal des nouvelles constructions. Malgré cette évolution, l’exploitation du grès ne progresse pas en raison des difficultés de transport pour acheminer la pierre vers d’autres régions. L’activité des carrières se développe au début du XIXe siècle avec la nomination du préfet Adrien Lézay-Marnésia. Dès 1841, il accélère la construction des routes qui permet ainsi le développement de l’extraction du grès. A la fin du XIXe siècle, la construction de la ligne de chemin de fer Mommenheim-Sarreguemines donne un nouvel élan aux carrières qui connaissent leur apogée ; l’exportation étant désormais facilitée. En 1927, Petersbach compte une cinquantaine d’ouvriers employés dans les carrières. Louis Zimmermann, habitant du village, a longtemps exercé le métier de tailleur de pierres dans les carrières à une époque où tout se faisait encore à la main. Écoutez son témoignage sur sa carrière professionnelle :

Cette adresse, où se tenait également un restaurant en 1944, joua son rôle dans la libération du village. Jean-Jacques Miller nous raconte la libération de Petersbach en novembre 1944 : C’était le 21 novembre 1944 vers 11 heures 30 du matin ! Alfred WEHRUNG avait remplacé mon père Ernest MILLER, enrôlé de force dans la Wehrmacht, comme secrétaire de mairie. Comme presque tous les jours, il me remit le courrier à faire signer par le Bürgermeister Fritz ZIELINGER. Arrivé devant le restaurant, je vis Monsieur ZIELINGER devant sa porte, recevant les adieux d’un soldat allemand, le fusil en travers dans le dos et claquant des bottes sur le sol avec un bruyant « Heil HITLER ! Herr Bürgermeister ! ». Le soldat allemand descend les marches d’escaliers, actionne son side-car et se dirige vers la Petite-Pierre alors qu’un sifflement traverse l’air devant nous et Monsieur ZIELINGER crie « Löj e mol wie der e Salto schlad » en me montrant le soldat éjecté de son side-car en bout de la rue principale ! Le temps de le dire, une espèce de char sur pneus passe devant nous, suivi d’un autre véhicule (une jeep) qui s’arrête devant le restaurant. Un soldat avec des barrettes à la boutonnière et insignes aux épaulettes descend, saute quatre à quatre les marches et salue Monsieur ZIELINGER dans un langage inconnu de ma part et les deux s’étreignent et pleurent à chaudes larmes pendant que je me fais gentiment renvoyer par eux ! Quelques jours plus tard, Monsieur ZIELINGER me donne les explications : « Le capitaine (COMPAGNON) était l’élément précurseur des troupes du Général LECLERC. Ils m’ont remercié pour les précieuses informations que je leur ai transmises quant aux déploiements et retraits des troupes allemandes et les nouvelles autorités m’ont confirmées dans mes fonctions de maire de Petersbach. ». Dans l’après-midi, j’ai assisté depuis ma chambre à l’école, au mitraillage d’un camion allemand venant de Struth et essayant de rejoindre La Petite Pierre. Une femme et deux soldats allemands étaient tués. Les corps déposés dans l’école, ont été inhumés au cimetière communal, le femme couchée dans un cercueil. C’étaient les premiers morts que j’ai vu…dans ma vie de petit garçon !... Louis vous parle également de la seconde guerre mondiale :

Vous vous trouvez actuellement devant la plus ancienne maison du village qui porte sur le linteau de la porte le millésime de 1725. Observez attentivement son architecture : un premier niveau fait de moellons recouverts de crépi puis des colombages aux étages et une haute toiture à double pan qui coiffe le tout. Avez-vous remarqué la grande colonne en grès au coin du pignon? Celle-ci porte la date de 1752...pourquoi cette date? Les deux derniers chiffres ont-ils été inversés par les bâtisseurs de l'époque? En tout cas, nous savons qu'au pied de cette colonne se trouvait un puits jusqu'au milieu du XXe siècle. A l'extrémité de la galerie en bois, faisant le coin avec le pignon arrière devaient se trouver les latrines recouvertes de bardeaux. Enfin, à l'arrière de la cour se situaient les écuries.

Pendant près d’un demi-siècle, l’Alsace fut allemande (1871-1918), cela eu un impact sur les populations et notamment sur l’école. Dès 1871 la loi allemande fut appliquée, elle rendait l’école obligatoire, de 6 à 14 ans pour les garçons et de 6 à 13 ans pour les filles. Lorsque l’Alsace redevint française au lendemain de la première guerre mondiale, les enfants ont du apprendre le français. Difficile pour ces jeunes gens qui parlaient le dialecte ou l’allemand depuis leur plus jeune âge ! C’est ainsi que Mme Langweil, une patriote d’origine alsacienne, mit en place le Prix Langweil qui devait récompenser toutes les écoles qui faisaient des efforts d’apprentissage de la langue et de la culture française en Alsace-Moselle. Entre les deux guerres, elle remettait tous les 14 juillet le prix aux écoles sous formes de livres. Le 14 juillet 1951, les écoles de Petersbach obtiennent le Grand prix de français ou Prix Langweil ; c’est l’occasion de faire la fête au village ! Écoutez le témoignage de Louis Zimmermann, né en 1927, qui a vécu cette période d’entre-deux guerres :

L’Alsace a toujours connu des vagues d’émigration mais le XIXe siècle est particulièrement marqué par de nombreux départs. Ces mouvements migratoires ont engendré la formation de plusieurs communautés d’origine alsacienne à travers le monde. L’Alsace compte trois grands foyers d’émigration : l’Algérie, les pays de l’Est et la Russie, et les États-Unis. Au cours de la première moitié du XIXe siècle, Petersbach connaît un exode massif vers le continent américain. Selon un recensement réalisé par l’État français pour la période de 1828 à 1837, 53 personnes ont quitté la commune. En 1847, la famille Brumm quitte Petersbach pour les Etats-Unis. Pierre Brumm, son épouse Salomé Scherer et 10 de leurs 11 enfants les accompagnent. Leur fille aînée Louise, reste au village avec son mari et sa fille ; elle rachète la maison de ses parents au 25, rue principale. Pierre et ses fils vendent leurs terres mais gardent avec eux leurs scies et haches car, selon certains déjà arrivés sur le nouveau continent, cela manquait là-bas. Toute la famille fit d’abord le voyage jusqu’au port du Havre puis embarqua pour une longue traversée jusqu’à Newark dans l’État du New Jersey. Ils foulèrent pour la première fois le sol américain le 1er octobre 1847. Suite à un accident parvenu à bord, l’une des filles fut blessée. Ainsi la famille resta pendant une année à Newark en s’occupant à travailler en tant que serveur, charron, fermier, couturière…Un an plus tard, les Brumm rejoignait le Lac Michigan puis s’installait dans une région à la frontière entre l’Ohio, l’Indiana et le Michigan. Les fils de Pierre y sont devenus fermiers, propriétaires de terres et y développèrent leurs cultures. Cette famille était très soudée, ainsi il était pénible pour Louise, restée à Petersbach, comme pour le reste de sa famille d’être si loin les uns des autres. Dans une lettre à sa fille, Salomé écrit « Louise une dernière fois je voudrais revoir Petersbach. Mais notre vie est désormais ici. ». Aujourd’hui encore ces petersbachois demeurent sur le sol américain : Pierre Brumm repose à Galen dans le comté de New York et son épouse Salomé à Nashville, Michigan.

Dans la première moitié du XIXe siècle, une brigade de gendarmerie à cheval et une prison sont présentes à Petersbach. Cette prison ou dépôt de sûreté se situe sous le même toit que la maison d’école jusqu’en 1832, au Mitteldorf, au n°25 de la rue principale. Sur les 17 dépôts de sûreté du Bas-Rhin, seul celui de Petersbach appartenait au département, les autres appartenaient à la commune. Peu de documents nous renseignent sur cette prison. On suppose que la construction a été entreprise après 1804. Des premiers documents relatifs à la prison se rapportent à des travaux de maçonnerie et de serrurerie en 1817. Les registres d’inscription des prisonniers nous indiquent leur provenance : cantons de La Petite Pierre et Drulingen mais aussi le reste de l’Alsace et de la Lorraine. Les détenus de longue peine ne faisaient que transiter par Petersbach pour être ensuite transférés dans des prisons plus grandes comme celles de Saverne, Haguenau ou Metz. Les délits de condamnation étaient multiples : désertion de l’armée, rébellion contre les agents forestiers dans l’exercice de leur fonction, vol de cerises (6 mois), vol de lard et vagabondage (6 mois), vol de récolte dans les champs et contrebande de tabac (1 an), recel d’objets volés (10 ans de travaux forcés), infanticide (travaux forcés à perpétuité). Les conditions d’incarcération étaient très mauvaises. Les prisonniers occupaient une pièce de 5m2 sans séparation entre les hommes et les femmes. Malgré quelques travaux, la décision est prise de construire une nouvelle prison. Celle-ci est donc fermée puis vendue.

Vous vous trouvez ici devant l'ancienne coopérative laitière de Petersbach, créée le 23 août 1933. A ses débuts, elle comptait 97 membres ; ce nombre augmenta au fil du temps pour atteindre un pic de 164 membres au lendemain de la Seconde Guerre Mondiale en 1948. Tous les jours, les agriculteurs venaient livrer leur lait ; la coopérative gardait la crème et le petit lait était repris par le producteur. Ce fut ainsi jusqu'en 1973 ; année à partir de laquelle les agriculteurs durent livrer du lait entier. Avec la crème on fabriquait sur place du beurre jusqu'en 1952, une grande partie était vendue en Lorraine. Progressivement, le déclin du nombre d'agriculteurs a entraîné la chute de la laiterie qui ne comptait plus que 32 producteurs en 1974. Alors qu'il ne restait plus qu'un dizaine d'agriculteurs au village, la laiterie ferma ses portes le 31 décembre 1984. Louis et Bernard vous parlent de l'agriculture à Petersbach et de cette laiterie :

L'eau a toujours eu une grande importance dans la vie des villages, et Petersbach ne fait pas exception! Plusieurs fontaines ont vu le jour au fil du temps ; ici découvrez la fontaine du Stroheck. Au milieu du XIXe siècle, l'eau commence à manquer au village ; les fontaines et les puits existants ne fournissent pas assez d'eau pour l'usage quotidien ni en cas de sinistre. Ainsi, le conseil municipal décide en 1848 de capter une source au canton dit Nachtweid et de ramener l'eau jusqu'au lieu-dit Stroheck, à l'emplacement de l'actuelle fontaine que vous voyez devant vous. Les travaux sont réalisés au cours de l'année 1849. Plus tard, d'autres fontaines ont fit leur apparition pour permettre à tous les habitants de s'y rendre aussi bien pour laver leur linge que pour abreuver leurs bêtes. Écoutez cet habitant vous parler des fontaines du village: