Balade sonore - Découverte de Tieffenbach

L’eau a été un critère important dans le choix de l’installation du village. En 718, le noble Chrodoin fait don à l’abbaye de Wissembourg du village qu’il fait édifier au confluent des rivières du Tieffenbach et de l’Eichel. La première mention de l’Eichel date de 713 sous le nom d’Aquila. Cette situation en fond de vallée a contraint les habitants à adapter leurs maisons au terrain en très forte pente. Cet emplacement présentait des atouts et des inconvénients : l’eau était une denrée précieuse qui permettait d’abreuver les animaux, laver le linge, se rafraîchir, pêcher… ; ce fond de vallée était par ailleurs un frein à la circulation des hommes et des marchandises. L’enclavement du village l’éloignait des villes et des nœuds de communication. Un poste de droit de passage existait à Tieffenbach depuis 1701 selon un document ; mais il était sûrement plus ancien. La route qui traversait le village était peu fréquentée, elle était surtout empruntée par des locaux. Ce « péage » devait se situer au niveau de la digue de l’étang de Tieffenbach car c’est le seul endroit où l’on pouvait traverser l’Eichel à sec. Cette digue rythmait la vie du village : l’étang qu’elle formait permit le développement de moulins et d’une forge. Ce point de passage, qui ne rapportait pas beaucoup d’argent aux seigneurs de La Petite Pierre, fut supprimé suite à l’arrêt du 4 février 1767 résultant d’un contrôle sur la légitimité des postes. A la fin du XIXe siècle, la voie ferrée qui relie Strasbourg à Sarreguemines, scinde le village en deux : sur la rive droite de l’Eichel se trouve la majorité des habitations. Le chantier de la voie ferrée emploie beaucoup d’hommes, locaux et étrangers, en tant que maçons ou tailleurs de pierre. Ces ouvriers étrangers, venus de Suisse et d’Italie, ont impulsé un certain dynamisme au village en logeant sur place. La gare fut inaugurée le 1er mai 1895 lors de l’ouverture de la section de la voie ferrée Mommenheim – Kalhausen. Écoutez cet habitant parler de l'étang qui parcourait le village il y a bien longtemps :

En parcourant les rues de Tieffenbach vous découvrirez certaines maisons anciennes datées des XVIIIe et XIXe siècles aux décors sculptés dans le grès. Le vestige daté le plus ancien est une clé d’arcade datée de 1724 décorée d’un emblème de meunier. A l’origine elle ne figurait pas sur cette maison, il s’agit d’un réemploi qui provient de l’ancien moulin de Tieffenbach, aujourd’hui disparu. En poursuivant votre balade, prêtez attentions aux points d’intérêts « Habitat » pour en découvrir encore davantage sur les décors des maisons du village. Georgette nous parle du mode de vie des habitants du village au milieu du XXe siècle :

Vous vous trouvez ici devant l’ancienne maison d’un journalier-exploitant dont l’architecture reflète l’adaptation au terrain en pente. Comme pour la plupart des maisons les plus anciennes, le décor est ici concentré sur l’encadrement de la porte d’entrée du logis. L’habitat et son décor étaient souvent le reflet de la richesse et du statut du commanditaire. Au XXe siècle, l'agriculture était beaucoup pratiquée dans le village, écoutez Roland vous en parler :

A partir de la fin du XVIIIe siècle, on assiste à un renouvellement du répertoire décoratif, les tailleurs de pierre des Vosges du Nord s’inspirent des nouvelles modes d’inspiration néoclassique. C’est ainsi qu’en 1821 un nouveau style voit le jour à Tieffenbach. Ce style se caractérise par des décors de plus en plus foisonnants et une grande liberté dans le choix des motifs. Les thèmes de l’art populaire sont alors mêlés à ceux propres au vocabulaire néoclassique. Sur cette maison sans étage, observez le décor composé de médaillons ovales et de losanges. Le linteau (la partie située au-dessus de la porte) est divisé en cinq cartouches ornés avec au centre la date d’édification de la maison : 1841.

A cette adresse, observez un encadrement de porte néoclassique de 1821 qui marque la naissance de ce nouveau style aux formes multiples et diversifiées. Ce décor fut réalisé pour un cultivateur du nom de Nicolas Blessing.

Cette maison fut édifiée en 1807 pour le cultivateur Peter Stutzmann. Le pourtour de la porte est décorée d’un encadrement mouluré d’inspiration baroque, c’est le type d’encadrement de porte le plus ancien à Tieffenbach et le plus courant. La moulure est utilisée comme élément principal de décor. Cette maison illustre également l’arrivée de nouvelles modes décoratives à la fin du XVIIIe. Les motifs changent et deviennent plus importants. La façade sur rue des maisons se dote d’un soubassement en pierres de taille, de bandeaux d’étage, d’une corniche sous toiture, d’une chaîne d’angle « droite » et d’une chaîne de séparation entre le logis et les dépendances. Ici, en plus du décor de l’encadrement de porte déjà évoqué, on remarque un soubassement en pierres de taille, un bandeau à hauteur des appuis de fenêtre, une chaîne d’angle et des allèges sculptées. L’allège se compose de panneaux encadrant une tulipe plantée dans un cœur.

Georgette est née au début des années 1930, quand elle était enfant elle allait dans la forêt pour cueillir des fruits et ramasser du bois ; écoutez-la parler de cette période de sa vie :

Tout comme au 115, rue de la côte, observez ici un encadrement de porte mouluré, il date de la fin du XVIIIe siècle ou du début du XIXe. Le décor y est riche et diversifié. Au-dessus de la porte une inscription encadre trois motifs : une cruche, un gobelet et une miche de pain, qui nous renseignent davantage sur le commanditaire, Philippe Georges Wildermuth qui tenait une auberge. Le choix et l’emplacement des motifs décoratifs et symboliques varient selon les modes, les envies du commanditaire et les savoir-faire des tailleurs. L’encadrement mouluré se maintient en Alsace Bossue jusque vers 1820 mais à Tieffenbach il perdure jusqu’à la seconde moitié du XIXe siècle.

A l’origine Tieffenbach était une paroisse catholique. Après l’introduction de la Réforme par les comtes de La Petite Pierre, Tieffenbach est mentionné en 1561 comme paroisse protestante. En 1598, l’édit de Nantes, promulgué par le roi de France Henri IV ; met fin aux guerres de religion en accordant notamment des droits de culte, droits civils et droits politiques aux protestants. Suite à sa révocation en 1685 par Louis XIV, de nombreux protestants viennent se réfugier dans le comté de La Petite Pierre. Le village presque décimé après la guerre de 30 ans, est alors une filiale de la paroisse de Waldhambach. Ce n’est qu’en 1730 que Tieffenbach retrouve sa paroisse et ses filiales que sont Weislingen, Hinsbourg, Frohmuhl et Struth. Il faut attendre le début du XVIIIe siècle pour que des catholiques s’établissent à Tieffenbach. En quelques années le nombre de familles catholiques augmente ; avec le nombre requis de sept familles, le simultaneum est instauré dans l’église du village le 24 août 1738. Le chœur de l’église est alors réservé aux catholiques. L’église actuelle dédiée à Saint-Barthélemy date de 1741, année où une reconstruction fut décidée suite à l’état de l’ancienne église qui se détériorait. En raison du terrain en forte pente, il a fallu trouver une solution pour la construction. Pour soutenir l’église et le terrain du cimetière, un mur en pierres sèches et des contreforts furent installés. Par endroit, le mur pouvait atteindre jusqu’à 6 mètres de haut ! Suite à des inondations qui entraînèrent des glissements de terrain et l’effondrement d’une partie du mur ; la décision fut prise de réaliser un ouvrage pour soutenir les fondations de l’église tout en retenant la poussée de la pente. Le 5 juin 1887 l’avancée de toit de l’église s’écroule et ce n’est qu’en 1924 qu’un nouveau clocher est installé. Cette église accueillait les protestants et les catholiques jusqu’en 1925, date d’édification de la nouvelle église protestante. Empruntez la rue des Eglises pour découvrir l’église protestante. Roland nous parle des églises du village :

Se présente ici une autre variante de l’encadrement de porte, largement diffusée en Alsace Bossue, qui utilise le cartouche comme décor principal. L’encadrement néoclassique que vous voyez est l’un des plus anciens de cette variante décorative, il fut réalisé en 1821 pour le tisserand Peder Eber.

Pendant longtemps, l’église protestante (actuelle église catholique) fut l’unique lieu de culte du village qui servit également de simultaneum ; c’est-à-dire que protestants et catholiques partageaient le même lieu de culte. En 1887, le clocher en bois de l’édifice s’effondre et entraîne la construction d’une nouvelle église dédiée aux protestants, à l’emplacement des fondations des anciennes étables du presbytère, en 1925. Son architecture présente des particularités liées au terrain : son clocher latéral et son entrée décalée sur le côté en raison de la pente. Elle a été conçue par le pasteur Edouard Berron et l'architecte strasbourgeois Frey. Les cloches de cette nouvelle église ont été inaugurées le dimanche 10 mai 1925.

Aujourd’hui vous pouvez apercevoir au-dessus de la départementale 78 le cimetière actuel de Tieffenbach ainsi qu’un cimetière plus ancien. Leur histoire est ancienne et complexe. La paroisse catholique de Tieffenbach date de 1334, elle est formée des villages alentours. De ce fait, tous les défunts sont enterrés à Tieffenbach, dans le petit cimetière situé autour de l’ancienne église (actuelle église catholique). A partir du XVIe siècle, les morts sont progressivement enterrés dans leur propre village. Au milieu du XVIe siècle, les seigneurs de La Petite Pierre instaurent la Réforme sur leurs terres. La communauté religieuse devient donc protestante. Suite à la guerre de Trente ans (1618-1648), seul le meunier réside encore à Tieffenbach. Pour repeupler le village, des protestants allemands et suisses arrivent. Avec l'arrivée de familles catholiques au début du XVIIIe siècle et la mise en place du simultaneum, les deux confessions se partagent le cimetière situé à côté de l'église. La séparation entre les deux confessions y est vague et cela engendre des tensions. En 1748 le curé décide d’attribuer aux catholiques les places autour de l’église et celles restantes ainsi que les coins aux protestants. En 1752 le bailli Von Wimpffen propose de réserver le côté droit du cimetière aux catholiques et le côté gauche aux protestants. Mais, la communauté protestante étant plus nombreuse cet espace est insuffisant. Il faut donc trouver une autre solution… C’est ainsi qu’en 1769 le pasteur Glaser sollicite auprès du comte l’autorisation d’agrandir le cimetière mais cela reste sans succès. Une nouvelle demande en 1777 aboutit à la création de cimetières protestants à Weislingen, Struth et Hinsbourg. Au milieu du XIXe siècle de nouvelles demandes sont formulées pour un nouveau cimetière dans le village. Celle de 1860 est entendue et en 1861 le nouveau cimetière protestant est inauguré (situé en contrebas du cimetière actuel). Pendant plus de cinquante ans nous n’avons plus aucune information sur les cimetières. En 1926 la commune fait la demande d’un aménagement d’un nouveau cimetière, inauguré le 15 mars 1927. Les parcelles sont attribuées par le maire : à gauche les catholiques et à droite les protestants. Écoutez cet habitant parler de l'histoire complexe des cimetières du village :

A Hanau- La Petite Pierre, l’histoire du grès est étroitement liée à celle des hommes et des villages. C’est le cas pour Tieffenbach où sept carrières étaient présentes au moment où cette activité était la plus florissante. La plus ancienne carrière mentionnée à Tieffenbach date de 1700, son ouverture fut décidée par le comte de La Petite Pierre qui la loua dès 1720 à différents propriétaires. Les clients étant rares, les habitants taillent principalement des pierres pour leur usage personnel. La situation évolue à la fin du XIXe siècle avec dans un premier temps l’ouverture de la carrière du « Stangenwald » où les pierres sont travaillées sur place puis amenées par chevaux à Dossenheim ou Lutzelbourg. Dans un second temps, l’arrivée du chemin de fer en 1895 favorise le développement économique de la vallée de l’Eichel. Grâce à la voie ferrée les affaires marchent bien pour la société Dingsdorgf qui devient propriétaire de la carrière. Les tailleurs de pierre sont alors nombreux, ils viennent des villages voisins tels que Petersbach, Struth, Frohmuhl, Weislingen, ou encore Volksberg. Cette prospérité permet à la société la construction d’une voie ferrée privée qui traverse le village jusqu’à la carrière, appelée « S’Bähnel » (le petit train) par les anciens du village. Les tailleurs de pierre travaillent dans des conditions difficiles, entre le poids des pierres et la poussière, la maladie les guette. Un travail rude pour un maigre salaire, des protestations se font entendre au début du XXe siècle. Peu après 1915, les carrières ferment et rouvrent après la guerre. A cette époque Tieffenbach joue toujours un rôle important dans la taille des pierres. Au fil du temps un seul chantier subsiste : le chantier Rauscher qui compte une cinquantaine d’hommes dans les années 1950. Pour en savoir plus, écoutez cet habitant du village parler des nombreuses carrières qui étaient présentes à Tieffenbach :

En 1927 des passionnés de foot créent l’AST. Leur premier terrain est en terre battue, sans filets et se situe dans le « Pfarrhoft », sur l’actuelle place de l’école. A cette époque, peu de clubs existent dans la région ; il faut donc prendre le train ou la bicyclette pour participer à des matches qui ont parfois lieu très loin ! A partir de 1935, le club est en bonne marche mais la Seconde Guerre mondiale le contraint à fonctionner au ralenti ; seuls quelques matches sont joués pendant cette période. Le 12 août 1945, le club est nouvellement reformé. Pour la première fois, il est engagé en championnat de la LAFA pour la saison 1945-1946 et évolue en division III où il se classe sixième. La saison 1949-1950 marque pour le club l’accès à la division II après avoir décroché le titre de champion de groupe de division III. L’AST se maintient en division II pendant trois saisons avant de retrouver la division III en 1953-1954. Durant les saisons qui suivent, le club oscille entre la division II et III jusqu’en 1960-1961 où elle est reléguée en division IV. La saison 1962-1963 est marquée par la création d’une équipe de jeune, les cadets. A la même époque, l’équipe fanion composée des adultes décroche un titre de champion de groupe sans aucune défaite. De 1964 à 1976, entre victoires et défaites, l’histoire de l’AST se poursuit. Le club connaît ensuite un nouveau départ sous la présidence de Roland Osswald. Plusieurs équipes composées de jeunes sont créées et pendant la saison 1977-1978 les minimes B de l’AST sont champions de groupe. En 1999, il devient difficile de trouver assez de joueurs dans le village. La décision est donc prise de fusionner avec le club voisin de Weislingen pour former un nouveau club : le FRWT (Football Réuni Weislingen Tieffenbach). Au fur et à mesure, de moins en moins de joueurs de Tieffenbach composent le club. En 2008, le FC Weislingen décide donc de reprendre son ancienne dénomination ; c’est la fin de l’AST. Vous souhaitez en savoir plus? Écoutez les souvenirs de cet habitant :