Le Carbonéral

Aux espaces bocagers de Labruguière, succède rapidement le domaine de la forêt. Blotti sous le couvert des chênes, châtaigniers et épicéas ou en balcon sur de splendides panoramas, le sentier escalade la montagne Noire jusqu’à l’étang du Carbonéral.

Dense Montagne Noire
Lorsque le vent d’Autan (que l’on appelle familièrement le Marin) remonte et balaie la plaine du Languedoc, il bute infailliblement contre une sombre barrière montagneuse dont le nom est sans ambiguïté. La montagne Noire, moyenne montagne dont le sommet (pic de Nore) culmine à 1 211 m d’altitude, ombreux et dense massif forestier, constitue en effet un obstacle physique et climatique entre les zones atlantique et méditerranéenne. Les lourds nuages véhiculés par l’Autan s’effrangent sur les crêtes de cette terminaison sud du Massif central. La montagne Noire s’impose souvent en toile de fond des paysages tarnais visibles en direction du sud. Des vallées étroites et escarpées y donnent accès. De petits causses ouvrent les premières hauteurs pour quelques regards vers la plaine. Ensuite, c’est la forêt, indifféremment composée de résineux et  de feuillus. Profonde et dense, elle noie et engloutit le relief. Le moelleux des sommets est composite : landes, forêts et  prairies se partagent la rencontre avec le ciel.
Des traces humaines discrètes
La vision du bûcheron maniant la tronçonneuse à toute période de l’année n’est que d’aujourd’hui où la dictature économique conduit l’homme à se comporter avec indifférence. Fi désormais du rythme saisonnier, des montées et des descentes de sève… Autres temps, autres images. Sous les couverts de la montagne Noire, autrefois, le même homme a su négocier un mariage de raison avec la forêt. Épousailles des charbonniers, des forgerons et des verriers notamment. Puis vie commune nourrie de concessions intelligentes et réciproques, à la cadence des printemps et des automnes, de la cognée et du passe-partout, des charrois et des hennissements. Comme discrets devant la vie, charbonniers, forgerons et verriers de la montagne Noire ont laissé peu de traces. La fumée des meules à charbon de bois s’est dissipée. Débris de verre, scories, murs ruinés et anciens barrages témoignent avec mesure d’intenses et conviviales activités. En 1826, une forge fonctionnait à la  Prise d’Alzeau. Maintenant, l’épicéa étend son ombre.