Boucle de la Sarra

La rue Tupin apparaît dès 1663 dans le registre paroissial d’Oullins. Malgré l’urbanisation récente et la construction d’un parc immobilier moderne, elle est encore bordée de petites maisons basses dites "maisons de vignerons" datées de 1750, que vous pouvez voir sur votre droite en direction de la rue Victor Hugo. Cet habitat particulier remplit traditionnellement une double fonction : fournir un logement pour la famille et servir à la production du vin. La maison possède donc deux types d’espaces spécialisés : la pièce où sont entreposés les cuves et les pressoirs et où l’on fabrique le vin, et celle où il est conservé, le cellier situé au rez-de-chaussée. Cette rue était-elle habitée par des potiers fabriquant des tupins (pots en terre) ou y jouait-on le jeu de la tupinerie ? Il consistait à suspendre dans la rue, à un large anneau, une gamelle remplie d’eau. Les joueurs montés sur une mule ou sur un cheval introduisaient une perche dans l’anneau ; seule la croupe de l’animal pouvait recevoir l’eau.

Au XVIIe siècle, un domaine couvrait plusieurs hectares sur cette partie sud d’Oullins. La famille Pauliny disposait ici d’une grande demeure bordée de jardins d’agrément, mais aussi de terres agricoles composées essentiellement de vignes. François Pauliny achete le domaine de la Sarra puis revend la maison forte en gardant la partie basse du domaine qui est coupée en deux par la Grande rue percée en 1764. La Maison Pauliny est encore visible au niveau du 16-18 rue Léon Bourgeois.

Bénéficiant d'un calme nécessaire à la vie monacale, ce lieu alors situé en pleine campagne est choisi en 1862 pour l'édification d'un couvent. Le bâtiment est occupé par les sœurs de la Visitation, dominicaines, de 1868 à 1963 (avec une interruption entre 1903 et 1921). Les constructions s'étant, au fil du siècle, multipliées dans le quartier, elles décident finalement de vendre la bâtisse pour s'installer au monastère Notre-Dame de Chalais (Isère) dont elles entreprennent la restauration dès 1962. Un an après leur départ, un permis de construire est accordé pour la création de quatre immeubles, en lieu et place du couvent. La démolition de la totalité des bâtiments composant le couvent est alors autorisée, à l'exception d'un cloître dont les arcades ainsi qu'un arbre vénérable (un maclura pomifera ou oranger des Osages).

Le Maclura pomifera, Oranger des Osages, est un arbre très ancien au développement exceptionnel. Il est très rare à l’état adulte dans la Métropole. Il serait bicentenaire ! L’essence est originaire de Louisiane aux Etats-Unis, dans le territoire des Indiens « Osages », d’où son nom. Ils utilisaient ce bois très dur pour fabriquer leurs arcs. Comme il appartient à la même famille que le mûrier, la France l’introduit en 1812 dans l’espoir de remplacer ce dernier dans l’élevage du ver à soie dans les régions septentrionales où le mûrier ne peut pousser. Mais cette idée est vite abandonnée.

La rue du puits de la Sarra est l’une des plus anciennes d’Oullins. La Sarra, d’abord lieu-dit dès le XVe siècle, désigne ensuite la propriété d’un soyeux piémontais, François de Pauligny, coupée en deux par l’actuelle route de la Sarra à partir de 1764. A l’origine de son nom, un puits, situé au milieu de ce passage partant de la rue de la Sarra, mais dont le sol avait tendance à s’affaisser et entraîner des dégradations. Il aurait donc été comblé en 1895.

La paroisse de la Sarra voit le jour en 1945. Mais l’origine du culte protestant à Oullins remonte à 1921, date à laquelle une salle ou chapelle est mise à disposition. Quelques années plus tard, il faut trouver un logement au nouveau pasteur, Arnold Brémond, et à sa famille. Il leur est alors proposé une gentilhommière du XVIe siècle dont le rez-de-chaussée est utilisé pour le culte et l’étage aménagé en appartement. Le conseil presbytéral de Lyon donne son accord. L’inauguration du temple d’Oullins a lieu en 1946. Le parc abrite notamment deux cèdres du Liban, de très grands arbres cependant peu visibles depuis la rue.