Le Chemin d’Arles - Le pèlerinage de Saint-Jacques de Compostelle

L’architecture romane d’Arles est exceptionnelle et remarquablement conservée.
L’église et le cloître Saint Trophime ainsi que l’église Saint-Honorat des Alyscamps participent au bien culturel « Arles, monuments romains et romans » inscrits sur la liste du Patrimoine Mondial en 1981.
L’ensemble d’Arles est inclus par la suite dans le bien culturel en série « Chemins de Saint-Jacques de Compostelle en
France », inscrit sur la liste du Patrimoine Mondial en 1998.

Arles, cité romaine située au carrefour de la Méditerranée et de la Gaule, est christianisée précocement. A partir du IVe siècle, la vénération des reliques du martyr Genest puis de plusieurs saints évêques arlésiens, entraîne la construction de sanctuaires, autour desquels de vastes cimetières chrétiens s’étendent progressivement. Le culte des reliques, associé au prestige du diocèse d’Arles et à la prospérité de la ville au XIIe siècle, favorisent le renouvellement architectural des édifices cultuels d’Arles dans le style roman.

Avec l’essor concomitant du pèlerinage vers Saint-Jacques de Compostelle, les saints arlésiens gagnent une renommée plus large encore. Si bien qu’au Moyen Âge, Arles est connue pour être le point de départ de la via Tolosana ou via Arelatensis. Le Codex Calixtinus invite les pèlerins à vénérer plusieurs saints et à visiter les églises ou les cimetières d’Arles qui leur sont consacrés : « Tout d’abord, ceux qui vont à Saint-Jacques par la route de Saint-Gilles, doivent rendre visite
à Arles au corps du bienheureux Trophime, confesseur (…). Il faut aussi visiter le corps du bienheureux Césaire, évêque et
martyr qui établit en cette ville la règle des moniales (…). Et dans le cimetière de la même ville on doit rechercher les reliques de saint Honorat (...).
C’est dans sa vénérable et magnifique basilique que repose le corps du très saint martyr Genest (...).
De là, il faut aller visiter auprès d’Arles, le cimetière, en un lieu qu’on appelle Les Alyscamps et intercéder pour les défunts suivant la coutume, tant par les prières et psaumes que par ses aumônes ; sa longueur et sa largeur sont d’un mille. Nulle part ail- leurs, on pourrait trouver en aucun cimetière tant de tombes de marbre, ni de si grandes, alignées sur la terre (...) ».

Le site des Alyscamps et son église Saint-Honorat sont particulièrement importants. Sur le site de la nécropole antique, un cimetière paléochrétien s’est développé autour de la basilique funéraire de saint Genest et devient au Moyen Âge le plus grand cimetière chrétien d’Occident. Au XIIe siècle, à l’emplacement de la basilique, une église romane, dédiée à saint Honorat est édifiée. Bien qu’inachevée, l’église Saint-Honorat est un très bel exemple de l’art roman provençal. Les pèlerins y rendaient hommage à sept saints inhumés dans la crypte, dont Genest et Honorat. Ils y puisaient également de l’eau d’une source qui jaillissait miraculeusement d’un huitième tombeau.

Ce n’est pas un hasard, si les décors sculptés du portail et du cloître présentent chacun une statue de saint Jacques le Majeur. De même, dans le cloître, les pèlerins d’Emmaüs sont vêtus comme des pèlerins de Saint Jacques, avec besace, bourdon et bonnet orné d’une coquille.

La cathédrale Saint-Trophime est au centre de la dévotion. Dans la crypte aujourd’hui disparue, les pèlerins vénéraient de nombreuses reliques, dont celles de Saint Trophime. Édifié à la fin du XIIe siècle, le portail de Saint-Trophime est un des plus beaux exemples du style roman provençal inspiré de l’architecture antique. Par ailleurs, les deux galeries romanes du cloître
canonial de Saint-Trophime datent du XIIe siècle, auxquelles ont été ajoutées au XIVe siècle deux autres galeries de style gothique.

Pour compléter leur parcours arlésien, les pèlerins se recueillaient dans l’église Saint-Blaise, située dans le couvent Saint-Césaire, lui-même bâti à l’emplacement de la cathédrale paléochrétienne d’Arles.
Reconstruite au XIIe siècle, cette sobre église romane est attenante aux bâtiments conventuels. Les reliques de saint Césaire, évêque du VIe siècle, y étaient présentées. Exceptionnellement conservées, elles sontconstituées d’une tunique, de deux pallia, d’une boucle de ceinture en ivoire, d’un fragment de ceinture en cuir et de sandales. Elles seront prochainement présentées de façon permanente dans le cloître Saint Trophime.

Quittant Arles pour se diriger vers Saint-Gilles, les pèlerins faisaient une halte à l’église Saint Genest, située à l’extérieur de la ville, sur la rive droite du Rhône. Cette église est reconstruite au XIIe siècle sur le lieu où la tradition situe la décapitation du martyr Genest. Son architecture à déambulatoire, ainsi que l’aire funéraire de la fin de l’Antiquité qui l’entoure, confirment son
rôle dans le pèlerinage et en font un pendant des Alyscamps.

L’itinéraire d’Arles vers les Pyrénées a été aménagé dans les années 1980 comme sentier de Grande Randonnée : le GR653. Plus récemment, Arles est devenue un carrefour des itinéraires pédestres qui permettent la liaison avec Rome. Le GR653D ou Via Domitia relie au Montgenèvre et le GR653A, la Via Aurélia, permettra la liaison avec Vintimille. Tout au long de l’itinéraire du Chemin de Saint-Jacques de Compostelle, plusieurs balisages sont utilisés.