ARLES - Autour du canal de Craponne à vélo

L’exutoire du canal de Craponne permet la sortie des eaux d'irrigation du canal dans le Rhône. L’eau qui arrive jusqu’à cet exutoire s'appelle le « coup perdu ». Il s’agit de l’eau qui n’a pas été utilisée pour l’irrigation du fait de trop importantes précipitations ou parce que le tour d’eau d’un usager n’a pas été respecté. Les eaux de pluies ont ruisselé jusqu’au canal faisant monter le niveau d’eau.

Long de 812 km, le Rhône prend sa source dans le glacier du Rhône à plus de 2 400 m d’altitude, en Suisse. Il traverse le lac Léman puis Genève pour ensuite arriver en France. C’est dans le delta de Camargue que le fleuve termine son cours. En Arles, le Rhône se partage en deux bras : le Grand-Rhône à l’est et le Petit-Rhône à l’ouest et se jette dans la mer Méditerranée à Port-Saint-Louis-du-Rhône et aux Saintes-Maries-de-la-Mer. La navigation fluviale sur le Rhône est possible grâce à des écluses.

En 1554, Adam Craponne est à l’origine de la conception du Canal de Craponne qui relie la Durance au Rhône en passant par Salon-de-Provence puis Saint-Martin-de-Crau et Arles. L’eau irrigue les prairies et les cultures de la Crau. Depuis sa prise d’eau à Lamanon, au nord de Salon-de-Provence, le débit du canal est fort puis il diminue et se fait très discret à son arrivée en Arles où il est parfois souterrain. Il y a quelques siècles, ce canal alimentait les moulins à blé du côté des Alyscamps.

L’eau de Craponne est utilisée pour l’arrosage des prairies de la Crau. Des « portes-eaux » acheminent l’eau vers les mas. Le nombre de périurbains a augmenté et l’eau est également utilisée pour l’arrosage des jardins. Le débit du canal peut-être très rapide de juin à août, il peut aller jusqu’à plus de 31 000 L / seconde, soit 1/6ème du débit moyen de la Durance. L’irrigation des prairies recharge la nappe phréatique de Crau qui alimente les habitants de la Crau en eau potable.

L’eau du canal de Craponne arrive depuis la plaine de la Crau grâce à l’aqueduc romain qui traverse le rond-point de Pont de Crau et continue vers les Alyscamps. Le canal circule ensuite dans Arles pour parvenir jusqu’au Rhône. Cet aqueduc, construit entre 1585 et 1587 et classé monument historique, permettait de franchir la zone de marais présente à l’entrée d’Arles. Une partie de cet aqueduc a été démolie lors de la construction de la route, de ce fait le canal passe en souterrain à ce niveau.

L’eau du canal de Craponne est de plus en plus utilisée. L’eau est donc régulée par un calendrier d’arrosage et des martelières, ouvrages qui permettent la distribution des eaux d'irrigation à partir d'un chenal d'amenée de cette eau. L’arroseur soulève la martelière pour inonder sa parcelle pendant quelques heures puis la referme. Ces martelières sont de plus en plus remplacées par des conduites et des vannes de distribution pour effectuer une desserte en eau « à la demande » et économiser d’eau.

Autour du canal de Craponne on retrouve une flore riche et diversifiée. Avant Raphèle, il irrigue les prairies. Des haies, des frênes, des chênes et des peupliers indiquent la présence de l’eau. « La Crau humide » permet la culture du foin de Crau, l’arboriculture fruitière et le maraîchage. Puis l’eau est toujours présente dans le paysage mais c’est celle du Rhône qui arrose les cultures de céréales et les rizières. La Crau est également la dernière steppe d’Europe occidentale. Le coussoul, une steppe caillouteuse au caractère aride.

Situé dans l’axe de migration des oiseaux du nord de l’Europe qui empruntent le sillon rhodanien vers l’Afrique, cet espace offre à d'innombrables espèces un territoire où ils peuvent évoluer en liberté dans d’immenses espaces protégés. Chevaux taureaux, flamants roses, échassiers… Il est également l’un des rares Parcs possédant une façade maritime importante et à partager des frontières communes avec un Parc naturel marin.

La Crau est une terre pâturée, on y trouve environ 100 000 moutons qui parcourent les plaines entre mi-octobre et avril, la plupart sont des Mérinos d’Arles. Cette race ovine locale est issue d’un croisement entre la race rustique de Crau et le mérinos. Le Mérinos d’Arles est élevé pour les agneaux et sa laine qui est élastique, légère et chaude. Le paysage est composé de nombreuses bergeries dont certaines datent de l’époque gallo-romaine. L’élevage est donc important depuis des millénaires.

La riziculture est présente en Camargue depuis l’après-guerre. Complexe, cette culture suit plusieurs étapes : levée, tallage, montaison, épiaison et floraison. Les terres sont inondées pour favoriser la germination des grains de riz et éviter la prolifération des champignons. La riziculture nécessite donc une irrigation d’eau douce et un drainage important pour valoriser les terres les plus salées. D’énormes quantités d’eau entre les deux bras du Rhône (400 millions de m3 par an) sont nécessaires.

Ce canal a été construit entre 1642 et 1647 dans le but d'assainir la « Vigueirie » (une plaine agricole entre la Montagnette et les Alpilles) en écoulant les eaux de vidange jusqu'à la mer. Le Canal du Vigueirat, qui prend naissance sur la commune de Tarascon, s’étend sur 46 km. Il est en partie classé dans la Réserve naturelle nationale des Marais du Vigueirat. Son exutoire se situe dans le Canal d'Arles à Bouc. Il est automatisé depuis 1996 et géré par le Grand Port Maritime de Marseille.

La ViaRhôna (Eurovélo 17), est une véloroute voie verte de 815 km qui relie le lac Léman aux plages de Méditerranée. Au fil du Rhône, l’itinéraire conduit des montagnes alpines aux plages de Camargue en traversant les vignobles des Côtes du Rhône et ceux de la Provence méridionale. Il est possible de ne faire qu’une partie de la ViaRhôna (Arles-Marais du Viguerirat). Un tronçon entre Mas-Thibert et Port-St-Louis a été aménagé pour rejoindre l’embouchure du Rhône au niveau de la plage Napoléon.