La première église de La Feuillie fut sans doute la chapelle du manoir royal de Philippe le Bel, érigée en église paroissiale par la reine Blanche d'Evreux au XIVème. Elle se présentait sur un plan plus simple qu'aujourd'hui : les deux chapelles Sainte Vierge et Saint Adrien étaient plus petites. Vétuste et trop petite, elle fit place à une nouvelle église à la fin du XVème. Deux autres chapelles : Sainte Philomène (côté presbytère) et Saint Augustin (vers la sacristie) furent construites sous la Renaissance et les deux premières furent agrandies. Ce qui donne à l'église sa forme actuelle de croix à double traverse. les deux transepts en pierres et les deux chapelles latérales sont séparés au chœur par deux arcs romans donc les plus grands, les plus anciens, sont à moulures sculptées de marguerites à droite et de coquilles Saint Jacques à gauche.
On est impressionné par les dimensions du chœur. Dans cette église très large, le prêtre se trouve au milieu de ses fidèles.
L'église a conservé de belles boiseries sculptées : stalles, lambris, confessionnaux, chaires, fonts baptismaux et banes à coulisse.
Au cours des siècles cette église allait subir bien des vicissitudes, entre autres : l'éboulement de la voûte qui a dut être refaire en 1866 dotée de cinq croisées d'ogive avec pendentifs (clés de voûte) dans les transepts et voussures très élégantes dans le chœur.
Aujourd'hui, dans la nef, un platelage a dû être édifié à la suite de l'effondrement de l'échafaudage du clocher en 1998. Il persistera jusqu'à la restauration de l'église.
Deux particularités de cette église : Son clocher et ses vitaux.
L'HISTOIRE du CLOCHER
Vers 1560, on entreprit la construction du clocher qui fait toujours parti de notre paysage. Type parfait du clocher en aiguille, sa silhouette élégante domine les alentours et fait l'orgueil du village.
En ce temps-là, les Feuillois voulaient se donner le clocher le plus haut de toute la région, peut-être aussi une balise pour mieux repérer le centre du village.
La forêt alors était dense, les chemins étroits et encaissés, il n’y avait aucune route.
Les hivers froids et neigeux étaient longs.
Aujourd'hui encore, vous ne pouvez entrer ou sortir de La Feuillie sans traverser une parcelle de la forêt de Lyons.
Les malheurs du clocher
1865 : La pointe du clocher s'incline d'un mètre vers le sud
1866 : Pose de colonnes de fonte
1867 : Redressement du clocher-son redressement est dû à un certain M. BARRE
Les malheurs continuent à s'abattre sur ce pauvre clocher. La foudre endommage la charpente du haut de la flèche. Devis, dossier demande d'accord à la Préfecture, on vote même un impôt supplémentaire de 10 centimes par an et par habitant pour couvrir cette nouvelle dépense. La guerre de 1870 survient.
Les travaux débutent en 1871 et durent jusqu'en mai 1872. Les cloches, après quatre ans de silence, sonnent de nouveau.
De nouveau, le clocher penche! On construit deux contre-murs pour le consolider.
Les années passent... On entretient seulement la toiture. Tempêtes, avions à réaction, oiseaux, insectes, en accentuent le vieillissement.
1959 : Réparation totale de la toiture.
Trente ans après, les soucis reprennent!
1998 : Chute de l'échafaudage monté pour la restauration du clocher
2000 : Reconstruit à l'identique, le clocher retrouve, enfin, la fine silhouette de sa jeunesse et demeure la fierté du village.
Il est considéré comme le plus haut clocher ardoisé de France (54m)
LES VITRAUX
Vitraux 1 et 2 (selon plan P.4)
Vitraux consacrés à Saint Eustache, Patron de la paroisse et Patron des chasseurs.
A partir du Moyen-âge, dans l'invocation des chasseurs, Saint Eustache fut supplanté par Saint Hubert.
Vitraux de 3 à 11 (selon plan P.4)
Vitraux illustrant les sacrements de l'église et ceux de l'ancienne Loi
Vitraux 12 et 13 (selon plan P.4)
Vitraux consacrés à Jésus et aux Apôtres Saint Pierre et Saint Paul.
Vitrail 1 : La Révélation, la Conversion
Ces vitraux 1 et 2 évoquent la vie de Placide, ce soldat romain converti, devenu Saint Eustache
Vitraux 1 et 2 (1868)
(Se lit de bas en haut) Saint Eustache
Le Martyr de Placide, Officier de l'Empereur Trajan devenu Eustache après sa conversion en 118 sous l'Empereur Hadrien
Vitrail 1
Tableau 1 : Rencontre à la chasse du Christ sous la forme d'un cerf dont les bois étaient en croix.
Saint Eustache, touché par la grâce est descendu de cheval tandis que de sa main, il abrite ses yeux de l'éclat des rayons lumineux.
Tableau 2 : Séparation d'Eustache est de sa famille.
L'Empereur Trajan ayant appris qu'Eustache était chrétien et que sa femme et ses deux enfants étaient baptisés, les condamne à l'exil.
On voit donc les licteurs (soldats) entraîner malgré eux les petits enfants. Saint Eustache presse affectueusement dans ses mains celles de son épouse comme dernier adieu.
Vitrail 2
Tableau 1 : Eustache est en exil quand Trajan le rappela pour prendre une ville. On le voit, le drapeau d'une main, l'épée de commandement de l'autre, se retourner vers son armée et la stimuler par son exemple à monter à l'assaut. Une trompette sonne la charge et l'armée va escalader les murs de la ville. Les ennemis tournent le dos et s'enfuient.
Tableau 2 : L'Empereur Hadrien qui avait succédé à Trajan ordonna d'offrir des sacrifices aux dieux païens pour célébrer cette victoire. Eustache refusa. Sur l'ordre de l'Empereur, il fut jeté en pâture aux lions ainsi que sa famille. Miracle, les lions ne leur firent aucun mal.
Tableau 3: Hadrien, furieux, les condamna à être brûlés dans une chaudière ayant la forme d'un taureau. Les quatre martyrs ne tardèrent pas à mourir, mais, nouveau miracle, leurs corps ayant été détruits, ne furent pas calcinés. Ils furent retrouvés intacts.
Les vitraux de Saint Eustache sont l'œuvre de Laurent GSELLE, peintre verrier à Paris au XIXème siècle, sont l'œuvre de M. DUHAMEL MARETTE, peintre verrier à Evreux : l'Eucharistie et la Pénitence ont été restaurés en 1994 par Patrick FORFAIT, verrier Les Essarts.
Vitrail 3 : « L'agneau Pascal et la circoncision »
Le vitrail et celui du Bouc émissaire dans la même chapelle de Sainte Philomène, sont consacrés aux sacrements de l'ancienne loi. Les deux vitraux (1892) portent en haut l'inscription : SACREMENTE LEGIS VETERIS -Sacrement de l'ancienne loi
Panneau de droite : La circoncision
Abraham âgé de cent ans vient de donner la circoncision à son fils Isaac, huit jour après sa naissance. Abraham tient encore à la main le couteau tâché. Entre Abraham et Isaac, on voit le frère aîné Ismaël, âgé de seize ans.
Dans les petits médaillons : Les objets utiles à la cérémonie
Panneau de gauche : L'Agneau Pascal
Selon l'ordre donné par Dieu à Moïse, les israélites devaient se rassembler par familles pour immoler un agneau, le faire rôtir et après avoir teint de son sang le haut des portes, le manger tous ensemble. Dieu avait promis que l'ange exterminateur qui devait frapper à mort les premiers nés des égyptiens épargnerait les maisons des israélites teintées du sang de l'agneau.
Sur le tableau, on reconnaît :
L'agneau rôti, son sang placé aux colonnes et aux portes, l'ange exterminateur qui passe, les bâtons des israélites et les amis venant des maisons voisines.
Dans les petits médaillons : En haut, l'agneau immolé, en bas : l'agneau rôti.
Vitrail 4 : « Le bouc émissaire – Les pains de la proposition »
Panneau de droite : Le bouc émissaire
Dans le temple orné de la table des dix commandements, le grand prêtre pose les deux mains sur la tête d'un bouc et avouant devant Dieu les péchés de tout le peuple, il les décharge sur la tête du bouc et demande à Dieu d'accepter ce bouc comme victime à la place des pêcheurs. Il va, par l'intermédiaire de l'homme qui, déjà, tient le bouc par les cornes, le chasser dans le désert, pour y porter les péchés du peuple et y périr. Dans les petits médaillons : Un arc et les flèches rappellent la mort du bouc dans le désert.
Panneau de gauche : Les Pains de la Proposition
On voit le grand prêtre, la poitrine ornée de 12 pierres précieuses, les yeux et les bras levés vers le ciel, offrir à Dieu les 12 pains de proposition déposés sur une table de bois précieux et ornée d'or. Ceux qui ont apporté ces pains, au nom des douze tribus d'Israël, s'unissent à la prière du prêtre. Ces pains devaient être renouvelés tous les samedis et servaient ensuite à la nourriture du grand prêtre et de ses fils. Dans les petits médaillons : La table portative chargée des pains de proposition, le chandelier à 7 branches où brûlent 7 lampes d'huile d'olive très pure.
Vitrail 5 : « Le Baptême » Vitrail par l'Abbé Basile, curé de La Feuillie 1883
Dans le haut :
Médaillons ovales :
- A gauche : Baptême de Jésus Christ dans le Jourdain, par Saint Jean-Baptiste.
- A droite : N.S donne aux apôtres le pouvoir et l'ordre de baptiser.
Dans la partie centrale
- Au milieu : La Sainte ampoule ou vase des saintes huiles
- Du côté de Clovis : Ses insignes royaux, couronne, épée
- Du côté de l'Evêque : Sa mitre et sa crosse épiscopale.
Dans la partie inférieure Tableau 3 Baptême de Clovis et de 3000 de ses soldats dans l'église de Reims en 498
Baptême donné par immersion :
Trois fois dans l'eau. C'est pourquoi, on voit ici Clovis, presque nu, les pieds dans l'eau et Saint Rémy mettant la main sur sa tête pour l'inviter à descendre dans le bassin.
Un guerrier tient la couronne et le manteau royal.
D'autres s'approchent pour recevoir le baptême. Ils ont déposé à terre leur casque et leur hache.
Un autre tient l'enfant de Clovis. Malade, il avait été guéri grâce aux prières de Saint Clotilde. Celle-ci, assise, est présente.
Un rameau vert rappelle la victoire de Tolbiac où Clovis promit de se convertir.
Vitrail 6 : « La confirmation »
Dans le haut : Sur un écusson tenu par un ange
Panneau de droite : La descente du Saint Esprit en forme de langues de feu, le jour de la Pentecôte sur la Sainte Vierge et les Apôtres.
Panneau de gauche : Un évêque administre le sacre de la confirmation.
Vitrail 7 : « La Sainte EUCHARISTIE »
En haut, un ange avec écusson : EUCHARISTA
Tableau supérieur : Jésus Christ, debout, tient dans ses mains le pain et le vin et les présente aux apôtres. Les apôtres, la tête auréolée, regardent Judas, le douzième qui n'a pas d'auréole. Judas tourne la tête et tient, cachée derrière lui, la bourse des 30 pièces d'argent qu'il a reçu comme prix de sa trahison.
Vous remarquerez en haut et à gauche un serviteur.
Tableau inférieur : Lothaire, roi de Lorraine, faussa le sacrement et fit une communion sacrilège. Lothaire avait abandonné sa femme légitime pour en prendre une autre, Valdrade.
Il vint à Rome pour obtenir l'absolution et demanda à communier de la main du roi Hadrien II. Aussitôt, il repartit rejoindre Valdrade. Lothaire meurt à Plaifance d'une fièvre maligne le 8 Aout 869.
Vitrail 8 : « La pénitence »
En haut, un ange avec écusson : PAENITENTIA
Tableau supérieur : Reconstitution du sacrement de pénitence.
N.S. ressuscité, apparaît à ses apôtres, leur montre ses plaies encore ouvertes (trou de la main), leur dit des paroles inscrites au bas du tableau : Quorum remiscritis... "Les péchés seront remis à ceux qui vous les remettrez, ils seront retenus à ceux à qui vous les retiendrez".
On ne voit ici que dix apôtres car Judas, décédé, n'était pas encore remplacé. Thomas était absent.
Tableau inférieur : Comment Saint Jean Népomucène, pour garder le secret du sacrement, souffrit le martyr en 138.
Saint Jean chanoine de Prague, était le confesseur de la reine Jeanne, épouse de Venceslas, roi de Bohème et empereur d'Allemagne. Ce prince demanda au prêtre de lui révéler les péchés accusés par la reine. Le prêtre resta fidèle à son devoir de discrétion. L'empereur, irrité, le fit d'abord jeter en prison puis ordonna de le précipiter dans les eaux de la Moldave. On voit Jean au bord du fleuve, les mains liées derrière le dos. Un exécuteur lui demande d'obéir au roi. Pour toute réponse Jean lève les yeux au ciel. Un autre officier ordonne de le jeter dans le fleuve. Plus loin, devant la porte de son palais, le roi, debout, commande l'exécution.
Deux barques rappellent que le corps de Jean fut recueilli. Trois cent ans plus tard, ouvrant le cercueil, on découvrit que la langue était miraculeusement conservée.
Vitrail 9 : « EXTREMA UNCTIO » / L'Extrême Onction
Dans le haut : un Ange avec écusson
Panneau de droite : Mort de Jésus-Christ sur la croix. A ses pieds, la Sainte Vierge, Saint Jean et Sainte Marie-Madelaine.
Panneau de gauche : Un prêtre donne l'extrême onction
Vitrail 10 : « ORDO » / L'Ordre
Le nom du sacrement est ici inscrit par insertion de quatre lettres en haut des quatre panneaux
Le grand tableau représente la cérémonie d'ordination des prêtres.
En haut à gauche : L'institution de l'ordre
N.S à table avec ses apôtres après avoir changé le pain en son corps et le vin en son sang, leur donna le pouvoir de faire comme lui.
A droite : N.S donne à ses apôtres le pouvoir de pardonner les péchés. On voit la Sainte Trinité adorée par les Anges. J.C étend les mains pour communiquer ses pouvoirs, par l'intermédiaire de l'évêque, aux nouveaux prêtres.
Vitrail 11 : « Le Mariage »
Panneau de droite : Institution du mariage
Panneau de gauche : Deux époux contractent le mariage
Vitrail 12 : « 1899 Jésus enfant » Legs de Noël Payel
Panneau de gauche : On y voit l'enfant Jésus assis sur un morceau de colonne. La Sainte Vierge soutient et contemple avec amour l'enfant. Des anges l'adorent et veillent sur la Sainte Famille. Saint Joseph tient son bâton, tout prêt à partir pour la fuite en Egypte. Au loin, sur le seuil de son palais, on attend le retour des mages.
Panneau de droite : Jésus encore enfant, aide Saint Joseph à tenir l'établi de charpentier pendant que la Sainte Vierge file la quenouille.
Vitrail 13 : « 1899 Saint-Pierre & Saint-Paul »
En haut : SPP initiale
Panneau de gauche : Saint Pierre, agenouillé, au milieu des autres apôtres debout.
Panneau de droite : Conversion de Saint Paul, un jour où le rendait à la ville de Damas. (Il portait le nom de Saul).
On le voit à terre aveuglé par la lumière céleste.