Depuis le partage de Verdun (843), Cambrai est rattachée au Saint-Empire romain germanique. L'Escaut, utilisé comme frontière naturelle, la sépare du royaume de France. Cette position stratégique l'oblige à renforcer sa défense par la construction de fortifications. C'est dans le climat d'insécurité, dû à la guerre de Cent Ans, que l'enceinte fortifiée est reconstruite à la fin du XIVe siècle. Elle comprenait une courtine de quatre kilomètres de long, renforcée par une cinquantaine de tours, de sept portes et d'une porte d'eau utilisant l'Escaut pour ses inondations défensives.
Le chantier débute en 1390 par la Porte de Paris, appelée jadis la Porte du Saint-Sépulcre. Gilles Largent, maître-maçon à la ville de Saint-Quentin, expert en la matière, est chargé de sa construction. Réalisée en pierre calcaire reposant sur un soubassement en grès, cette porte de type châtelet s'élevait à 16 mètres de haut. Son passage, défendu par deux grosses tours curvilignes, était précédé d'un pont-levis à flèches dont on remarque encore les encoches verticales. Sa partie supérieure crénelée présente de nombreuses archères et des trous de boulins, servant à dresser des hourds, sortes de galeries de bois mises en cas de siège. A la fin du XVIIe siècle, cette porte était précédée d'un ouvrage à cornes de 70 mètres de long réalisé par Vauban. Il permettait de protéger cette porte médiévale des premiers assauts des canons, mais obligeait la population à franchir toute une série d'ouvrages avancés et de nombreux fossés.
C'est en 1892 que la ville reçoit l'autorisation de démanteler ses fortifications. Seules quelques tours et portes furent épargnées comme cette porte médiévale. En avançant sous la voûte, vous pourrez observer les multiples embûches qui défendaient le passage : doubles vantaux de porte, archères, herse et trois assommoirs. Par l'organisation de sa défense, cette porte était infranchissable.