« Musique
Que les orchestres se mettent à jouer
Que nos mémoires se mettent à rêver
Et laissons voyager nos pensées
Laissons aller nos corps et flotter
Musique »
Nous voici devant le kiosque à musique. Imaginez, on est dimanche. C’est l’été 1868. Les Cambrésiens se pressent dans les allées du jardin public pour aller écouter la batterie-fanfare de Cambrai dans le tout nouveau kiosque à musique. On entend de loin les mélodies entraînantes des trompettes, des saxophones, les tubas, trombones, cornets à pistons, flûtes et clarinettes.
Sur les chaises de fer forgé du jardin sont installés les belles dames en longues robes, dentelles, chapeaux fleuris, et ces messieurs en costume du dimanche, eau de Cologne, moustache et canotier sur la tête.
Tant pis pour les retardataires : ils resteront debout ! Et partout, les enfants en culottes courtes et robes à volants gambadent, ils rient, ils chahutent, chassant les notes qui s’envolent et s’accrochent dans les arbres.
Autour du kiosque, en hauteur, Beethoven, Mozart, Donizetti et d’autres célèbres compositeurs regardent d’un œil bienveillant ces sorties du dimanche.
Fermez les yeux. Ne les voyez-vous pas ces enfants, ces parents, ces promeneurs entourant le kiosque, attentifs à la musique qui s’en échappe ?
Ce kiosque anime les allées du jardin depuis environ 150 ans. Des générations de familles, de musiciens sont passés par là pour s’y divertir ou y flâner. Jean-Pierre Barillet-Deschamps n’avait sans doute pas imaginé cette vie de plein air dans son jardin. Jean-Pierre qui ? Comment ça Jean- Pierre qui ? C’est vrai, nous n’avons pas encore parlé de Jean-Pierre Barillet-Deschamps ! Un jour au XIXe siècle, ce monsieur Barillet-Deschamps, spécialiste des jardins, a imaginé le jardin public de Cambrai. Il coloré de rose, de vert, de terre les feuilles blanches de son carnet de dessin. Il a fait à proprement parler jaillir des arbres, des fleurs, des sculptures autour d’allées serpentines créant dans la ville un espace pour la promenade, le rêve et l’évasion. Et c’est lui qui a demandé à ce que l’on installe au milieu du jardin ce kiosque pour accompagner de musique le cœur des hommes, la vie des arbres, le chant des oiseaux.