Situé sur la D 543, ce pont médiéval en maçonnerie de 45 m de long sur 6 m de large permet de franchir l’Arc. Il comprend quatre arches de 6,8 m d'ouverture, dont trois sont brisées ; celle de la rive droite est, elle, en plein cintre. Trois avant-becs triangulaires saillants servaient à briser la force de l'eau lors des crues, tandis qu’un seul arrière-bec est placé sur la pile centrale.
L'édifice date du XIVe siècle, vraisemblablement d’avant 1320, si l'on en croit un acte de vente de 1561 par lequel les religieuses de Saint-Barthélémy vendaient leur droit de péage au noble Melchior Bourdon, ce membre d’une vieille famille aixoise qui résidait sur place, au droit du pont. Le péage cessa d'être perçu en 1674. Entre 1746 et 1764, le pont a été élargi d'environ 3,6 m " pour le bien des Aixois et l'intérêt du commerce ".
Classé Monument historique depuis le 16 juin 1944, le pont fut restauré sous la direction d’un architecte des Monuments Historiques en 1994, suite à la terrible crue de 1993 ; d’ailleurs une plaque apposée sur l'ancienne résidence des Bourdon indique le niveau de l'eau lors de cette crue mémorable de l’Arc. Près du pont, on peut admirer l’ancienne hôtellerie du XVIe siècle où mourut le comte de Grignan ainsi que le château de Saint-Pons, du XVIIe siècle, flanqué de deux tours carrées et où séjourna Malherbe. De l'autre côté du pont, les dépendances ont conservé un ancien portail en fer forgé classique, avec un fronton ouvragé de style Louis XIII.
La Bastide du Jas de Bouffan
La bastide du Jas de Bouffan, typique des bastides de la campagne aixoise du XVIIIe siècle, fut achetée avec son domaine de 15 hectares en 1859 par le père de Paul Cézanne, Louis-Auguste. Le peintre a alors 20 ans. Cette bastide, même s’il n’y habite que ponctuellement va devenir un des lieux fondamentaux de l’oeuvre picturale de Cézanne, peignant tantôt à même le mur du grand salon, au rez-de-chaussée, douze compositions dans de grands formats uniques dans toute sa carrière, tantôt dans l’atelier que son père a aménagé au second étage sous les toits, tantôt à l’extérieur. Le parc est en effet pour lui une source constante d’inspiration avec son allée de marronniers, son petit plan d’eau, ses grands arbres et la bastide elle-même. Il semblerait d’ailleurs, que le parc soit le premier atelier de « plein-air » de Cézanne. De nombreux tableaux y ont été peints, représentant très souvent le bassin, qui en constitue le motif majeur, avec ses sculptures de lions, son dauphin de pierre… Ce plan d’eau allongé circonscrit par un rectangle de pierre lui permet de jouer de cette forme géométrique simple ou surtout de l’utiliser comme créateur de paysage avec son miroitement spécifique. L'eau ici y a joué un très grand rôle, Cézanne étudiant à plusieurs reprises ses reflets, comme savent si bien le faire les impressionnistes, divisant les touches de couleurs et multipliant les irisations de lumière. Il semble tourner autour du bassin pour nous offrir sa vision du lieu, qui évolue aussi selon les saisons.
En 1889, à la mort de sa mère, le Jas est vendu aux enchères et à partir de cette date, Cézanne n’y retourna plus et ne peindra plus aucun tableau d’un motif extérieur quel qu’il soit. Classé aux Monuments Historiques, le Jas de Bouffan, demeure un lieu de mémoire important dans l'oeuvre du grand maître et à deux pas du centre, avec ses jardins ponctués de statues, sa bastide, sa fontaine et son bassin est une halte très appréciée des promeneurs.