Doyenne du confluent, la Porte du Grand Port, édifiée entre 1324 et 1330,
est l’unique vestige des 9 portes qui jalonnaient les hautes murailles
(15 m de haut) de la ville au Moyen-Age.
Elle est flanquée de 2 tours : la tour Richard et la tour Barrée. La Tour
Richard doit son nom au petit-fils d’Edouard III d’Angleterre, né à
Bordeaux en 1367. Cet ensemble constitue le vestige le plus important
de la muraille qui entourait Libourne et qui commença à être édifiée vers
1314, après la destruction de la ville par les Français en 1294.
Autrefois appelée Grand Portail de la Mer, c’est par elle que transitaient
les marchandises venues de l’arrière-pays et celles apportées par les
bateaux anglais.
En témoignent encore les pavés du perré de la Porte du Grand Port,
constitué de petits blocs de pierre. Ces derniers servaient à lester les
navires en provenance d’Angleterre et qui repartaient de Libourne
chargés de barriques de vin.
Ses éléments défensifs impressionnants protégeaient les habitants des
attaques ennemies.
En 1794, la municipalité de Libourne décidait de la démolition des portes
et tours de la ville considérées comme signes de la féodalité. La Tour
Richard ne dut son salut qu’au citoyen Matthieu Fontemoing dont la
maison et l’atelier de menuiserie étaient adossés à celle-ci. Une maison
appuyée aux deux tours, qui abritait un atelier de voilerie au XIXème, l’a de
nouveau protégée de la destruction.
La Porte du Grand Port forme un couloir en berceau brisé, autrefois
muni d’une herse et précédée d’un assommoir et d’autres moyens de
défense. Ce couloir est situé entre deux tours semi-circulaires. Au rez-dechaussée,
les tours dépourvues de meurtrières abritaient un magasin
voûté en berceau, dans lequel on pouvait pénétrer par une porte en plein
cintre ouvrant du côté de la ville.
La paroi extérieure est formée de trois pans coupés. Le premier étage,
percé de meurtrières droites sans pattes, donne accès aux courtines par
l’intermédiaire de petites portes en pleins cintres. Les fenêtres tournées
vers la ville sont géminées et recouvertes d’un linteau droit. Pendant
deux siècles, la Tour Richard conserva un aspect primitif : découverte
et créneaux apparents. Au XVIIème siècle, elle fut coiffée d’une toiture
semblable à celle que nous lui connaissons aujourd’hui.
La destruction récente des maisons qui l’enserraient, le dégagement de
sa base et la restauration d’un fragment de mur orné de mâchicoulis ont
rendu tout son éclat à ce précieux vestige de la bastide libournaise.