L’eau à Trets
Les nappes souterraines sont importantes sur le territoire de Trets. En revanche, en surface, l’eau fait défaut en dehors de la vallée de l’Arc et de son cours capricieux, suivant les saisons. Aussi, l’eau et son approvisionnement ont été longtemps un grave sujet de préoccupation pour les Tretsois. Pour subvenir à ses besoins, la ville a possédé jusqu’à six puits, complétés par des fontaines. La plupart de celles qui ornent toujours la ville, datent du XIXe siècle, à l’époque de l’évolution technique des systèmes de pompage. L’année 1900 fut à Trets marquée par une grande sécheresse créant une grave pénurie d’eau, suivie par des orages violents à l’automne qui eurent des conséquences sanitaires fatales, les nappes souterraines contaminées occasionnant des décès dus à la fièvre typhoïde.
Afin d’éviter de nouvelles infections et d’améliorer la qualité de l’eau, la Municipalité creuse en 1907 un puits de 16 mètres près de l’actuelle coopérative et construit un réservoir sur les hauteurs du village afin d’alimenter des bornes fontaines. Mais dans les années 1930, ces solutions s’avèrent inefficaces et ce n’est qu’en 1958 que l’approvisionnement en eau arrivera réellement dans les maisons tretsoises en même temps que le tout à l’égout : c’est la fin des corvées d’eau. Mais ce changement de pratique s’accompagne d’un autre changement : la fontaine, lieu de rencontre, de convivialité, d’échange et de communication des habitants du quartier, ne joue plus son rôle de sociabilité et d’appartenance à un quartier.
La fontaine de Clastre
La source alimentant la fontaine de Clastre a toujours été d’excellente qualité, régulière et abondante. Aussi, c’est tout naturellement que le bourg s’est installé à proximité au XIe siècle, bientôt suivi par les seigneurs et le clergé. Elle a alimenté pendant sept siècles le bassin du cloître du prieuré bénédictin de la Trinité, d’où son nom actuel de fontaine de Clastre, construit sur l’emplacement actuel de la place de la Mairie. A gauche de la fontaine, remarquer l’imposant édifice, le Château Vieux, avec ses fenêtres géminées, dans lequel le Pape d’Avignon, Urbain V, fonda une école conventuelle ou Studium Papal, en 1363.
Afin de faciliter l’approvisionnement en eau et la sécurité des usagers, le bassin et le lavoir attenant sont remplacés en 1820 par une pompe à balancier, mais il faut attendre 1907 pour voir l’installation d’une fontaine. Après un siècle d’utilisation, la fontaine abîmée et vétuste est démolie en août 2007 et remplacée par une nouvelle, réalisée à l’identique en pierres d’Oppède.
La Fontaine du portail de Pourrières
Cette fontaine est située sur le Cours Esquiros face à la Porte de Pourrières, reconnaissable à ses mâchicoulis à encorbellement moyenâgeux. Datant du XIIIe siècle, cette dernière faisait partie intégrante des remparts du centre médiéval, située au coeur du village et était la porte principale de Trets dès le XIVe siècle.
La fontaine est alimentée par adduction souterraine par la fontaine Tivoli qui se situe plus en amont, à côté du château des Remparts. Son eau est considérée comme la meilleure de la ville en 1900, à l’époque où Trets est confrontée à des problèmes d’assainissement et d’approvisionnement en eau.
L’édifice actuel date de 1812 et a été élevé à l’emplacement d’une fontaine préexistante dont les registres font mention en 1643. En 1821, sa conque dégradée fut rénovée et sa conduite en poterie changée pour une canalisation en fonte. Restaurée après le terrible gel de l’hiver 1928, elle perdit son acrotère (indiquant que l’eau est potable) lors de sa restauration.
En hiver, les enfants avaient pris pour habitude de détourner l’eau de la fontaine sur la place afin de créer une patinoire. En 1976, le développement urbain nécessitant la mise en place de deux voies de circulation, la fontaine devient gênante. Après avoir envisagé sa destruction, elle est finalement sauvegardée et déplacée de quelques mètres vers le nord. Mais au cours de sa reconstruction, son obélisque perdit près d'un mètre en hauteur.
La fontaine Tivoli
La fontaine Tivoli est située au croisement de l’avenue Pasteur et du cours Esquiros, face au château des Remparts, troisième château de Trets, construit probablement au XIIe ou au XIIIe siècle. Sa source alimentait également un puits artésien et la fontaine du portail de Pourrières, située à 150 mètres, par un système d’adduction gravitaire sous la chaussée, réalisé en 1847. Dans le château remanié à de nombreuses reprises au cours des siècles, se situe une source alimentant un puits relié à la fontaine Tivoli par une seconde adduction.
La fontaine du Portail d'Amont
Située sur la partie haute du village médiéval, la fontaine du Portail d’Amont surmontée d’un chapeau festonné est également connue sous les noms de fontaine aux vaches ou de fontaine Saint Jean, puisqu’elle se situe sur la route menant à l’ermitage de Saint Jean du Puy, sur les hauteurs du Régagnas. Elle est alimentée par le puits de Bramafan éloigné de 1,5 km et relié par une conduite. Les archives attestent de son existence en 1630 mais elle fut réparée à de nombreuses reprises : 1643, 1730, 1842. Située au milieu de la chaussée de la route menant à Saint Zacharie et sur les anciens fossés des remparts du village médiéval, elle gêne la circulation et est déplacée de quelques mètres en 1925, accolée au mur d’une maison à la place du lavoir qui ne sera pas réinstallé pour des raisons d’hygiène. Il faut préciser qu’en période de sècheresse, l’approvisionnement en eau se détériore ce qui explique que durant l’été 1900, ses eaux soient considérées comme mauvaises. Lors de cette migration, la fontaine perd près de la moitié de sa vasque. A noter que de l’autre côté des murailles s’élève l’église Notre Dame de Nazareth.
La fontaine de la place Garibaldi
C’est fontaine protégée à l’ombre d’un arbre feuillu, derrière la mairie, sur une petite place est originale : elle est en effet composée d’une pompe à main posée sur un simple piédestal, qui permet de faire couler à la demande une eau fraîche au-dessus d’un bassin circulaire taillé dans la pierre.
Le lavoir
Lessiver son linge est au XIXe siècle une tâche longue et fatigante. Mais c’est aussi un moment privilégié durant lequel les femmes, agenouillées pour battre et frotter le linge, se retrouvent entre elles pour « discuter ». A la fin du XIXe siècle, Trets possède deux lavoirs à proximité des fontaines de Clastre et du portail d'Amont. Toutefois, les conditions d’hygiène se détériorant, les femmes du village devaient rejoindre le lit de l’Arc à quelques kilomètres du bourg afin de laver leur linge. Outre la distance, nécessitant de charrier des kilos de linges, le manque d’eau en été rendait le travail pénible.
Ce n’est qu’en 1880 que la Municipalité du Maire Amalbert décide de faire construire deux lavoirs publics. Le premier, aujourd’hui détruit, fut construit dans le quartier Baudun. Le second se situe sur la route de Puyloubier, à côté de l’actuelle cave coopérative « Lou Bassaquet » qui n’existait pas encore à l’époque. Construit en 1882, le lavoir sera vite confronté à des problèmes d’hygiène et de manque d’eau. En 1958, Trets réalise de gros travaux d’aménagement de son réseau d’eau potable et d’évacuation : les lavoirs sont peu à peu abandonnés. En 2008, le site est fermé pour des raisons de sécurité, la toiture et la charpente, notamment, sont en très mauvais état. Un programme de rénovation est lancé et en juin 2010, le lavoir est remis en eau et de petits jets complétés d’un jeu d’éclairage viennent donner un aspect plus contemporain.