Ce carrefour existe depuis le milieu du 19e siècle, lorsque la voirie de l’actuelle rue Darville est ouverte. Ici, chacun des bâtiments dévoile son histoire, tel que l’ancien café à l’angle raboté, sur votre gauche, ou ce reste de ferme à l’angle sur votre droite.
Regardez maintenant attentivement dans l’axe de la rue Darville le pignon qui vous fait face. Il présente trois transformations successives du bâti, réalisées au fil des générations pour gagner de la place dans le logis. Au rez-de-chaussée, un premier niveau en moellons (des pierres non-taillées) correspond à la première édification d’un logis : un tout petit volume, historiquement sans étage, avec une grande pièce unique pour toute la famille. Les murs sont alors faits de torchis plaqué sur des pans de bois, et le tout est chaulé ou enduit ; le toit est en chaume (paille ou roseaux ; qui nécessite une pente de toit plus forte qu’actuellement).
Ensuite une rehausse en triangle aigu, en briques artisanales (voyez les différences de coloration et l’aspect un peu rugueux) qui remplacent torchis et bois, mais qui garde la pente forte nécessaire pour le chaume. L’étage n’arrive qu’une ou deux générations plus tard (voyez la différence : la couleur des briques est cette fois plus régulière, grâce à une fabrication industrielle naissante), lorsque la famille nécessite plus de place pour ses nombreux enfants (facilement 8 à 10 au début du 20e siècle).
Enfin, un ravalement de façade avec des briques industrielles lisses et régulières dont on ne voit que le côté long. Les ouvertures sont également adaptées avec la disponibilité de châssis plus grands (et double-vitrage) et le changement d’usage du bâtiment : la petite ferme est devenue une maison résidentielle.