Sans surprise, la terre représente l’activité économique la plus importante de la région. Les grandes exploitations que l’on connait aujourd’hui ne sont à l’époque pas possible car les terres sont très morcelées. Le petit paysan qui ne possède qu’un cheval ne peut mettre en valeur plus d’une « charrue » (unité de mesure qui indique quelle surface on peut cultiver avec une charrue et son attelage), c’est-à-dire 9.46 ha dans le Namurois. Plus souvent, le paysan doit se contenter de 6 à 8 ha. S’il n’en a que 3 ou 4, il doit trouver un autre emploi pour pouvoir faire vivre sa famille. Les fermes moyennes vont jusqu’à 40 ou 50ha. Les grandes, plus rares, peuvent dépasser les 100ha.
Le bœuf ou la vache restent les animaux de trait les plus courants. Cet animal est aussi un peu l’unité de mesure de l’exploitation, avec le matériel qui s’y rattache (charrue). Quant au cheval, le belge de trait, s’il travaille tout le jour, ne s’arrêtant qu’à midi pour manger son picotin, il coûte cher à l’achat et à l’entretien. D’autres mesures seront encore longtemps utilisées même après la guerre : le quarteron par exemple. Pour le grain, il y a surtout le muid. Dans les cours de la ferme, on mesure la force au portage des sacs.
En 1913, la terre de culture dans le Namurois vaut 3650 francs/ha mais c’est généralement largement dépassé en Hesbaye. C’est environ 2.5 fois le salaire annuel d’un ouvrier, ou 18.000€ aujourd’hui. La richesse foncière est donc concentrée aux mains des plus nantis qui attribuent les locations de terres ou les confient à un régisseur.