L’histoire de la Collégiale
Aux XIe-XIIe siècles, on trouve plusieurs églises sur le territoire d’Ibos mais Saint-Laurent va devenir la plus importante et le centre de la paroisse. De cette lointaine époque, l’église a conservé à ses pieds un cimetière de forme arrondie, vestige fossilisé d’un enclos ecclésial qui était ici exceptionnellement grand. Dans cet espace entouré de murs et de fossés la population pouvait trouver refuge en temps de guerres. Les derniers vestiges des fossés ont disparu au XIXe siècle mais leur présence explique le nom de « château » ou « forteresse » utilisé autrefois pour qualifier Ibos.
Cette église romane a été très vite remplacée par un édifice plus vaste dont il demeure une partie au niveau de la nef. Les six chapelles toujours visibles, établies entre des contreforts, font de cette église une collégiale, c’est-à-dire un lieu de culte desservi par un collège de prêtres appelés « prébendés ». Ils tiraient en effet leurs revenus de prébendes, ensemble de revenus constitués à partir de terres et de dons faits par testament. À Ibos, on ignore la date de fondation de ce collège mais beaucoup apparaissent dans des bourgs de la région aux XIIIe et XIVe siècles.
En 1342 Ibos devient le siège d’un archiprêtré, circonscription religieuse regroupant de nombreuses paroisses. Vers la même époque, le chœur actuel est mis en chantier avec l’objectif de rebâtir toute l’église. Seul le chevet sera terminé avec ses grandes baies permettant d’installer d’immenses verrières. Aux XVe et XVIe siècles, les parties hautes sont reprises et fortifiées avec chemin de ronde.
En 1569, durant les guerres de Religion, la Bigorre catholique est dévastée par des troupes protestantes venues du Béarn qui est à son tour ravagé. La collégiale d’Ibos est incendiée et pillée. En 1592, elle est investie par des ultras catholiques de la Ligue qui en font leur camp retranché. Lorsqu’ils sont chassés, une partie des voûtes et des défenses sont détruites pour éviter une nouvelle occupation des lieux.
Par la suite, l’église est restaurée. L’imposant clocher aux allures de donjon ne date en réalité que des années 1690. À l’époque baroque, un important mobilier est réalisé, dont il reste quelques éléments
Lors de la Révolution, les prêtres prébendés quittent la collégiale qui devient par la suite simple église paroissiale. Au cours du XIXe siècle, la Collégiale est restaurée avec des éléments de style néo-gothique ; elle est l’un des premiers édifices des Hautes-Pyrénées à être classé Monument historique, en 1862. Elle conserve toujours son ancien nom de Collégiale en souvenir d’un passé prestigieux qui demeure dans son architecture.
Les particularités architecturales de la Collégiale
L’édifice est caractéristique du style gothique languedocien avec une nef très large, des contreforts entre lesquels sont établies des chapelles qui pouvaient être percées de grandes baies divisées par des meneaux et des remplages de pierre. Ces ouvertures, au chevet de la collégiale, avaient été en grande parties murées ; toutes ont été refaites au XIXe siècle.
La calade
Avant d’entrer dans la Collégiale, on peut admirer le Parvis orné d’une calade (tapis de cailloux polychromes formant des motifs) signé Guy « le Paveur » et qui date de 1875 (à l’époque on signait toujours par son prénom). La restauration de ce pavage a été réalisée en 1994 par le lycée Professionnel Agricole Adriana qui est sur notre commune, guidés par Mr Andrey Trey d’Ibos, maçon, avec des galets blancs et noirs ramassés dans l’Adour par des élèves ingénieurs de l’ENIT de Tarbes. "
On remarquera à l’intérieur :
- La clé de voûte du chœur, décoré de la figure de saint Laurent et de blasons.
- L’imposant maître-autel galbé, en marbres variés, établi au XIXe siècle par l’artiste bordelais Jaboin. Il est encadré par deux anges adorateurs.
- Les nombreux sièges alignés le long des murs du chœur et surmontés de boiseries (XVIIe-XVIIIe siècles). Y prenaient place l’archiprêtre, les prêtres de la Collégiale, d’autres prêtres, enfants de chœurs, chantres… d’où leur nombre important.
- Les murs sont ornés de plusieurs grands tableaux du XIXe siècle, certains copiés d’œuvres connues par des gravures. Ils sont dus aux pinceaux de Lataste, professeur de dessin à Tarbes et au père Pibou, prêtre de Garaison. Un tableau plus petit représente le visage du Christ sur un linge (Sainte-Face).
- L’ensemble remarquable des vitraux à personnages et décor d’architecture, réalisés dans les années 1850 par l’atelier Goussard, de Condom (Gers).
- La statue de saint Laurent, en bois sculpté, peint et doré (XVIIe siècle). Laurent était diacre à Rome du pape Sixte II (statue placée en face). Ce saint était d’origine espagnole, son culte à Ibos montre l’importance des relations entre les deux côtés de la frontière.
- La chaire à prêcher en bois sculpté et doré, ornée de médaillons. Elle est attribuée à Marc Ferrère, membre d’une importante dynastie de maîtres-sculpteurs d’Asté.
- La cuve des fonts baptismaux, ancien bénitier, en marbres de Campan.
- Chacune des six chapelles possède un autel dédié à un saint différent (comme les vitraux) qui renvoie parfois aux anciennes confréries de métiers qui existaient à Ibos.
Sources : Association Demain la Collégiale, classe Patrimoine du collège Paul Éluard, Stéphane Abadie, Thibaut de Rouvray.
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