Typiquement rural, le lavoir est l’endroit où l’on vient exclusivement laver son linge. Il participe à la vie courante de la communauté paysanne et occupe une place importante au sein du village ; il était le lieu de rendez-vous des lavandières qui, contrairement à une représentation très répandue, s’y rendaient le plus souvent pour rincer le linge et non le laver. Beaucoup de ces lavoirs n’ont malheureusement pas survécu à l’invention des machines électriques mais plusieurs d’entre eux restent aujourd’hui des témoins d’une époque révolue. L’Ardenne et la Lorraine et leurs villages traditionnels conservent un nombre conséquent de lavoirs. La forte concentration de lavoirs dans la province du Luxembourg a également une explication historique. En effet, en 1866, une épidémie de choléra envahit la province et incite les autorités publiques à prendre des mesures en faveur d’une amélioration de l’hygiène des populations. La construction des lavoirs permet ainsi d’améliorer les conditions de nettoyage du linge, ce dernier étant auparavant lavé dans les rivières, les ruisseaux ou les mares qui étaient également le lieu de nettoyage du matériel agricole. Plusieurs d’entre eux sont aujourd’hui protégés par une mesure de classement. C’est le cas de celui de Torgny, situé sur le haut de la rue Grande. Érigé au XIXe siècle en pierre calcaire, il contient deux bacs de grande dimension, à l’intérieur d’un bâtiment semi-ouvert de plan carré. L’édifice est porté par sept piliers reliés entre eux par des hauts murets et est protégé par une bâtière d’ardoises dotée d’un pignon débordant à l’arrière. Accolé au pilier central de la façade, un ancien calvaire du XVIIIe siècle a été déplacé du pignon arrière, où il se trouvait à l’origine. Sur un haut socle à table profilée, il présente un fût monolithe légèrement trapézoïdal surmonté d’une croix à mouvement d’accolade dans les bras. Il est orné d’un Christ en croix et gravé de l’inscription INRI (Iezus Nazarenus Rex ludaeorum – Jésus le Nazaréen, roi des Juifs).
Classement comme monument le 29 avril 1982