Située à la frontière avec la Belgique, cette rue abritait une brigade de douane. Ce bureau se trouvait à l’entrée de la rue, face au cabaret « Aux Deux Nations », avant d’être installé dans les locaux de la rue du Mont à Leux. Ainsi la rue prit le nom de Vieux Bureau.
En 1905, Wattrelos compte un bureau des douanes, situé à la gare (actuel conservatoire) qui dirige 9 brigades de douaniers dont celles rue de Leers, rue François Mériaux, rue Jules Guesde, rue Georges Philippot, rue de la Martinoire, rue du Sapin Vert et rue du Touquet. Ils ont pour vocation de lutter contre l’introduction en contrebande des marchandises sur les 13km de frontière que compte la ville de Wattrelos avec la Belgique, ce qui n’est pas une mince affaire, puisqu’à Wattrelos tout le monde fraude. D’ailleurs, le journal quotidien fait part très fréquemment d’arrestations de fraudeurs à Wattrelos, de saisies de marchandises ou d’affrontements entre patrouilleurs et bandes de fraudeurs.
En effet, la contrebande est pratiquée par tout à chacun : les petites gens, les commerçants, les notables. Les marchandises de la vie quotidienne étant beaucoup moins chères en Belgique, les frontaliers n’hésitaient donc pas à frauder. De nombreux subterfuges furent mis en place, comme cacher les marchandises sous les jupes des dames ou dans les landaus des enfants. Les jeunes enfants étaient également mis à contribution par leurs parents pour faire passer de petites marchandises, par exemple des boîtes d’allumettes. Régulièrement, les douaniers cachés dans la campagne wattrelosienne arrêtaient des chiens servant de mules pour faire passer la contrebande entre Belgique et France.
Laissez nous vous conter cette anecdote : dans les années 1930, les fraudeurs avaient eu vent d’une visite en Belgique du cardinal Liénart (célèbre évêque de Lille durant 40 ans) et de son retour par un poste frontière de Wattrelos. Un peu avant l’heure prévue, une grosse limousine noire se présenta devant les douaniers. À son bord, de faux ecclésiastiques et des centaines de kilos de tabac franchirent la frontière. Les douaniers ouvrirent respectueusement la barrière, sans contrôler le véhicule. Peu de temps après, une deuxième limousine souhaita passer la frontière. Les douaniers, étants persuadés d'avoir déjà fait passer la voiture, furent assez étonnés... C'était finalement le vrai cardinal qui s'est présenté au poste frontière et qui fut fouillé de fond en combles, à sa grande surprise...
Sur ce bureau de douanes (dans la rue du Vieux Bureau, numéro 528), une plaque en l’honneur de Maurice Deghouy était apposée. Maurice Deghouy est un douanier wattrelosien membre d’un réseau de résistants affilé au War Office, le Ministère de la Guerre Britannique. Maurice Deghouy est arrêté le 14 février 1944 sur son lieu de travail, au poste du Touquet. Il est emmené à Lille pour subir un interrogatoire durant lequel il fut violemment torturé. Plus personne ne le revit après son arrestation. Seule sa veste d’uniforme ensanglantée fut remise à sa femme qui habitait la caserne des douanes du Sapin Vert.
À Wattrelos, les douaniers occupent une place stratégique dans la Résistance. En effet, ils ont connaissance des mouvements quotidiens des troupes allemandes. Répartis entre les postes du Touquet Saint-Gérard, de la Martinoire et de la Houzarde, seize douaniers wattrelosiens participent activement à la Résistance. À la Libération, les douaniers déplorent quatre disparus pour fait de résistance : Maurice Deghouy (dont on apprendra finalement la mort en déportation en 1945), Marcel Desprez, Gilbert Duhayon et Maurice Meirlandt.