Nous sommes ici dans une rangée de maisons de tisserand, dites maisons à otils, un mot picard pour désigner le « métier à tisser ». Le début du XIXème siècle voit l’apparition de rangées en campagne, où sont regroupés des ouvriers travaillant à domicile sur des métiers à tisser à la main. L’architecture type des maisons à otils est reconnaissable : une fenêtre pour la pièce à vivre et une autre pour l’ouvroir où était installé le métier à tisser.
La vie du tisserand à domicile n’était pas facile. Par exemple, en 1870, payé au mètre d’étoffe, le tisserand wattrelosien travaillait entre 12 et 14h par jour. Sa pièce d’étoffe terminée, il la rapporte au fabricant pour qu’elle soit travaillée. Le transport de celle-ci se fait à l’aide d’une brouette ou sur une « carrette à kien », comprenez charrette tirée par un chien. Plus tard, les tisserands ont rejoint les usines textiles de Wattrelos, mais aussi de Roubaix et Tourcoing, qui leur garantissaient un salaire plus régulier. Toutefois, il arrivait que des grèves éclatent, comme en 1880. Les ouvriers avaient alors cessé le travail pour obtenir des augmentations que justifiait la hausse du coût de la vie : en effet, en 5 ans, le kilo de beurre ou de pommes de terre avait doublé.