La coquette chapelle Saint Roch, située au centre de Forrières Saint Martin, à la croisée des routes de Wavreille, de Lesterny, d’Eccourt et de Notre Dame, s’élève à l’endroit même où se trouvait la chapelle dans laquelle se célébraient les offices divins pour les paroissiens de cette partie du village.
Ce premier sanctuaire beaucoup plus vaste que le second, dépendant de Rochefort, fut bâti en 1636 par suite d’un vœu. Plus tard,
de 1666 à 1808, cette chapelle fut administrée par la collégiale de Nassogne, puis devint vicariat de Wavreille jusqu’en 1840. Au cours de cette année, elle fut supprimée et les paroissiens de Forrières Saint Martin, avec ceux de Forrières Notre Dame formèrent
la paroisse actuelle dédiée à Saint Martin. La chapelle, existant encore fut démolie en 1867. Elle fut remplacée par un sanctuaire qui fut lui-même transformé en 1953.
Mais quelle fut l’origine du premier sanctuaire et pourquoi l’avoir dédié à Saint Roch?
En 1636, rapporte un chroniqueur de l’époque, une sécheresse effrayante désola la Famenne et l’Ardenne. «Sécheresse amène
Chéresse». La cherté des vivres réduits un grand nombre d’habitants à la plus cruelle misère. L’ouvrier était sans ouvrage et souvent sans un morceau de pain. Pour nourrir sa famille, on le voyait disputer aux animaux domestiques des grains d’avoine ou quelques morceaux de betteraves. Cette disette engendra des maladies et notamment ce fléau terrible qu’est la peste noire.
Il fit d’affreux ravages dans tous les foyers. Pas un homme de la route de Lesterny ne survécut.
Que de larmes et que d’angoisses !
Tous les efforts de la science furent impuissants à conjurer le fléau, et, de la population dévastée, il ne resta de valides que quelques
chefs de famille. Et encore, la mort planait sur leur têtes. Ils prirent la décision de se rendre à l’église de Rochefort pour demander la
protection de Saint Roch. Ils firent vœu de lui bâtir une chapelle et de célébrer sa fête. Plein de confiance, ils reprennent le chemin du retour au milieu des sentiers escarpés et rocailleux. Leur premier soin en rentrant fut de désigner l’endroit où serait bâtie cette chapelle et, avant la fin de la neuvaine, ils voulurent eux-mêmes poser la première pierre; ils scièrent ensuite un tronc d’arbre qui servit de piédestal et y placèrent la statue de leur saint protecteur.
Leurs premiers efforts furent récompensés et leur fervente prière exaucée, car, dès ce moment, le fléau cessa. Tout danger était
disparu et depuis cette époque tricentenaire, aucun cas mortel de choléra ne fut plus jamais enregistré.
D’après Monsieur l’abbé Doucet, en 1866, une épidémie de choléra fit de nombreuses victimes dans plusieurs localités voisines,
mais aucun cas ne se présenta à Forrières.
Le sanctuaire, selon la promesse, fut élevé la même année. De bouche en bouche, la nouvelles se répandit dans les environs; la statue de Saint Roch fur bientôt l’objet d’un culte fervent. Un chroniqueur rapporte que les pèlerins étaient jadis précédés de
cavaliers qui tiraient des coups de feu aux abords de la chapelle.