L’idée de relier Liège à Anvers n’est pas neuve, puisque Napoléon et Guillaume d’Orange y avaient déjà pensé ! Dès 1859, il était possible de naviguer depuis Liège vers Anvers mais en faisant un crochet par les Pays-Bas puis par l’Allemagne en empruntant trois canaux : Liège-Maastricht, Maastricht-Bocholt (ville allemande située entre Eindhoven et Aix-la Chapelle) et enfin Bocholt-Anvers. Ce trajet pouvait prendre jusqu’à 16 jours !
La découverte de la houille dans la région limbourgeoise à la fin du 19e siècle accélère encore un peu plus le besoin de relier Liège à Anvers directement, afin d’augmenter la capacité d'exportation de ces régions et d'alimenter l'industrie métallurgique en coke, le charbon liégeois ne le permettant plus. Le but du canal Albert est donc de relier Anvers à Liège, en passant par les charbonnages du Limbourg.
Dès 1923, l’État crée un groupe de réflexion à ce sujet. Les travaux de construction du canal Albert, inaugurés par le roi Albert Ier, commencent en 1930. Ses extrémités sont constituées de deux ports : l’un déjà existant (Anvers) et l’autre à construire (Liège). Le premier port à être construit spécifiquement pour le canal Albert sera celui de l’île Monsin. La fin des travaux du canal était initialement prévue en 1941 mais elle est accélérée pour coïncider avec l’organisation de l’Exposition internationale de l’Eau à Liège en 1939.
Le canal, qui était pourtant une véritable prouesse technique pour l’époque, souffre lors de la guerre par la destruction de ponts et de ports ainsi que par son assèchement. La navigation reprend normalement son cours en 1947. Le canal est ensuite modernisé pour constituer une véritable success-story, puisqu’il a aujourd'hui un impact important sur l'économie belge.
Depuis 75 ans, le canal Albert est essentiel à l'économie liégeoise. Grâce à lui, non seulement Liège est relié aux ports de l'Escaut mais aussi au réseau fluvial le plus dense du monde : celui du Rhin, de la Meuse et de l'Escaut, qui compte pas moins de 20 000 km. Ce canal est donc incontestablement central pour le Port autonome de Liège.
Sources :
www.wallonie.be,
www.ihoes.be (Institut d’histoire ouvrière, économique et sociale),
www.portdeliege.be,
Hélène Thiébaut (Port autonome de Liège),
PLANCHAR R.-A. 75e anniversaire du Port autonome de Liège : un canal et trois hommes (1936-2011), Liège, éditions Céfal, 2011.
La Route du Feu