Escaliers du Roy

Ces escaliers dits du « roy » doivent leur notoriété à une célèbre légende datant de 1650 mettant en scène le jeune roi Louis XIV, un figuier et un moine. On est à l’époque de la Fronde. Bordeaux s’est insurgée contre le pouvoir. Négociations, intrigues et émeutes secouent la région. Le Cardinal Mazarin, chef du Conseil, est chargé de rétablir cette situation de guerre civile, fâcheuse pour le royaume. Il se déplace avec le jeune Louis XIV, pas encore âgé de 12 ans, la Reine régente et de nombreux nobles de la Cour. Après une première installation à Libourne, ils décident de rejoindre Bourg afin d’être plus en sécurité et de s’assurer une position plus stratégique sur le confluent.

Le roi arrive donc à Bourg le samedi 27 août 1650, vers les cinq heures de l’après-midi. L’équipage royal entre par la porte de Saint-André et se dirige vers la citadelle. Aux fenêtres des maisons, les Bourquais scandent des « Vive le Roi ! ». Le maire et les jurats de Bourg attendent le roi sous les galeries du Château de la Citadelle et lui remettent solennellement les clefs de la ville… Le gouvernement s’installe dans le couvent des Récollets où se situe aujourd’hui l’église Saint-Géronce. Et Bourg devient ainsi la capitale du Royaume de France !

Alors que 10.000 hommes de son armée commencent le siège de Bordeaux, Louis XIV qui n’est qu’un enfant partage son temps entre l’éducation que lui donne sa mère et quelques maigres occupations. La légende raconte qu’alors qu’il prenait un moment de récréation dans la cour des Récollets, son attention fut attirée par un beau figuier aux fruits très alléchants. Hélas, les branches étaient trop élevées et le roi ne pouvait attraper les figues. Un moine passant par là entreprit de l’aider en le soulevant dans ses bras. Mal lui en prit ! Les gardes aux aguets l’empoignèrent et le jetèrent en prison, l’accusant du crime de « lèse-majesté » pour avoir osé porter la main sur le roi. Par chance, la Reine mère s’amusa de ce récit rapporté par son fils. Elle ordonna la libération du moine dont le seul délit était d’avoir voulu rendre service. Depuis cet épisode cocasse, les escaliers qui appartenaient au couvent portent le nom « d’escaliers du Roi ».

Le 28 septembre, la paix fut signée avec les Bordelais dans le réfectoire du couvent des Récollets. Le 5 octobre 1650, le roi quitta Bourg par le fleuve. Une galère de 40 rameurs avait été envoyée à son attention par la Jurade de Bordeaux. Imagine le port de Bourg lorsque la galère s’éloigna, escortée de 23 fiers vaisseaux et d’une nuée de petites barques…