Ancien canal de l'Ornain

Nous rejoindrons l'ancien canal de l'Ornain aujourd'hui asséché qui forme un sentier au milieu de Revigny et passe derrière les jardins pour rejoindre ensuite la voie Saint Jean.Le canal, long de 11 kilomètres, qui alimentait les moulins de la Ville et le moulin d’Amont prenait naissance à la limite des territoires de Revigny et de Laimont. Creusé entre les 10ème et 12ème siècles, il alimentait en eau les fossés de la Maison Forte et rejoignait la Chée à Alliancelles.Le moulin de la Ville devient très vite insuffisant pour la population de Revigny. Le Sieur Delamotte est autorisé à construire un moulin à eau sur son fief des « Gravières », ainsi qu’un canal pour l’alimenter. En 1805, il existait également un petit moulin, dit « moulin des Bas-Champs » en aval du Moulin de la Ville, ce qui portait à quatre le nombre des moulins à Revigny. En période estivale, les canaux manquent d’eau et les moulins ne peuvent moudre le grain. Il est donc nécessaire de trouver d’autres activités. Le Moulin Guillaume, dit Moulin de la Ville, qui possède toujours une huilerie, installe une pilerie d’écorces. Vers 1850, le moulin des Gravières se dote également d’une pilerie d’écorce ainsi que d’une batterie. Vers la fin du siècle, les habitants cessent de faire moudre leur grain : ils préfèrent le donner aux boulangers nouvellement installés qui cuiront leur pain en échange. Les batteries des moulins sont abandonnées et le moulin des Gravières trouve sa reconversion dans le broyage –fort rémunérateur- des nodules de phosphates de chaux (les coquins) utilisés comme engrais. Les autres meuniers se convertissent à leur tour à la fabrication d’engrais. 1873, Alcide Bister, propriétaire de gisements de coquins, rachète le moulin de la Ville et le modernise. L’arrivée du « Tacot », train à voie métrique, qui passe devant son moulin, permet le transport des sacs vers la gare de Revigny d’où ils sont expédiés vers d’autres régions. Le dernier quart du 19ème siècle, les machines à vapeur vont remplacer peu à peu les machines hydrauliques pour la production d’énergie. Les moulins de Revigny produisent à cette époque de 500 à 660 quintaux d’engrais. Mais d’autres types de phosphates viennent concurrencer les coquins et, au début du 20ème siècle, une nouvelle reconversion est indispensable : le « moulin des Bas- Champs » devient une fabrique de meubles, puis une ferme, celui « des Gravières », racheté par Monsieur Oudot, devient un atelier de mécanique et de vente de machines agricoles jusqu’à sa fermeture, en 1983.Le Moulin de la Ville connaît une toute autre activité : utilisant toujours la force hydraulique pour produire de l’électricité, on y fabrique des articles en ciment. Alcide Bister tente également de produire des statues animalières, d’après les modèles de Prosper Lecourtier. Deux lions et deux vaches, grandeur nature, sortent des ateliers.Les deux vaches sont toujours visibles, l’une dans une propriété privée de Revigny Avenue du Général Leclerc, l’autre, classée monument historique, trône fièrement au-dessus de la fontaine de Villotte-devant-Louppy, commune dont Alcide Bister est originaire et où il est inhumé. En 1967, la digue du « Pont à la Nef » est rompue. Le canal qui alimentait le moulin de la Ville se tarit. Peu à peu comblé, il n’en reste aujourd’hui qu’une partie du tracé. (texte extrait de "Revigny d'hier à aujourd'hui" par Bernard Parisse - 1999)