La station 15, « La Mère de Dieu se pâme de douleur », a été, comme de nombreuses stations du «Grand Voyage », maintes fois déplacée.
Romanet Boffin fait ériger cette station dans la grande rue qui va de la collégiale Saint-Barnard à la porte de Clérieux — à peu près l’actuelle rue Pêcherie. Elle a alors la particularité d’abriter l’unique statue signalée dans le chemin de croix — elle est protégée par de «grands barreaux de fer ».
Rebâtie après les guerres de Religion, elle est à la fin du 19e siècle décrite comme une « niche dont le grillage, les colonnes et le fronton sont en bois ».
La station 15 abrite, un bas-relief représentant la pâmoison de Marie, réalisé par Duilio Donzelli (1882-1966). Le sculpteur, originaire d’Italie, installé en Lorraine avant le début de la Seconde Guerre mondiale, est obligé de fuir à Valence avec sa famille en 1940. Résolument antifasciste, il aurait laissé une trace de ses convictions dans le bas-relief réalisé pour cette station.
Au-dessus de la Vierge soutenue par saint Jean figurent, dans la partie supérieure gauche, des soldats romains portant un faisceau de licteurs.
Représenter cette arme, à cette époque, ne relève probablement pas d’un caprice d’artiste.
Symbole à l’époque antique, de l’imperium — pouvoir de contraindre et de punir —, il est devenu le symbole du fascisme italien lors de l’avènement de Mussolini au pouvoir en Italie.
Représenter un soldat romain avec une telle arme n’est pas un anachronisme, mais peut sous-entendre l’assimilation par le sculpteur du pouvoir romain, persécuteur de Jésus, à un régime
oppresseur et fasciste, et sa dénonciation.