Vers la droite, l'esplanade de la Bédisse ainsi nommée, car de petits arbustes (les bédisses) y poussaient autrefois avant la construction du quai par les prisonniers espagnols de Napoléon 1er.
La Bédisse, située hors des murs de la ville, était sous Louis XIV, un lieu de rixe.
Au bout du quai, il reste encore 3 gros anneaux, derniers vestiges d'une longue histoire : la navigation sur le Lot et le flottage du bois.
Cette rivière fut toujours une voie navigable, mais seulement officiellement jusqu'au 10 juillet 1835, par Ordonnance Royale, lorsque la basse vallée du Lot fut aménagée.
Nous devons savoir que dès 1551, Entraygues était un gros port et disposait de 20 à 25 bateaux qui portaient à Cahors, situé à 30 lieues, du vin, du fromage, du seigle, du bois... Il n'y avait pas de routes et le trafic se faisait par le Lot. Au 18e siècle, on utilisait cette voie 6 mois par an, de novembre à avril, lorsque la rivière était "marchande" (plus importante) disait-on.
En l'An III (1794) existait à Entraygues un syndicat de la Marine.
Les grands bateaux utilisés alors, les "Gabares", pouvaient transporter de 18 à 27 tonnes. Ils étaient vendus avec leur chargement, notamment des merrains (planche de bois pour fabriquer les douves des tonneaux) lorsqu'ils arrivaient à Cahors (région de vignobles). Ils étaient ensuite envoyés vers Bordeaux. Dans le courant du 19e siècle, remontaient de Bordeaux épices et poissons de mer, la fameuse morue séchée et fumée, "stockfisch". Les occitans remplacèrent ce terme par "estofis". Le plat préparé avec des pommes de terre s'appelle "l'estofinada" (Almont les Junies étant aujourd'hui le fief de cette spécialité locale). Au début du 20e siècle vivait encore à Entraygues le dernier responsable de la navigation sur le Lot, Turlan, dénommé l'Amiral, mort en 1912.
Le coup de grâce fut donné au transport fluvial par le développement du chemin de fer, puis du système routier à la fin du 19e siècle (1880/1900).