Jusqu’à la fin du XVIIIème siècle, il faut aller laver le linge directement dans la rivière. Mais cela n’est pas pratique car souvent loin et peu hygiénique. On fait donc construire des lavoirs dans de nombreux villages. Rapidement, ils deviennent des lieux animés, de rencontres et d’échanges.
L’architecture de celui de Madiran est typique des lavoirs de Bigorre. Il est assez grand avec deux bassins couverts, cela laisse présager que la population était importante à Madiran à cette époque.
Le lavoir et la fontaine portent le nom de Mouras, mais pourquoi ce nom qui fait écho aux maures ? Et bien il y a une légende autour de ce lieu !
Selon la légende de la fontaine des Mouras, les troupes Sarrasines en déroute après leur défaite à Poitiers, prennent leurs quartiers à Madiran avant de passer en Espagne. Une bataille a lieu, à leur tête se trouve le chevalier Jehan. Les combats sont rapides, sanglants et les cadavres des madiranais jonchent les coteaux. Les Sarrasins installent donc leur campement en contrebas du village en ruines. Parmi les servantes du chef maure, se trouve la belle Mayka. Le soir, elle se rend à la fontaine pour y remplir sa jarre d’eau.
Elle entend tout à coup les râles d’un mourant au milieu des joncs. Au lieu de fuir, elle s’avance et écarte les branches. Un guerrier gît dans l’herbe. Transpercée par une flèche, sa côte de maille est rouge de sang. L’homme est d’une beauté royale. Il s’agit du chevalier Jehan. Mayka, émue par ce noble ennemi, se penche pour lui offrir à boire et lui promet de guérir sa blessure. Elle retourne au campement pour aller quérir de quoi soigner le chevalier au bord de l’agonie.
Alanguie par son amour naissant et harassée par les terribles émotions de la journée, la belle Mayka s’endort au côté de son chevalier.
Au matin, les troupes se préparent au départ vers l’Hispanie. C’est un hurlement terrible qui réveille Mayka et Jehan. Arrachés à leur lit de joncs, ils sont aussitôt attachés à des arbres. Le chef maure prononce alors la sentence : Mayka devra regarder Jehan brûler vif. Abandonnée par les siens, elle est recueillie par des madiranais charitables.
La légende veut que Mayka repose près de la fontaine, à l’endroit où elle s’allongea près de Jehan.