En des temps lointains, une langue de terre reliait l’île aux Moines à l’île d’Arz. Sur Arz, vivait une riche famille noble. Leur héritier s’éprit d’une fille de pêcheur de l’île voisine. Si pauvre que personne ne l’eût remarquée, n’était sa grande beauté. Mieux, elle chantait à merveille. Séduit, le garçon persistait à vouloir l’épouser. Désirant éviter une mésalliance, ses parents le remirent aux moines qui l’enfermèrent en cellule, pour le contraindre à réfléchir. Avertie, la jeune fille venait chanter sous les fenêtres du prisonnier d’Arz. Si son élégance touchait les passants, le charme de sa voix troublait les religieux derrière la clôture. Excédé, le prieur suppliait le Ciel de chasser la tentation. Une nuit, l’eau monta si violemment qu’elle emporta la chaussée, séparant définitivement Arz de l’Ile aux Moines. Accident ou suicide, la jeune beauté se noya, emportée par le courant. Depuis, quand l’air est très calme, on perçoit, montant des profondeurs, une mélodie d’autant plus captivante qu’elle est ténue.