Au bord du Cailly, petit affluent de la Seine, et à l’entrée ouest du village, se dresse la bâtisse plus que centenaire d’un ancien moulin à blé. Cette bâtisse, toujours flanquée de la roue à aubes qui actionnait les meules, repose sur d’importants blocs de grés. Elle s’élève sur trois étages et ses murs, constitués de deux types de briques, témoignent des différentes phases de reconstruction et d’agrandissement effectuées au cours du XIXe siècle. En effet, sur cet emplacement existait déjà un vieux moulin qui avait appartenu sous l’ancien régime aux Abbés de Fécamp, puis à la nation française consécutivement à la confiscation des biens du clergé pendant la révolution (1789 – 1799), d’où l’origine de son nom.
Remis en vente en 1807 par la caisse d’amortissement du Domaine Impérial (1), il fût acquis, la même année, par le Sieur David Dubuc, fabricant à Rouen. D’autres propriétaires lui succédèrent qui entreprirent soit les travaux de reconstruction, soit les travaux d’agrandissement tel que François Vendémiaire Delamare (2). L’un d’entre eux (Mme Vve Edet) obtint l’autorisation d’utiliser la force hydraulique par ordonnance du roi Louis Philippe datée du 16 février 1846.
Malgré tous les efforts de modernisation faits par les différents meuniers et notamment par le dernier, Pierre Acloque, le moulin cessa définitivement de produire de la farine en 1958. Il est maintenant dépourvu de tout matériel de meunerie, mais subsiste encore la roue à aubes en parfait état de fonctionnement. Celle-ci est reliée par l’intermédiaire de plusieurs organes de transmission à un générateur lequel peut fournir occasionnellement de l’électricité.
Pour entrer un peu dans les détails techniques, la roue est du type « de côté », elle mesure 5 m de diamètre et 1,20m de large. Elle est principalement métallique à l’exception des 40 aubes qui sont en bois de différentes espèces (chêne, acacia, azobé). Elle tourne normalement à 4 tr/ min. et entraîne directement sur son axe un rouet de fosse équipé de dents en bois de charme. L’ensemble de transmission constitué d’un pignon complémentaire droit, de deux poulies à gorge et quatre poulies plates permet d’obtenir une vitesse de rotation finale de 1 000 tr/min. La hauteur de chute étant de 1,70 m et le débit de la rivière estimé à 300 l /s, la puissance maximale utile est de l’ordre de 3kW.
Progressivement restauré en habitation, il est devenu depuis mai 2010 un pittoresque et confortable gîte rural pouvant accueillir 6 à 8 personnes. Sa majestueuse roue contribue au charme du site et les engrenages intérieurs associés à la génératrice d’électricité protégée par un dispositif de sécurité très particulier font l’étonnement de tous !
(1) Recherches effectuées par Alain Dugard, historien local
(2) Père d’Edouard Delamare-Deboutteville, inventeur de l’automobile moderne