D’une superficie de plus de 5000 ha, le marais de Saint Louis Saint Simon est un marais d’eau saumâtre longeant l’estuaire de la Gironde. Au sud de celui-ci, se trouve le Petit Marais Blayais (environ 1000 ha, essentiellement sur les communes d’Anglade, de Saint-Androny et de Saint Genès de Blaye), et à l’est, le Marais de la Vergne (environ 800 ha, sur les communes de Braud et Saint Louis, d’Etauliers et d’Anglade). Ces marais sont donc en connexion étroite les uns avec les autres, faisant ainsi partie d’un grand ensemble de 15 000 hectares de marais estuariens, répartis sur les départements de la Gironde et de la Charente Maritime.
Cette vaste zone humide s’est réellement formée au Moyen-Age suite à une nouvelle diminution du niveau des océans et aux dépôts sédimentaires des cours d’eau qui rejoignaient lentement l’océan. A cette époque, ces terres inhospitalières gorgées d’eau étaient inexploitables par l’homme et contribuaient au développement de maladies graves. Pour y remédier, le Duc de Saint Simon, gouverneur de la Citadelle de Blaye de 1630 à 1693, s’est appuyé sur le savoir d’ingénieurs hollandais pour entreprendre de grands travaux de poldérisation dès la moitié du XVIIe siècle. Pour drainer les sols, de nombreux canaux quadrillant le marais furent creusés à la force des bras et une digue de 2,5 m de haut fut édifiée tout le long de l’estuaire, afin d’éviter les inondations des marées.
Dans la partie nord de ce marais, un chemin de ceinture marque la limite entre une zone plus haute, au sol sec, accueillant les habitations, d’une zone basse, plus humide, aménagée donc par l’homme depuis le XVIIe siècle. Cette limite constituait encore jusque dans les années 2000 une limite administrative au regard de la pratique de la chasse sédentaire.
En arrière-plan de ce paysage de marais, se découpe le Centre Nucléaire de Production d’Electricité du Blayais duquel s’étirent par endroits des lignes à très haute tension. Mis en fonction en 1981, l’installation de ce site a nécessité quelques aménagements spécifiques comme cette « voie lourde », route renforcée pour supporter le passage de convois exceptionnels en provenance ou en partance vers la centrale.
Lorsque la bourde, grande perche en bois, n’était pas utilisée, de nombreux petits ponts de pierre permettaient de traverser les canaux afin de circuler entre les différentes parcelles du marais. Pour les différencier, la coutume voulait que la première femme qui franchissait un pont, lui attribuait son prénom. De petits bâtiments en ruine témoignent de l’évolution des habitations et pratiques agricoles. Les petits abris servaient au bétail, alors que les plus grandes constructions étaient habitées ; au sol, point de fondations, que le marais aurait déstabilisées, mais de la terre battue ou un simple dallage en terre cuite. La mitoyenneté de l’étable permettait de profiter de la chaleur émise par les bêtes. Le confort des habitations du marais a ensuite évolué grâce à l’arrivée de l’électricité en 1952.
Dans ce marais, les terres cultivées, où poussent céréales et maïs, se situent majoritairement en bord d’estuaire, dans le haut marais où les terrains sont les plus asséchés. Les prairies les plus humides se trouvent, elles, dans le bas marais, plus à l’intérieur des terres, où l’on retrouve aujourd’hui essentiellement les élevages d’ovins et de bovins.
Certaines rares prairies humides sont encore exploitées pour le jonc qui servait autrefois aussi bien à lier la vigne, qu’à pailler le fromage ou à faire de la vannerie. D’importance nationale dans les années 70, la Coopérative Agricole Des Producteurs De Joncs Du Blayais est encore très active. Cette culture traditionnelle des zones humides constituait à l’époque une activité agricole complémentaire. Pour être de bonne qualité, le jonc devait pousser 3 ans, dans un sol constamment gorgé d’eau, avant d’être récolté en fin d’été. Basée sur la commune, la coopérative propose des visites et démonstrations de vannerie (renseignement auprès de Rémi Gillard, Président, au 05.57.64.74.92).
Après un virage à droite puis, un peu plus loin, un virage à gauche, vous débouchez sur un carrefour. Sur votre gauche, en face du croisement, une cage en hauteur est placée non loin d’une cabane camouflée dans la végétation. En fonction de la saison, cette cage peut contenir un canard vivant permettant de pratiquer la « chasse à la tonne ».