En avril 1503, le Duchesse Anne de Bretagne permit à l'abbaye de Rhuys d'élever un troisième pilier de sa juridiction. La même année, les religieux firent dresser au Hézo un pilier signe de haute justice. Par un privilège, commun à cette époque, l'abbaye de Saint Gildas de Rhuys avait droit de rendre la justice sur ses terres ou fiefs qui dépendaient d'elle. Ce droit portait aussi le nom de juridiction. On distinguait alors trois sortes de justice: haute, moyenne et basse. La haute justice était celle qui pouvait condamner à la peine capitale. La moyenne justice avait droit de juger les actions de tutelle et des injures dont l'amende n'exédait pas 60 Sols. La basse justice connaissait des droits dus au Seigneur, du dégât causé par les animaux et des délits ne pouvant excéder 7 Sols 6 Deniers. Les religieux ne rendaient pas eux-mêmes les sentences, mais ils députaient à cet effet des laïques qu'on appelait "Officier de la juriction de l'abbaye". Le symbole de cette juridiction se dressait devant le chef lieu de chaque seigneurie ayant droit de justice. C'était un pilier de pierre. Il y avait autant de piliers que de justices exercées par la juridiction. Celui de haute justice était un gibet où l'on accrochait ordinairement les cadavres des suppliciés "jusqu'à qu'ils fussent dévorés par les oiseaux de proies ou qu'ils tombassent en putréfication", c'est ce pilier de haute justice que la Duchesse Anne accorde à l'abbaye de Saint Gildas de Rhuys.
Texte de Jean Claude Peron.
La croix de justice se trouve à proximité des chemins du Fourchêne et de Keroman.