La ferme que vous avez devant les yeux faisait jadis partie d'un ensemble plus vaste à vocation religieuse, le monastère de Saint-Sevère. Oui, il existait bien un monastère à Meeffe dont la première construction remonte probablement au VIIe ou VIIIe siècle. Quelques siècles plus tard, faute d'occupants, le monastère est cédé aux bénédictins de l'abbaye Saint-Laurent de Liège et devient un prieuré où s'installent quelques religieux. Mais la vie au prieuré de Meeffe ne ressemble pas à un long fleuve tranquille. Pillé et incendié à plusieurs reprises au fil des siècles, il voit à nouveau le nombre de ses moines se réduire comme peau de chagrin. C'est ainsi qu'en 1717, le prieuré de Saint-Sevère, toujours propriété de l'abbaye Saint-Laurent, devient désormais un bâtiment agricole.
Il persiste cependant encore aujourd'hui plusieurs traces de ce passé religieux telle cette ancienne pierre armoriée au-dessus de la porte cochère sur laquelle on devine cette inscription presqu'illisible, Numinis Ope. C'est la devise de Oger de Loncin, abbé de Saint-Laurent (1586-1633).
Tournez à présent votre regard vers la droite, vous découvrirez alors un bâtiment tout en pierre contrastant avec l'ensemble essentiellement construit en brique. Il s'agit de l'ancienne chapelle romane du monastère. Celle-ci reçut certainement quelques modifications gothiques, comme cette rosace dont on peut distinguer le cadre de pierre sur le mur opposé à l'entrée de la chapelle. La rosace, qu'ornait sans doute un vitrail à l'époque, est actuellement comblée par un mur de pierre et n'est pas facile à apercevoir.
La chapelle du prieuré, devenue une grange au début du XVIIIe siècle, voit sa porte d'entrée entourée de briques au XIXe siècle, œuvre d'un des habitants de la ferme.
Quant à saint Sevère, ses reliques ont déserté Meeffe pour trouver refuge à la maison-mère de Liège. Seul un buste du saint que l'on invoque contre les grandes sécheresses est vénéré dans l'église paroissiale.