Belle dimore e Belli giardini: Un tour urbano da Roubaix a Croix ...

Recycler les lieux, sport national roubaisien, et le Parc Barbieux n’échappe pas à la règle ! Il devait être un canal : début 19ème, l’industrie naissante à Roubaix a besoin d’une liaison directe entre le bassin minier et les ports de la mer du Nord, pour acheminer la matière première qu’est la laine, et en retour exporter les produits manufacturés. Les travaux du souterrain débutent en 1829 mais un suintement provoque un éboulement continuel des parois. Le chantier est abandonné, et le canal passera finalement ailleurs, entre Roubaix et Tourcoing. Le site prévu pour le canal se transformera donc en boulevards et en jardin, réalisés par Jean-Pierre Barillet-Deschamps et Georges Aumont, célèbres paysagistes du second empire. On tire parti du site en plaçant rivières, étangs et cascades dans le lit du canal. Le Parc Barbieux accueille en 1911, alors que Roubaix est à l’apogée de l’épopée textile, l’Exposition Internationale du Nord de la France. 1 700 000 visiteurs parcourent les 45 hectares d’installations, 421 exposants (dont des internationaux, Nouvelle Zélande et Australie) présentent leurs produits. Chaque pays est invité a amené une essence d’arbre, certaines sont encore visibles dans le parc. Le parc est très vite surnommée « le beau jardin » et considéré comme l’un des plus beaux parcs de France. D’une superficie de près de 35 hectares et d’un périmètre de 3 kilomètres, il s’étire sur environ 1.5 kilomètre. Il devient une zone résidentielle, la bourgeoisie roubaisienne quittant alors le centre ville pollué par les usines pour s’installer dans ce quartier plus aéré. De 2014 à 2017, le parc fait l’objet d’une réhabilitation patrimoniale et écologique : réfection des allées, restauration des éléments de décor, travaux d’étanchéité des bassins, création de circuits pour économiser l’eau...

Objectif : s’éloigner des fumées de leurs usines ! Voilà ce qui conduit les riches familles d’industriels textiles à s’installer dans le quartier Barbieux à la fin du 19ème. Le rang des drapiers en témoigne : ces 17 façades des n°52 au 88 construites pour la plupart par les architectes Dupire-Rozan et Dupire-Deschamps, sont d'une grande richesse architecturale et décorative. Les frontons, lucarnes, écoinçons, cartouches de ces hôtels particuliers exposent aux passants le faste et l’ostentation de leurs habitants. Leur style éclectique, qui revisite le classicisme ou la renaissance, est typique des villes du nord de la fin du 19ème.

Cette rue est une sorte de livre d’histoire industrielle à ciel ouvert. Au n°28, habite la famille Despature, spécialisée depuis le milieu du 19ème siècle dans la fabrication et le négoce de tissus. Au début des années 1950, les 3 frères, Joseph, Paul et Jules ont l’idée de fabriquer des sous-vêtements dans une matière dénommée Thermolactyl. Ils lancent la vente de ces produits par correspondance : Damart est né, abréviation de la rue Dammartin. Au n°12 se trouvent les bâtiments Art déco construit par les Verspieren, comme la société « Verspieren », fondée en 1880 par Alfred, premier courtier indépendant français. En 1920, son fils créée la compagnie Lloyd Continental français, spécialisée dans l’assurance des risques d’incendie de l’industrie textile. Sur la façade des bureaux apparaît la devise de la ville de Roubaix : Probitas Industriae (probitas signifiant intégrité et industriae, activité).

L’eau, c’est la vie, mais à Roubaix, c’est aussi une ressource indispensable… pour la survie de l’industrie textile ! Un débat public et technique est donc lancé pour résoudre cet épineux problème. Les eaux de la Lys sont choisies pour alimenter Roubaix et Tourcoing, et un service des eaux commun aux villes voisines est inauguré en 1863. Deux réservoirs sont construits en 1885 par l’ingénieur Auguste Binet. 45 ans et de nombreuses péripéties techniques plus tard, deux autres réservoirs sont ajoutées par l’ingénieur Nourtier. Tous similaires, ils offrent un bel alignement. Leurs façades en maçonnerie, d’inspiration classique et richement décorées, ne sont pas porteuses. A l’intérieur, une élévation à deux niveaux en béton armé, servant de support à la cuve. Le tout forme l’alliance réussie de la fonctionnalité de l’esthétique : bref, une réalisation « design » avant l’heure !

Si vous avez l’impression d’être face à un château du 17ème, votre impression est la bonne : c’est l’effet recherché par l’architecte Auguste Dupire-Deschamps quand il construit ce bâtiment au 19ème : un corps de logis, deux ailes en retour, et le tour est joué ! Les propriétaires ne sont pas châtelains mais industriels : les époux Ternynck et leur maison du même non, fondée en 1835, possèdents une filature et un tissage à Roubaix. La maison Ternynck est distinguée plusieurs fois lors des expositions universelles parisiennes pour la qualité de leurs draperies et lainage. L’hôtel Ternynck abrite aujourd’hui l’école Jeanne d’Arc.

Voilà un campus qui abrite une école prestigieuse, pépinière de jeunes talents, mais aussi des arbres centenaires… Le parc de 8 hectares est issu du partage d’un parc de 20 hectares, acquis début 20ème par le maire de Roubaix Eugène Motte. Il connaît plusieurs propriétaire successifs : IBM qui l’achète en 1985 pour y construire le siège de sa direction régionale, puis la Caisse d’Epargne, puis l’EDHEC en 2005. Le parc peuplé d’arbres centenaires tire force et beauté de la richesse de ses essences : érables, hêtres, tilleuls, charmes, marronniers, ginkgo, chênes… Parmi eux, des arbres rares : un cyprès chauve, un cèdre de l’Atlas, un tulipier de Virginie. Le parc n'est malheureusement plus accessible au public désormais.

Comme son nom l’indique, la rue verte longeait auparavant des champs, des bois et des fermes. Celle qui est l’une des plus anciennes artères connues de Croix s’appelait alors « verte rue ». Au 19ème, quelques groupes de maisons viennent remplacer les fermes. Puis, dès les années 20, des grandes propriétés avec parc s’établissent dans ce quartier peu urbanisé, situé au sud de croix, à la limite de Roubaix.

Vous voici au sommet de la montagne de Croix, à 32 mètres d’altitude, peu de risque de vertige ! Le nom du manoir est lié à cette topographie : « croquet » vient de « crinquet » qui en patois désigne une forte pente, ou bien une différence de niveau entre deux champs. La famille Pollet fit construire cette grande demeure, une des premières sur ce périmètre, aux grandes dimensions pour accueillir plusieurs couples de la famille en même temps. Après l’exubérance de la Belle Époque, la bourgeoisie se détourne des châteaux et de leur ostentation pour des demeures privilégiant le confort et le calme, dans des lieux arborés. Le Manoir est désormais une chambre d'hôtes. Possibilité de réserver au 06 07 17 89 18

Un château moderne, telle est la villa Cavrois. Château avec ses deux ailes symétriques et ses dimensions, une façade de 60 mètres et 2 800 m2 de surface. Et moderne par son équipement à la pointe pour l’époque : ascenseur, monte-plat, chauffage central, éclairage indirect, nombreuses salles de bain, bassin de natation extérieur et chauffé de 27 mètres de long. Cette demeure familiale de l’industriel textile Paul Cavrois est le manifeste de l’architecte moderniste Robert Mallet-Stevens, conçue comme une œuvre d’art totale, jusque dans les moindres détails. La famille Cavrois occupe les lieux pendant plus de cinquante ans, avant de vendre la maison en 1986. Abandonnée pendant plus de 10 ans, vandalisée, elle est rachetée par l’État en 2001. De 2001 à 2015, la villa est entièrement restaurée, pour être finalement ouverte au public. Se visite du mardi au dimanche, de 10h à 18h. www.villa-cavrois.fr

On ne peut qu’admirer cet édifice majestueux, d’inspiration renaissance flamande, d’une grande qualité architecturale. Il est composé en majorité de briques, avec des pignons à redans. Un ensemble de façades donne sur l’allée des Deux Lions, l’autre sur la rue d’Hem, avec des jardins. Le tout ceint par un mur de clôture forme un ensemble de grande élégance. Les bâtiments ont accueilli par le passé un orphelinat, et sont aujourd’hui occupés par une Centre Médico-Pédagogique.

Comme on peut s’en douter, une fontaine se trouve non loin d’ici… mais pas n’importe quelle fontaine, puisqu’elle recueille l’eau d’une source réputée miraculeuse, près de la chapelle du Croquet… Ce château, dont la première mention est faite au 13ème siècle, a connu et de nombreux propriétaires depuis le Moyen-âge, des Seigneurs de la Fontaine jusqu’aux industriels. Il a connu aussi de nombreux remaniements, le bâtiment actuel étant dans un style flamand avec décor maniériste. Classé monument historique en 1951, le château et son parc arboretum de 43 hectares appartiennent à Gérard Mulliez depuis 2003. Le lieu accueille désormais des séminaires d’entreprises ainsi que l’institut fontaine. www.institut-fontaine.fr/

On raconte qu’au Moyen-âge, un certain Sigismund, seigneur de Croix parti en croisade, devint aveugle au cours de son voyage. Mais grâce à l’intervention de la Vierge, Sigismund retrouva miraculeusement la vue : il décida donc de bâtir la Chapelle Notre-Dame de la Délivrance. L’histoire est belle, et on retrouve effectivement des mentions de cette chapelle dès le 12ème siècle… mais aucune trace de Sigismund ! Il paraît plus probable que cette légende romanesque soit née en 1862, un curé de Saint Martin souhaitant organiser un pèlerinage annuel à la chapelle, en particulier pour les personnes malades des yeux.

Ici, c’est le sud… le sud de Croix ! Et au cours de la dernière moitié du 19ème, le contraste entre le nord de la ville et le sud se renforcent, avec le Parc Barbieux comme démarcation. Au nord, même si on est loin de la surpopulation des villes voisines Roubaix et Tourcoing, la politique de construction de logements peine à suivre pour absorber les nouvelles vagues d’immigration ouvrière. Les habitations se renforcent le long des voies de circulation. Tandis qu’au sud-est, dans le quartier dit de la Fontaine, les terrains sont encore majoritairement constitués de bois, de prés et de champs, autour des châteaux de Beaumont et de la Fontaine.