Cité dès le XIe siècle comme fief des seigneurs de Pontevès, Barjols (dont le nom en provençal signifie « le beau rocher »), est un village construit au flanc d’une vaste colline calcaire, installé au carrefour de trois cours d’eau. L’eau est à la source de la richesse du lieu, qui a possédé jusqu’à 30 fontaines et 16 lavoirs. Elle explique aussi le développement de la tannerie, notamment dans le quartier du Réal, non loin de la collégiale Notre-Dame de Barjols, célèbre pour son prévôt devenu pape (Jean XXII), mais surtout pour une une fête locale, le 17 janvier (les tripettes), en l’honneur de saint Marcel.À la sortie est de Barjols, accessible par un chemin très escarpé depuis le haut du village (via un agréable gué) ou depuis la route de Pontevès, se situe le Vallon du Fauvéry, dit aussi Vallon des Carmes, classé comme espace naturel sensible protégé par le Conseil départemental du Var, qui a longtemps eu une fonction religieuse. Il s’agit d’une vallée encaissée très pittoresque, particulièrement appréciée par les randonneurs, marquée par deux belles cascades et dominée par une ancienne chapelle monastique troglodyte creusée dans le tuf. D’après la Description de la Provence d’Achard (1787), cette grotte aurait servi d’église pour les premiers chrétiens; elle a pu continuer d’être utilisée au Moyen-Âge.Le destin de la grotte est bien documenté à partir de la Renaissance. En 1552, une confrérie de flagellants s’installe dans la « Baume de Joachim » et y développe un lieu de culte marial. Leur succès les pousse à y aménager une chapelle dite Notre-Dame du Bon Refuge, bénie le 2 juillet 1649. On raconte que plusieurs miracles et conversions s’y produisirent, dans un climat de ferveur entretenu par la visite de Louis XIV à Cotignac, suivie de l’apparition de saint Joseph à Cotignac en 1660. Ceci poussa Benoît-Antoine de Clermont-Tonnerre, évêque de Fréjus, qui trouvait « le site si beau… qu’il inspire même la dévotion aux plus tièdes », à y installer une communauté de religieux. Il choisit les Carmes déchaux, ermites réformés par saint Jean de la Croix et sainte Thérèse d’Avila, qui arrivent en 1678. Ils y restent plus d’un siècle, jusqu’à la Révolution, aménageant une série de cavités dans la grotte. Après leur départ, le site prend une fonction industrielle (papeterie, moulins), aujourd’hui abandonnée. La zone artisanale des Carmes, créée au-dessus en 1981, et l’Arbre industriel sculpté par Michel Stefanini, en contrebas, en témoignent encore.La grotte des Carmes, récemment restaurée, se visite partiellement à partir des deux entrées. Le site, fragile et à protéger, reste empreint d’une atmosphère sacrée. Dans la nef principale, longue de 20 mètres, on retiendra surtout l’autel aux coquillages, rappelant Notre-Dame de Pitié au Val, qui abritait une statue de la Vierge Marie, et, en levant les yeux, d’admirables stalactites de concrétions calcites. Si l’ancien bâtiment des moines, en haut de la pente, a disparu, on peut toujours voir au détour du sentier l’ancienne fontaine des moines, ainsi que la grotte de l’ermitage, comprenant de vieux bas-reliefs et deux loggias dominant le Fauvéry. Un peu plus au sud, sur un belvédère pourvu d’une table d’orientation, la grande croix de fer du Castellas domine la vallée; elle a remplacé en 1964 la croix de bois de l’époque des Carmes, puis une première croix de fer datant de 1915.