Circuit Volcan en Liberté - Aiguilhe

Très longtemps appelé dyke, cet imposant rocher est aujourd’hui appelé neck qui veut dire cou en anglais. Un écrivain local, M. Mazoyer, admiratif devant cette vision, rédigea ceci en 1842 : « Mais ce qui mérite le plus la curiosité de l’étranger, c’est le rocher de Saint Michel, en forme de pain de sucre, dont la hauteur est démesurée, et au sommet duquel est bâtie une église avec un clocher qui commande l’admiration par la hardiesse de sa structure et dont l’ordonnance se distingue spécialement par l’heureux accord des lignes, parfaitement en harmonie avec la sévérité du style de l’église ». Ce fut un véritable exploit architectural que d’y bâtir la chapelle. Pour cela il a fallu, il y a plus de 1000 ans, creuser un chemin pour accéder au sommet, aménager une plate-forme et utiliser la pierre disponible sur place. Un chantier en hauteur et sur un espace de petites dimensions.

Le rocher Saint Michel et le rocher Corneille sont des morceaux de cheminées de deux anciens volcans aujourd’hui disparus. Ces deux cheminées étaient enracinées dans le sous-sol argileux alors que les volcans s’étendaient au-dessus, sous la forme de cratères de petites dimensions. C’est le creusement de la vallée de la Borne, située en contrebas, qui les a fait apparaître en ne laissant qu’une partie des deux cheminées. Chaque cheminée est constituée de couches épaisses obliques pour le rocher Saint Michel et proches de la verticale pour le rocher Corneille. L’érosion liée aux intempéries et aux végétaux continue de fragiliser les deux rochers. Il a fallu nettoyer l’intérieur afin d’y installer de nombreux équipements pour les solidifier (filets de protection, clous, etc.)

Il est difficile de s’imaginer que le rocher Corneille a été une grande carrière à ciel ouvert. La preuve est autour de vous dans les murs des bâtiments du Département. La pierre brun-verdâtre visible qui s’y trouve a été tirée du rocher pour construire ce qui a été autrefois l’hôpital général. L’exploitation de la carrière s’est arrêtée avant 1850 car des blocs tombaient dans la cour de l’hospice. Ce n’est qu’en 1860, que le projet d’installer une statue monumentale dédiée à Notre-Dame de France fut lancé. Avant de repartir, jetez un coup d’œil au tuf volcanique qui vous permettra de repérer les fragments de basalte noir noyés dans un ciment brun-verdâtre. C’est une roche qui s’est formée sous l’eau lorsque la lave arrivait à la surface, bien au-dessus du rocher actuel. Il faut dire que cela se passait il y a un peu plus de 2 millions d’années.

Devant vous, se dresse encore une des portes d’accès au bourg médiéval d’Aiguilhe. Pour les voir, observez attentivement certaines pierres pour rechercher les marques que nous ont laissées les tailleurs de pierres. Approchez. Regardez les petits motifs géométriques. Ce sont des signes gravés par les tâcherons employés par l’autorité locale. Ils travaillaient à la tâche rémunérée chaque jour. Et pour se faire payer, ils signaient leur travail. La petite chapelle Saint-Clair, dans le bourg d’Aiguilhe, présente aussi des marques comparables. Il suffit de les chercher dans les pierres de la chapelle : un jeu très facile.

En levant les yeux vous apercevrez que le rocher est constitué d’une multitude de couches inclinées qui se dirigent vers la route actuelle. De l’autre côté de la route, d’autres couches venaient également rejoindre ce lieu. En fait, vous êtes au centre de l’ancienne cheminée dont la partie proche de la rivière a complètement disparu. La Borne a creusé sa vallée en s’enfonçant progressivement depuis près de 900 000 ans. Les roches tendres d’argile qui entouraient l’ancienne cheminée ont été emportées par cette érosion qui s’en est même pris aux parties plus tendres de la roche volcanique pour ne laisser qu’un tout petit vestige. À la base du rocher, vous repérerez une roche grise qui se faufile dans la roche brune. C’est la dernière lave qui est montée dans la cheminée.