Découvrir la vallée de la Lys

La ville d'Aire sur la Lys doit son origine à la fondation vers le Xe siècle d'un castrum comtal, auquel fut adjoint en 1059, selon un usage très répandu, une église collégiale desservie par un chapitre de chanoines. Le bourg, qui se développe à l'abri de, et grâce à ces deux autorités (comtale et religieuse), prendra une pleine envergure grâce aux libéralités des comtes de Flandre. Possession du comté d'Artois (1237-1384), puis du duché de Bourgogne (1384-1477), Aire passe ensuite par un jeu de mariage et d'héritage, sous la domination espagnole. Période prospère, le règne des archiducs verra l'édification des principaux monuments de la ville : le chantier de la collégiale prend fin, un corps de garde (actuel Bailliage) s'élève à l'angle de la Grand'place... Cité frontière, la ville constitue un point d'appui des fortifications espagnoles (1493-1676) puis françaises (1676-1710), et connut, de fait, une histoire nourrie de sièges et de batailles. Après l'incursion néfaste des coalisés en 1710 laissant une ville ruinée, Aire devient définitivement française par le Traité d'Utrecht (1713), et amorce une reconstruction dans le plus pur style classique français, selon un règlement d'urbanisme précis. C'est donc un ensemble XVIIIe unique dans la région qui se déploie à l'échelle de la ville.

Suivre la D. 186E3 à l'entrée de Witternesse, direction hameau de la Besvre. 1ère sur la gauche, s'enfoncer à pied au bout du chemin privé. Elevée sur le soubassement en damier alternant grès-silex d'un château féodal dont elle a conservé portail d'entrée, la fermemanoir de la Besvre anciennement appelée de la Beverne, prend aujourd'hui l'allure d'une imposante exploitation agricole entourée de douves larges et profondes. L'histoire et les dispositions de la demeure primitive nous sont aujourd'hui encore inconnues, mais l'on peut reconnaître dans le portail surbaissé en grès, dans les tourelles dotées d'archères en forme de croix, dans les étroites ouvertures cernées de pierres blanches, une origine médiévale tardive. Reprendre la direction de Witternesse-centre. Bel exemple architectural d'une activité traditionnelle au XVIIIe siècle, le moulin " à moudre bled et à tordre huile ", alimenté par les eaux de la Lacquette, présente sur un puissant soubassement en grès, une élévation dite en rouge-barres (lits de briques rouges alternés de lits de pierres blanches). A la sortie de Witternesse, direction Quernes. Puis D. 186, direction Estrée-Blanche.

Plus loin, le château de Créminil, entouré de larges douves alimentées en eau par la Lacquette, offre un parti plus atypique. Elevé au XVe siècle sur une motte arrondie, incendié en 1543, le château fut restauré voire reconstruit au siècle suivant. De plan polygonal à 12 côtés, à l'instar des châteaux de Boulogne et Hardelot, les courtines sont renforcées aux angles par des tours, tourelles et contreforts portant des échauguettes. Le pont-levis et sa vieille porte encore dotée de son ancien heurtoir (marteau de porte monté sur une charnière), desservent une cour intérieure bordée de bâtiments d'habitation remaniés au XVIIIe siècle. Largement ouvert, côté sud, sur la perspective des jardins, le château de Créminil constitue à cet égard un exemple charmant d'architecture conçue pour l'agrément d'un seigneur. Café-Brasserie, M. Ducrocq - 9, chaussée Brunehaut 03 21 39 40 90 Château de Créminil 06 75 87 65 92 En centre ville, suivre la D. 159, direction Fléchinelle et Cuhem. GRP de la Lys (66 km / 3 jours). Juché sur un terre-plein artificiel au fond de la vallée de la Lacquette, le château de Liettres (1452) fut édifié, selon la chronique de Molinet, par Simon de Luxembourg, archidiacre de Thérouanne, prévôt des chapitres d'Aire et de Saint-Omer. Dans son état actuel le château offre, sur sa façade la plus ancienne, deux puissantes tours circulaires, qui lui confèrent cette allure très caractéristique des forteresses médiévales. Mais l'absence d'organes de défense efficients trahit le glissement du rôle défensif de la forteresse vers l'affirmation symbolique d'une autorité, d'un pouvoir. Au revers de ces parties anciennes, le corps de logis XVIIIe, encadré de deux ailes en retour, a été conçu dans un esprit classique : ordonnance en brique et pierre (chaînages et encadrements), avant-corps coiffé d'un fronton, rythme régulier des ouvertures... Sobriété et élégance, associées à un souci de confort dans la distribution intérieure, révèlent une parfaite adhésion à l'esprit de ce siècle. Gîte rural, M. Tallandié - 21 rue du Moulin

En bordure de route, s'élèvent les bâtiments en pierre blanche d'un ancien manoir féodal, prétendue commanderie des Templiers. Autrefois entouré de douves et doté d'un pont levis, il fut fortement remanié au XVIIIe siècle en prenant un tour agricole. Il ne subsiste plus de ce lointain passé qu'une lancette gothique très restaurée, un bel arc brisé mouluré, et quelques éléments de sculpture sous le portail. Café Busson - 6, place du Général de Gaulle 03 21 39 33 97 Gîte de groupe, M. Austin Danielle - 34, rue Haute 03 21 95 74 04 Revenir sur vos pas, direction Enquin les Mines par la D. 77.

Des traces de l'activité minière, intégrée dans le milieu rural, demeurent encore : le paysage, plus sec et poussiéreux, est dominé par l'unique terril et les corons alignés. Le vieux " carreau " a conservé son dispensaire et sa Caisse d'Epargne, du temps où les Houillères géraient en tout la vie de leurs ouvriers. Dans le centre du village, descendre la petite rue de la brasserie, et par ce chemin discret longeant la Lacquette, déboucher sur le vieux moulin à eau dit moulin espagnol, datant de 1635, au pied duquel s'abreuvaient jadis les bestiaux. Si les restaurations successives de l'édifice, forçant le côté pittoresque, ont dénaturé ses dispositions primitives, il convient de chercher dans les parties hautes (pignon orné de consoles, lucarnes très soignées) d'authentiques traces anciennes. Emprunter la rue du Rietz. A gauche sur la Grand'rue, suivre la D. 158 vers Erny saint Julien. 1ère route vicinale à gauche en direction de Bomy (non indiqué).

La tradition mèle l'histoire de Bomy à celle de sainte Frévisse, dame anglaise, qui embrassa en 739 un exil volontaire pour se retirer avec deux compagnes dans un lieu boisé près du village. La sainte y éleva un oratoire au pied de la source de la Lacquette, qui devint rapidement et jusqu'aujourd'hui un lieu de pèlerinage. De la forteresse médiévale, où les plénipotentiaires de Charles Quint et de François 1er signèrent l'illustre Trêve de Bomy (1537), il ne reste plus que la motte circulaire au milieu de l'étang en avant du château actuel. En 1755, le marquis de Trazegnies relevait cette demeure dans la plus pure tradition classique. Au fond de la cour d'honneur, sa façade en pierre blanche se développe sur deux niveaux de part et d'autre d'un avant-corps central rythmé de pilastres et coiffé d'un fronton triangulaire. Deux ailes en retour, rattachées au corps principal par des pans concaves, se prolongent par des colonnades aveugles jusqu'aux pavillons rectangulaires. Elégance de l'architecture et qualité de la sculpture se conjuguent ici pour l'un des plus beaux châteaux de la vallée de la Lys. 1ère route vicinale à gauche après le château, jusqu'à la D. 159. Tourner à droite, puis 1ère à gauche vers Laires. Sentier de Grande Randonnée n°127 : départ devant le château.

Situé le long de l'ancienne voie romaine de Thérouanne à Saint Pol sur Ternoise, le village de Laires, souvent dévasté, se distingue par son église, aux formes robustes, dotée d'une tour flamboyante du XVIe siècle. Noter l'admirable bénitier en pierre noire de Tournai sur la tranche duquel on peut lire : " Donné par Mons. Mre Vincent du Prey, grand vicaire de Tournay le 4 juillet 1685. Priez Dieu pour lui ". Suivre la D. 95E1, direction Lisbourg.

C'est à Lisbourg, littéralement Bourg de la Lys, que la Lys prend source, pour se jeter, après un parcours de 214 km à travers les campagnes artésienne et flamande, dans l'Escaut à Gand. Axe de circulation fluviale Est-Ouest propice aux échanges économiques, la Lys, navigable jusque Aire, fut utilisée, dès la plus haute antiquité, pour la circulation des marchandises et des biens. Lisbourg apparaît dans de nombreuses chroniques et légendes du Moyen Âge : la plus illustre étant celle du rapt des reliques de saint Omer en 843 par un nommé Hughes, fils de Charlemagne et abbé de Saint Bertin. D'après les rapporteurs, un miracle eut lieu : le corps de saint Omer demeura immobile à Lisbourg jusqu'à ce que l'évêque de Thérouanne, Folquin, l'eut repris et caché sous terre pour le soustraire à de nouvelles tentatives. Enterré au moment où la contrée était en neige, l'endroit seul où gisait le corps du saint n'en était couvert, et quantité de fleurs y poussaient. En mémoire de cet événement, l'église primitive de Lisbourg fut placée sous le patronage de saint Omer. Dévastée lors des guerres franco-espagnoles du XVIe siècle, la paroisse fut transférée en la chapelle du prieuré de l'abbaye de Sainte-Marie au Bois de Ruissauville. L'édifice actuel, offre, outre un insolite portail décoré de saints personnages en relief (vraisemblablement saint Omer et sainte Constance dont l'église de Lisbourg possédait autrefois les reliques), de curieux culs de lampe d'où émergent des têtes d'homme aux yeux exorbités et divers travaux de sculpture dont un saint Benoit Labre exécuté par Auguste Brébion, sculpteur lisbourgeois du XIXe siècle. Bar-Brasserie " Café de la Mairie ", M. et Mme Roussel - 10, la Place 03 21 04 41 75 Bar-Brasserie " Café chez Mimi " - 8, la Place 03 21 41 41 41 Après l'église, emprunter la D. 93 pour atteindre Verchin. Sentier de la cornelière (13 km / 3h15) : départ place de l'église.

Oeuvre composite, le château de Verchin associe des éléments disparates conçus à des époques et selon des partis différents. De l'ancienne demeure du XVIIe siècle, seules subsistent l'aile gauche en rouge-barres, percée de petites ouvertures, et son annexe basse en retour. Au siècle suivant, le corps de logis principal fut élevé dans un souci d'équilibre des lignes et de sobriété dans l'emploi des matériaux : rythme régulier des ouvertures, corniche et cordons horizontaux, usage de la brique et de la pierre en chaînage... En 1869, on ajouta à cet ensemble une extension sous la forme d'un double pavillon, sensé recevoir à l'origine son pendant à l'emplacement des parties anciennes. Intimement mêlé à l'architecture, le parc paysager, aménagé au Second Empire, ouvre des perspectives raffinées, à l'image du goût qui prévalut à l'élaboration de chacune des parties de ce château. Incliné pour admirer une mariée encore vierge, le clocher tortu de l'église de Verchin aurait gardé ce penchant pour la postérité. Outre cette légende, on peut attribuer l'insolite torsion à l'action des vents combinée au travail d'un bois de charpente encore vert et frais. Elevée en plein XVIIe siècle, l'église présente encore tous les caractères du gothique flamboyant : voûte d'ogives dessinant une étoile à six rais, présence de la sculpture (têtes grimaçantes à rapprocher de celles de l'église de Lisbourg), remplages ouvragés, maçonnerie de craie sur soubassement en grès et silex ... La tour fortifiée (1630) dotée d'archères devait servir, en période de conflit, de lieu de refuge et réduit de défense pour les soldats et villageois. Le dernier étage (clair-étage) ajouré par deux grandes baies finement ouvragées, est couronné d'un chemin de ronde confirmant la vocation militaire de cet ensemble. Camping, M. Macquet Jean - 2, rue des Champs 03 21 41 64 87 A Verchin, 2ème à droite après l'église, une route vicinale calme et verdoyante vous mènera jusque sur la D. 130 (Lugy). Tourner à droite, puis 1ère à gauche (D. 133E1) vers Hezecques. Sentier du clocher tordu (17 km / 4h15) : départ église de Verchin

L'ancien manoir seigneurial, daté de 1622, fut une possession de la famille de La Haye, originaire de Lillers, avant de passer par alliance (1689) aux mains d'une illustre famille d'Artois, les De France. La demeure comprend un long corps de bâtiment bas en briques roses sur une base en grès, traversé au centre par un passage charretier ménagé dans un haut pavillon à pignon chantourné. Les armoiries de la famille de Dion (propriétaire dès la fin du XVIIIe siècle) et les fenêtres à encadrement néogothique datent d'une restauration opérée en 1883. Reprendre la D. 133E1, direction Matringhem puis Mencas, qui vous promènera le long de la Lys. Traverser la D. 157 pour atteindre

Wandonne. Sentier des monts (12 km / 3h) : départ place de Matringhem. Matringhem Café-restaurant, " Le rendez-vous des pêcheurs ", chambres d'hôtes - 2, la Place 03 21 04 42 83 Camping-caravaning Mentel - 5, rue du Moulin 03 21 04 40 05 Curieux spécimen d'architecture religieuse fortifiée, L'église saint Pierre de Wandonne se distingue par ses deux échauguettes en pierre de taille (XVIe) de part et d'autre du clocher-porche. Sur le pourtour, on relève ça et là des traces anciennes, témoins de l'histoire mouvementée de l'édifice : fenestrages d'époque romane (XI-XIIe) englobés dans les maçonneries, arc en accolade (XVe), surhaussement des murs de la nef (XIXe)... C'est dans cette église que furent inhumés les seigneurs de Wandonne, dont Lyonnel, bâtard de Wandonne, vassal du comte de Luxembourg et chevalier ayant capturé Jeanne d'Arc devant Compiègne en 1430. Une tradition tenace, veut qu'une épée de l'héroïne soit scellée dans un mur du choeur de l'église. Camping " La Carrière " - 82, rue Principale à Audincthun 03 21 39 55 70 Rejoindre la D. 157 vers Thérouanne.

Chef-lieu administratif de la Morinie ancienne, Thérouanne fut à l'époque romaine un centre important d'échanges commerciaux desservi par un réseau routier très dense (chaussée Brunehaut d'Arras à Boulogne sur mer, voie Thérouanne-Cassel, Thérouanne-Thiennes....). Ruinée lors des invasions barbares aux IIIe et IVe siècles, la cité ne renaîtra véritablement que sous l'épiscopat de saint Omer, premier évêque de Thérouanne, et fondateur de la cité du même nom. La ville devint au Moyen Âge le siège d'un des plus riches évêchés du nord de la France, s'étendant de la Canche à l'Yser, et sa cathédrale, une merveille d'architecture gothique. Enclave française en territoire des Pays-Bas, son histoire ne sera plus que sièges et batailles jusque la date fatale de 1553 : Charles Quint ordonnant sa destruction " jusque dans ses fondements ". Aujourd'hui, seule l'enceinte fortifiée de la ville se dessine encore. Un site et un musée archéologique permettent d'apprécier l'histoire et les vestiges de ce que fut Thérouanne la Grande. Office Culturel et Touristique - 1 Place Mairie 03 21 93 81 22 Musée archéologie - Place de la Mairie 03 21 93 81 22 Café-brasserie " Le Moriny " - 5, Place de la Mairie 03 21 39 87 00

Descendre la place du village, suivre la D. 192. En chemin... Pendant la destruction de Thérouanne, les villageois trouvèrent refuge autour de l'ancien chasteau entouré d'un fossé, épargné en raison de son appartenance à la famille de Cröy, alliée de Charles Quint. Il s'agissait alors de l'ancien château-fort élevé par les seigneurs de Clarques, mentionnés dès le XIIIe siècle. Passée par alliance aux Cröy-Roeux en 1468, la seigneurie demeura aux mains de cette famille jusqu'à la fin du XVIIe siècle. L'actuelle demeure fut construite en 1755 par Omer Titelouze de Gournay, non loin de l'ancienne motte castrale. Interrompus pendant la révolution, les travaux furent achevés tardivement : en 1906 seulement, l'architecte lillois Vilain ajoutait, de part et d'autre du corps de logis ancien, deux grandes ailes en briques jaunes, formant pavillon sur le parc. L'ensemble est unifié par une balustrade d'inspiration italienne qui contraste vigoureusement avec le haut toit à croupe du corps de logis principal. Dominant la vallée de la Lys, le château jouit aujourd'hui encore de belles perspectives à travers le parc, sur les étangs et sur toute la campagne environnante.

Après le pont, le moulin de Mametz, qui a cessé son activité depuis une quarantaine d'années, a conservé intacts ses bâtiments dont la construction s'échelonne du XVIIe au XXe siècle. Emprunter le contour de l'église. Certains auteurs attribuent l'origine du nom de Mametz, à une vierge anachorète, Mametzie, retirée en ce lieu vers 640, mais les formes médiévales de Mametz (Maumès, Maumèz), qui signifient mal mès, mauvais mès (mès ou mèz : maison avec dépendances), ne remonteraient qu'au XIe siècle, temps des grands défrichements qui virent se créer notre paysage rural. Il existait de temps immémorial, dans l'église de Mametz, une confrérie placée sous le patronage de Notre-Dame de Bruchine, invoquée contre la peste. A l'époque de la terreur, le culte porté à la statue offusqua les gouvernants qui ordonnèrent son enlèvement. La tradition orale rapporte que le fardeau, devenu si lourd, ne put dépasser les limites du village. L'église de Mametz se distingue aujourd'hui par son choeur XV-XVIe où se détachent d'admirables culs de lampes historiés. Si la nef, incendiée à deux reprises, a été reconstruite à la fin du XIXe siècle dans le style néogothique, le clocher-porche, daté de 1690, est resté en revanche intact. Point information, Mairie - 80, Grand'Rue 03 21 12 10 12 Brasserie du Château de Mametz - 32, rue du Moulin 03 21 12 61 61 Pub-Brasserie Regencia - 54 , Grand'Rue 03 21 88 50 34 Camping " Le Moulin de Mametz " - 35 rue du Moulin 03 21 39 78 75 Camping du camp de loisirs du Lac de Rebecques 1, Chemin des Etiais - Rebecques 03 21 39 58 58 Camping " de l'Étang " - 23 rue du Stade - Crecques 03 21 95 37 61 Camping du Château de Mametz - 32 rue du Moulin 03 21 39 05 26 Rejoindre la D. 157"¦