La Balade des Moines

Après la fusion avec Hannut le 17 juillet 1970, la maison communale de Blehen n’eut plus d’utilité. Elle servit alors de local de réunion, de salle d’exposition, de bar-buvette ou encore de salle d’entreposage de divers matériaux. Après sa restauration, elle fut transformée en brasserie, lieu magique de la confection de la Cuvée Saint-Antoine pour la Confrérie de l’Ordre de Saint-Antoine, ressuscitée le 4 juillet 1975. La Confrérie de Saint-Antoine de Blehen est garante des traditions folkloriques, gastronomiques et culturelles locales. Elle a sa propre bière depuis 1978 (la Cuvée Saint-Antoine brune). La bière a été d’abord brassée pendant des années à la brasserie du Bocq, puis à la brasserie Van Steenberge à Ertvelde. En décembre 2002, un groupe d’habitants du village (comprenant bien sûr des membres de la confrérie) a fondé sa propre petite brasserie dans l’ancienne maison communale de Blehen. Le nom de la brasserie se réfère au lieu-dit « au Flo », qui désigne l’ancien endroit marécageux. En février 2019, une nouvelle équipe reprend en main les activités à la brasserie du Flo. Les recettes ayant fait le succès de la brasserie sont à nouveau produites sur place et de nouvelles recettes y sont développées. Un réel engouement pour les bières du Flo voit le jour, ce qui permet à la brasserie de continuer son développement et d’augmenter sa capacité de fermentation grâce à l’achat de nouveaux fermenteurs. Les bières qui y sont disponibles sont : • Au jasmin • Triple Hop • Gustante

Le premier « de Blehen » s’appelait Anselme : il est cité comme écuyer en 1305 et 1314, puis comme chevalier en 1327. Il est probable qu’il était un des signataires de la paix entre les Awans et les Waroux en 1335 et fut grand bailli du comté de Namur. Il était propriétaire à cet endroit d’une tour massive en pierres qu’il habitait avec sa famille. Au cours des siècles suivants, cette tour s’entoura de nombreux bâtiments : elle finit par comprendre maison, grange, étables, cour, jardins, prés, terres, labours, annexes et appartenances. Elle devint une grande propriété occupée la plupart du temps par un fermier qui s’occupait de la gestion de la cense. Les propriétaires étaient des nobles, qui n’habitaient que rarement le château : ils étaient souvent officiers dans l’armée du roi. En 1631, le seigneur de Poucet et Abolens Arnould de Longchamps épousa l’héritière. Des transformations de bâtiments furent effectuées. Leurs descendants resteront les seigneurs de Poucet et d’Abolens jusqu’à la fin de l’Ancien Régime en 1794. La modernisation définitive du logis du château-ferme eut lieu vers 1725 : l’ancien logis situé du côté ouest fut progressivement délaissé au profit de la partie nord transformée en château moderne, à l’exception des deux tours actuelles qui ne furent ajoutées qu’au XIXe siècle.

Le tumulus de Blehen est considéré comme l’un des plus anciens de Belgique. Lors de fouilles en 1874, il a livré quatorze objets funéraires, dont de la céramique sigillée portant le sigle VITALIS. Ces indications ont permis une datation : les années 80 à 90 apr. J.-C. Cette tombe est en relation avec une villa romaine fouillée en 1968 et située à une centaine de mètres au N-O. Jouxtant le tumulus et formant avec lui un site classé, la chapelle Saint-Donat renferme la tombe du colonel Gérard de Collaert, décédé en 1836. Militaire d’élite, il participa à l’expédition de l’Empereur Napoléon en Russie.

Il s’agit d’une construction dispendieuse. Ses murs sont doubles et distants l’un de l’autre ; deux voûtes distinctes et superposées couvrent l’ensemble, créant ainsi une enveloppe d’air isolante. La glace provenait des plans d’eau voisins ou des prairies inondées. Les couches de glace étaient déposées avec soin pour qu’un minimum d’air reste enfermé dans les interstices. L’eau de fonte était évacuée par un puisard situé dans le fond de la cuve. Parfois, de la paille était utilisée comme isolant. Apparue dans nos régions au XVIIe siècle, la conservation de la glace naturelle connut son apogée au XIXe siècle. Si quelques exemplaires restent en bon état, la plupart des glacières ne sont plus que des vestiges ou des souvenirs.

Situé au centre du village d'Abolens, il fut érigé pour recevoir les cloches de l'église Saint Maurice démolie en 1970. Construite en 1880, l'église d'Abolens était destinée, dit-on, à Tourinne-la-Chaussée. Il y eut confusion entre les plans des deux édifices. Les travaux étaient très avancés lorsqu'on se rendit compte de la méprise, c'est ainsi que le village hérita d'une imposante église néo-gothique. L'édifice, construit sur un terrain humide instable, ne résista pas aux années, et il dut malheureusement être démoli.

Dans la rue de la Chavée, en empruntant à gauche le chemin agricole bétonné, le promeneur découvre rapidement une zone marécageuse, appelée les « Chevées ». Elle est couverte d’arbres typiques des zones humides, comme les aulnes glutineux. C’est dans cet endroit que se trouve la source officielle du Geer, sur le territoire de Lens-Saint-Servais (commune de Geer). Là où le Geer sort de terre, des bulles d’air s’échappent de la vase d’une petite mare et montent jusqu’à la surface de l’eau. L’onde qui s’en échappe s’écoule et se fond dans les eaux du drain que les moines de Lens-Saint-Remy avaient creusé dans ce village au Moyen Âge pour assécher les terres. Deux quartiers de Lens-Saint-Remy s’appellent en effet « Le Petit Marais » et « Le Grand Marais ». Quand le monastère s’est établi en ces lieux, il a été nécessaire de drainer les terrains environnants gorgés d’eau. Les drains proches de Lens-St-Remy portent les noms du « Geer du Carmel » et du « Geer du Grand Marais ». Ils fusionnent dans une prairie avant de pénétrer dans les Chevées. Après un parcours de 54 km, le Geer se jette dans la Meuse à Maastricht, aux Pays-Bas.

Un couvent dédié à Ste-Marie-Magdeleine de Béthanie, suivant la règle de Saint-Augustin, fut érigé à cet endroit en 1343. Dès l’origine, cette communauté mixte se consacra au soin des malades. Au fil du temps, elle prit de l’importance, et pour subvenir à ses besoins, s’entoura d’un grand nombre de bâtiments à vocation agricole. La communauté devint très prospère. Elle eut cependant beaucoup à souffrir des occupations de ses installations par les nombreuses troupes de guerres, de passage dans la région, au XVIIe siècle. C’est pourquoi il fallut reconstruire les bâtiments du couvent et les dépendances de la ferme en 1715. Rebâtis et embellis, les bâtiments présentaient un ensemble majestueux. Le portail de style renaissance, qui était son entrée principale, en est la preuve aujourd’hui. Le couvent fut supprimé en 1783 par l’empereur Joseph II, et tous les bâtiments furent vendus. La chapelle et le cloître furent détruits en 1785 et la propriété fut convertie en ferme. Au début du XXe siècle, beaucoup de communautés religieuses françaises durent quitter la France. Certaines trouvèrent refuge en Belgique. Ce fut le cas pour les religieuses du Carmel de Brest, qui purent racheter la ferme. Pour pallier la disparition de la chapelle, l’ancienne bergerie datant du XIVe siècle, située dans l’aile gauche, fut transformée en nouvelle chapelle. Au cours du XXe siècle, le manque de vocation religieuse provoqua la diminution progressive du nombre de Sœurs, si bien que les dernières Carmélites quittèrent Lens en 1956. À l’exception de la chapelle et de ses annexes, la propriété fut alors mise en vente et retrouva depuis lors une fonction agricole et d’habitation privée. De ce vaste ensemble, seule reste accessible au public l’aile gauche du couvent. On peut y admirer, joignant l’ancien portail, la chapelle romane des Carmélites dont les colonnes de pierre bleue remontent au XIVe siècle.

La première maison située à droite sur la rue des Bourgmestres est l’ancienne maison communale de Lens-Saint-Remy. À sa construction qui remonte en 1867, le bâtiment de gauche hébergeait l’école fréquentée principalement par des garçons et quelques filles à l’époque, et la partie centrale un logement pour l’instituteur avec le bureau communal à l’étage. En 1890, l’aile droite du bâtiment fut ajoutée pour dédoubler l’école et y accueillir les filles. Une annexe fut adossée au premier bâtiment pour y loger l’institutrice. Sur la façade du bâtiment central se trouve une stèle reprenant les noms des victimes de la Grande Guerre. La maison communale a cessé ses activités à la suite de la fusion de la commune avec Hannut en 1971. Elle est actuellement gérée par l’ASBL « L’Espace lensois ». Elle abrite aujourd’hui le comité de la « vieille fête » ; à l’étage, deux pièces sont dédiées à la troupe « les vendredis du théâtre » et les autres au « Hobby Photo-Club lensois » ; l’ancienne classe des filles à droite au rez-de-chaussée abrite les locaux de la société colombophile « La Cigogne ». Si vous continuez quelques mètres dans la Rue des Bourgmestres (n° 5), vous aurez accès à une toute nouvelle plaine de jeux pour les enfants de 3 à 12 ans.

L'ancienne ferme Delvaux construite vers 1715 fut transformée en château de plaisance en 1823 par Eugène Cartuyvels, bourgmestre de la nouvelle entité qui comprenait alors Lens-Saint-Remy, Blehen et Abolens. Son fils Alphonse puis son neveu Paul furent également bourgmestres du grand Lens et occupèrent successivement le château. Vendu en 1919 au comte Charles Cornet d'Elzius, le château prit le nom de "château d'Herzée", en souvenir des seigneurs de Herzée qui possédaient au Moyen-Âge un château fort dans les Chevées. À la suite de la crise économique des années 1930, le château fut vendu par lots, si bien qu'aujourd'hui il est occupé par plusieurs familles. La façade arrière, orientée au sud, donne sur un grand parc partiellement emmuré comprenant de magnifiques hêtres centenaires.

Bâtie en 1869-1871 en style néo-gothique, elle succède à une église de pierres et de briques datant de 1333 et dont le chœur avait été reconstruit en 1697. Autour de l’église, le cimetière emmuraillé possède quelques croix funéraires des XVIe, XVIIe et XVIIIe siècles. La grande particularité de l’église de Blehen réside dans ses peintures murales qui ne manquent pas d’impressionner le visiteur, à la manière des anciennes églises gothiques.