Sentier pédagogique du Tertre de Brandefert

Le premier panneau, situé au pied du Tertre juste à côté de la source de Sassay, vous présente le circuit que vous allez réaliser et y positionne les différents panneaux que vous allez pouvoir voir. Le site que vous allez découvrir, préservé depuis plus de 20 ans, a été qualifié "d'îlot exceptionnel de biodiversité ordinaire" par les scientifiques. Faites donc attention lors de votre parcours des respecter les panneaux, la calme des lieux et surtout, la nature qui vous entoure. Plus d'infos : www.bio-scene.org/panoramique/tertre-de-brandefer/

Ce panneau relate l'historique de l'exploitation de la source de Sassay depuis son utilisation en 1916 par le Docteur Chambrin dans les hôpitaux militaires complémentaires de campagne. En 1920, on venait en cure à Plancoët pour y boire l'eau de Nazareth. Ce n'est que le 2 août 1928 que l'eau de Sassay est classée "eau minérale naturelle" par décret ministériel. A ce jour c'est la seule en Bretagne à avoir cette reconnaissance. Dès 1928, afin de protéger la source des pollutions liées aux cultures et de pérenniser son utilisation, un bâtiment, dénommé le "griffon" a été construit. Autour de celui-ci a été instauré jusqu'à aujourd'hui un périmètre de protection de 96 hectares sur le Terre de Branderfer dans lesquels toute activité agricole est interdite.

Le panneau, par un vaste panoramique, retrace l'histoire de Plancoët depuis l'époque gallo-romaine puis le Moyen Age, avec ses murailles et son château. François René de Chateaubriand, né à Saint-Malo, à 25 kilomètres viendra fréquemment voir sa grand-mère, Madame de Bédée, "au bon air de Plancoët " où il fréquentera le clos Bourget, effectuera de longues promenades du côté du Tertre de Brandefer et Nazareth, hameau de Corseul, rattaché à Plancoët en 1841. Le développement économique de Plancoët fut lié à son activité portuaire, la mer que l'on peut distinguer du site, n'étant qu'à 4 km, avec l'exploitation de la marne, on verra ensuite se développer les laiteries succédant à la distillerie d'alcool, dont on distingue l'ancienne cheminée, la source Sassay venant s'ajouter et compléter ces activités.

Le chemin qui mène à cette carrière atteint le centre du Tertre parmi landes et bosquets. Après avoir emprunté un chemin creux pentu, vestige du chemin d'exploitation de la carrière, désormais le royaume de fougères monumentales, on découvre subitement une étendue d'eau au fond d'une cathédrale de phtanite. Cette roche siliceuse émerge au sommet du Tertre à près de 80m. C'est l'un des rares endroits de Bretagne où on peut l'observer en surface grâce à l'érosion du gneiss l'entourant. Très dure, elle fut exploitée jusque dans les années 60 pour l'empierrement des chemins. Le Lac ainsi formé par l'eau météoritique, et donc fonction des saisons, devient désormais un site favorable à l'observation des Odonates, de la couleuvre à collier et d'insectes aquatiques. 14 espèces d'odonates y ont été identifiées soit 38% des espèces communément admises en Côtes d'Armor.

Ce panneau présente une partie des relations alimentaires qui conditionnent la vie dans un écosystème, ici dans un milieu boisé tel que ceux présent au sommet du Tertre. Au niveau de la strate du sol, les décomposeurs (escargots, limaces) transforment les feuilles tombées des arbres en humus et seront les proies de araignées et d'oiseaux comme le merle noir ou la grive musicienne. Les insectes phytophages (mangeurs de plantes) de la strate herbacée serviront de nourriture aux oiseaux des bois comme le pouillot véloce ou le rouge-gorge qui seront eux-mêmes les proies de prédateur tel que l'épervier. Sur le tertre, 48 espèces d'oiseaux ont été observées dont 44 espèces nicheuses (valeur voisine de ce que l'on observe dans un bocage typique. Les groupements forestiers représentent un peu plus de 20% de la surface du tertre (aulnaie-frênaie, ripisylve, chênaie-châtaigneraie, chênaie acidiphile).

Les prairies de fauche représentent plus de 50% de la superficie du site. On distingue les prairies dites mésophiles caractéristiques mais qui deviennent aujourd'hui très rares du fait de leur transformation en cultures (maïs notamment) dans l'ouest de la France, et les prairies dites humides souvent proches des cours d'eau et parfois inondables. Ces milieux abritent toute une flore (houlque, renoncules, marguerite, trèfle) et une faune spécifique d'invertébrés parmi les papillons, les punaises, les sauterelles et criquets, les pollinisateurs (abeilles, bourdons) et leurs prédateurs (oiseaux et araignées). Sur le Tertre ont été recensées 14 espèces de sauterelles et criquets, 80 espèces de punaises, 33 espèces de Papillons de jours, 130 espèces de Papillons de nuits ou encore 145 espèces d'araignées.

Le linéaire et la densité de haies (37 haies) restent supérieurs au reste de la commune environnante, 45% de ces haies présentent encore un manteau arbustif dense surplombant des talus conséquents. Sur ce panneau sont détaillés les rôles de la haie caractéristique du bocage breton ainsi que l'organisation de la haie avec ses composantes faunistiques. Sur le Tertre, chevreuils, renard et blaireaux se partagent nourriture et abris auprès de ses talus. De la strate du sol, aux strates herbacées, arbustives et arborescentes se croisent, s'évitent, fuient ou chassent une multitude d'insectes comme les carabes (plus de 80 espèces de ces prédateurs ont été identifiés sur l'ensemble du tertre), les chrysomèles (plus de 47 espèces), les coccinelles (18 espèces), les charançons (118 espèces, soit près de 51% du total des espèces connues en Bretagne).

Ce dernier tableau rappelle les grandes lignes du cycle de l'eau. Il montre ainsi comment les précipitations s'infiltrent sur le Tertre, traversent les couches géologiques, et constituent dans les diverses fissures du sous-sol l'eau qui est pompée en différents endroits du Tertre. Le cycle de l'eau de Sassay se termine à cet endroit, là où apparaît la source par laquelle nous avons débuté ce cheminement. Le sol qui est en partie issue de l'altération/ transformation de la roche par l'eau, va favoriser l'installation de la végétation qui elle-même induit la mise en place de milieux variés, supports d'une biodiversité remarquable et reflets d'un équilibre écosystémique. Le fait que nous retrouvions ces paramètre sur le Tertre de Branderfer nous indique qu'il s'agit d'un îlot remarquable de biodiversité ordinaire.