Languédias, le circuit de St-René.

Le bourg actuel, né à la suite de l’agrandissement de la commune, est construit bien plus récemment. En effet, l’éloignement de certains habitants avec l’église de l’ancien bourg entraîna un certain nombre de mécontentements. Il est aussi étroitement lié à l'extraction d'un granit prestigieux. Il faut bien imaginer à partir du 19ème siècle, chaque journée, de 5h du matin à la tombée de la nuit, rythmée par cette activité : café, auberge, circulation ... sans compter les cliquetis répétitifs des Picotous frappant la roche avec leur massette. Une activité très intense ...

C’est au moine Guy Le Lionnays que l’on doit la création de l’étang et de sa digue au cours du 15è siècle. Selon une légende, des carrières existeraient au fond du plan d’eau, mais le vidage de l’étang a depuis contredit cette tradition. De même, il est parfois raconté qu’un souterrain aurait été creusé par des moines sous l’étang et qu’il relirait l’abbaye de Beaulieu au manoir de La Burie… Aujourd'hui, l'étang est privé et le propriétaire permet de profiter des abords sous réserves que vous respectiez les lieux.

Le Tertre de Kerinan est situé dans les terres des seigneurs de Kerinan qui avaient, à l'instar de l'abbaye de Beaulieu, droit de haute justice. Il contient les socles des potences de Kerinan et la croix Lucas. Ce gibet, à deux postes au 15è, est passé à trois postes au début du 16è, puis à quatre postes lors de l’érection de Kerinan en vicomté en 1598. Au cours de la période médiévale, les condamnés (hérétiques, sorcières) devaient d’abord se prosterner devant une croix, avant de subir le supplice. On peut imaginer des colonnes ou poteaux posés sur ces blocs, reliés en leur sommet par des traverses. Ces fourches patibulaires se dressaient comme un avertissement aux populations, rappelant le pouvoir et la puissance du seigneur des lieux. En haut du tertre se dressait un moulin à vent encore en service en 1870 mais dont il ne reste rien aujourd'hui.

Attention site en activité. Ne vous aventurez pas au-delà des grilles sans y être invité. Le sol de Languédias est percé de nombreuses excavations témoignant de l'activité importante d'extraction et de taille de pierre. Gris perlé ou jaune, le granit de Languédias s'est exporté partout dans le département, dans toute la France et à l'étranger. Les volumes extraits aujourd'hui sont moins importants que par le passé (même si pendant longtemps leur exploitation a été limité par une forme d'enclavement). Les méthodes de construction ont changé, privilégiant d'autres matériaux. Exploité dès les Romains, on le retrouve dans de nombreux bâtis, des maisons du bourg, au Temple de Mars de Corseul, jusqu'à la pyramide du Louvre ainsi qu'une grande partie de l'intra-muros de St-Malo. Bien que très renommée, son exploitation est en perte de vitesse, concurrencée notamment par le granit chinois (depuis 2000). Cette mondialisation récente pose la question du dumping fiscal, social et écologique. Chaque cessation d'activité laisse place à des trous d'eau et des terrils que la végétation colonise peut à peut. Des réflexions sont en cours pour imaginer une reconversion à ces friches.

La Croix Chemin est gravée sur les deux côtés. On lit 1732 devant, et G:Gromil à l'arrière. Un recensement de 1769 mentionne plusieurs Gromil dans le hameau de Carré.