Architecture en Seine - Rouen

Les quais de Seine, rive droite, ont conservé deux marégraphes. Ces appareils enregistreurs permettant de mesurer le niveau du fleuve à un endroit donné sur une durée déterminée sont ces deux tours de trouvant à proximité du pont Guillaume-le-Conquérant et du pont Gustave-Flaubert. Entre ces deux ponts, la Seine et la voie ferrée, l’Espace des Marégraphes était situé autrefois au cœur de la vie portuaire. Son nom vient de la tour carrée accolée au Hangar B conçue pour alimenter en énergie les grues de levage du port. On y voit un cadran fonctionnant avec un flotteur permettant d’indiquer l’état de la marée. L’Espace des Marégraphes s’inscrit entre les deux tours des Marégraphes préservées. Chacun peut y découvrir quatre hangars (A, B, D et E encore dénommés 1, 2, 4 et 5) qui servaient autrefois de lieu de stockage de matières premières (céréales, blé, sucre…). Ces hangars ont été réhabilités ou reconstruits, en référence à la Charte des Marégraphes, avec le souci de préserver la cohérence d’architecture d’origine dans leur gabarit, leurs matériaux, tout en offrant des lieux aménageables recevant du public. Cet espace fait le lien entre le centre-ville historique de Rouen et les nouveaux quartiers situés à l’Ouest de la ville. Aménageurs : Grand port maritime de Rouen / Ville de Rouen Charte des Marégraphes : ATTICA – 2003-2008 L’architecte Jean-Marie Mandon s’est vu confié par le port la réhabilitation des hangars pour la structure, la toiture, les fondations correspondant au clos-couverts des hangars A, B, D et E. Le site offre aujourd’hui au public des activités liées au sport et à la remise en forme, des restaurants, des bureaux. La construction du panorama XXL, avec l’ajout du « cylindre », a supprimé l’espace dédié à la vulgarisation des sciences - le h2o.

Le hangar initial a été restauré et réhabilité par l’architecte Jean-Marie Mandon. La partie Est abrite un restaurant. Il a été agrandi vers l’Ouest par Stéphane Bigoni et Antoine Mortemard. La charpente d’origine, trop fragile, ne pouvait supporter de modification. A l’intérieur, une boîte béton possédant ses propres fondations a été réalisée. Au cœur du bâtiment, sur trois niveaux, un double escalier s’enroule sur lui-même délimité par un grand moucharabieh laqué blanc qui éclaire les étages desservis. L’extension est habillée de vantelles d’aluminium laquées « rouille » qui reprennent l’échelle et la couleur des briques de façade. Le pignon Ouest, totalement vitré et muni d’un système modulable d’occultations et de filtres, laisse voir l’auditorium au gré des événements. Maître d’ouvrage : La Créa Architectes : Stéphane Bigoni et Antoine Mortemard - 2011

En perpendiculaire des quais, s’ouvre l’avenue Pasteur sur un ancien tracé du 17ème siècle. L’avenue respecte la tradition classique de composition avec un tapis vert dans la perspective de l’église de la Madeleine. Cette dernière ne va plus jusqu’à la Seine du fait de la construction du Panorama XXL. Les voies de circulation sont rejetées de part et d’autre du jardin. Près de la Seine, le jardin Jean-de-Verrazane, de forme rectangulaire, a été réalisé à la place du faisceau ferré portuaire de la Madeleine. Planté de saules, cet espace vert magnifie la présence du fleuve. A noter la présence d’une œuvre du sculpteur Sarkis. Maître d’ouvrage : Ville de Rouen Architectes paysagistes : Hannetel - Yver - Laforge – 2000-2002  

Situé sensiblement dans la perspective de l’avenue Pasteur, le précédent hangar, trop vétuste a été démoli, pour être reconstruit plus en aval. Les façades et la volumétrie du bâtiment respectent les prescriptions de la Charte des Marégraphes : la construction est en briques avec des ossatures métalliques apparentes. Le rythme des percements verticaux s’inscrit dans celui des portiques. A l’intérieur, le parti architectural est caractérisé par un plan incliné sur toute la longueur du bâtiment, du 1er étage au rez-de-chaussée. Sur cette dalle en pente, s’écoule un film d’eau permettant ainsi une régulation thermique. Elément à l’échelle du bâtiment, il participe à la mise en scène des espaces intérieurs et offre des perceptions variées du volume de l’atrium. Il a été construit dans une démarche de développement durable. Maître d’ouvrage : Agence de l’eau Seine Normandie Architecte : Agence Nicolas Michelin et associés – 2007

Pour le hangar 9, Fabrice Drain et son équipe ont proposé un projet de restructuration en respectant l’esprit des lieux. Le hangar 9 d’origine, a été démoli par le Port de Rouen : son petit volume, sa position par rapport à la Seine et la faiblesse de sa structure rendait difficile sa réhabilitation. Les matériaux dominants de l’Espace des marégraphes : briques rouges, toiture métallique, auvents, verrières métalliques de couleurs sombres sont mis en valeur. Le nouveau hangar, qui abrite des activités de loisirs : billard, bowling, brasserie, discothèque et laser game est caractérisé par sa terrasse donnant sur la Seine, ses portes de couleurs rouges (évoquant directement l’ancien hangar) et son balcon protégé d’un claustra en bois, permettant d’accueillir une terrasse. Le hangar 10 d’origine, a lui aussi été démoli pour être remplacé par un bâtiment neuf sur l’ancienne emprise. Ce projet ambitieux, symbole du renouveau du quartier, accueille quatre restaurants et des bureaux. Ce hangar s’inscrit dans l’Espace des Marégraphes mais se caractérise par sa taille, son rythme de façade et ses trois niveaux. Maître d’ouvrage privé Architecte : Agence Fabrice Drain

De l’autre côté de la voie ferrée et du Boulevard Ferdinand de Lesseps, un nouveau quartier de vie d’environ 9 hectares se construit depuis 2012. Cet éco-quartier est une étape fondamentale dans la transformation de l’ouest rouennais et pour la construction de la ville de demain. Il porte le nom du cours d’eau La Luciline, qui coule aujourd’hui en souterrain et sera rendu visible dans les aménagements d’espaces publics. Engagé dans cette démarche d’éco-quartier depuis 2014, ce projet doit respecter les piliers du développement durable, à savoir l’écologique, le social et l’économique : - - - Diverses fonctions présentes dans le quartier : des commerces, des bureaux, des logements ; - Une juste répartition entre construction, espaces publics et espaces verts pour que le quartier ne soit pas trop dense ; - Des constructions répondant à des normes énergétiques écologiques. Le projet prévoit d’accueillir près de 1000 logements et 50 000 m² de commerces et d’activités. L’aménagement de ce quartier a débuté par l’implantation d’un immeuble de bureaux, Le Vauban (maîtrise d’ouvrage : Matmut – architecte : Alain Elie), ainsi que par la réhabilitation des Docks. Les immeubles et espaces publics sont livrés au fur et à mesure. Maîtrise d’ouvrage : Ville de Rouen  Urbaniste de l’opération : Christian Devillers Aménageur : Rouen Seine Aménagement

Les Docks s’inscrivent dans la continuité du quartier d’affaires Luciline et de l’Espace des Marégraphes. Ils correspondent à un nouveau concept de loisirs et de shopping avec de nombreuses surfaces de commerce et de restaurants, ainsi qu’un cinéma. Ils transcrivent la mémoire du lieu et de l’architecture liée à l’activité portuaire par la juxtaposition de bâtiments de trois époques différentes. Le centre commercial investit l’ancien bâtiment des douanes en béton datant de 1957, premier exemple de béton préfabriqué et précontraint en France. [Le béton précontraint est un matériau de construction composite dans lequel on introduit, avant sa mise en service, des tensions opposées à celles qu'il devra subir. Le béton préfabriqué est un béton ou un objet en béton que le particulier ou l'entreprise de construction ne fabrique pas lui-même. Une usine le réalise sur ses sites de production dédiés.] Par le passé, un pont roulant posé sur le toit du bâtiment, au-dessus de la voûte, levait les charges des trains de marchandises stationnés au pied, jusqu’aux balcons de chargement. Leur emplacement est aujourd’hui préservé et marqué par des boîtes en verre colorées. Maître d’ouvrage : privé  Architecte : Wilmotte et associés - 2009

Issu d’un concours international remporté par Dominique Perrault, architecte entre autres de la Bibliothèque nationale François-Mitterrand à Paris, le palais des sports de la Métropole Rouen Normandie abrite deux salles de sports dans sa partie centrale : une première salle de 6 000 places et une seconde de 1000 places ; ainsi qu’une salle d’échauffement. Posé sur un socle constitué de gradins qui aboutissent à une coursive vitrée de toutes parts, l’équipement de 17 000 m², est recouvert d’une toiture formant une pyramide inversée au Sud-Est du bâtiment. Bardés d’inox poli miroir, les emmarchements inversés du toit offrent des reflets du plus bel effet et donnent une impression d’apesanteur. Un vaste parvis minéral prolonge les gradins et ménage un mail piéton entre le Mont Riboudet et les Docks 76. Ce bâtiment urbain a pour vocation également d’animer le cœur de l’agglomération rouennaise et d’en renforcer l’attractivité. Au Nord et à l’Ouest les façades sont plus simples, en verre et métal. Elles desservent les accès techniques et l’accès aux sportifs. Maîtrise d’ouvrage : La Métropole Rouen Normandie Architecte : Dominique Perrault – 2012

6ème pont de Rouen situé en aval de la ville, il relie les deux rives de la Seine et se distingue par son architecture innovante avec ses structures métalliques en forme de papillons rendant possible le levage des deux tabliers. Cet ouvrage mobile a été choisi pour permettre le passage de gros bateaux tout en respectant le gabarit fluvial tout au long de l’année. D’une portée de 120 mètres, le pont levant se dresse à une hauteur totale de 86 mètres. Le tirant d’air est de 7 mètres lorsque le tablier est en position basse, compatible avec le passage de péniches et de 55 mètres au-dessus de la Seine en position haute. Ces caractéristiques en font, avec le nouveau pont Chaban-Delmas à Bordeaux, le plus haut pont levant d’Europe. Maître d’ouvrage : Etat Architectes : SCAU Aymeric Zublena / Michel Virlogeux- 2008

Depuis la fin des années 1990, une réflexion est menée sur l’aménagement des bords de Seine, zones portuaires abandonnées à partir des années 1970. Ceci est fait dans un souci de reconquête des quais afin de rendre son attractivité à cette zone. Le rapport de la ville au fleuve était jusqu’alors particulier, l’ensemble de ses secteurs étaient exploités dans le cadre des activités du port et ne furent peu à peu plus fréquentés par la population, n’étant plus des lieux de travail et de vie. Rive gauche, la première réalisation est la reconversion du hangar 106 en Scène de Musiques Actuelles en 2010. Ce n’est que le début d’un vaste projet appelé le Nouveau Quartier Flaubert d’une superficie de 80 hectares, qui accueillera d’ici à 20 ans, près de 10 000 usagers qui y habiteront et travailleront Le Nouveau Quartier Flaubert répond à des objectifs de mixités urbaine et fonctionnelle, sociale et générationnelle. Il accueillera des logements, des équipements publics, des bureaux et des commerces de proximité et veillera à favoriser les déplacements en mode doux. Maître d’ouvrage : La Métropole Rouen Normandie Paysagiste : Jacqueline Osty Urbaniste : ATTICA – BET : IOSIS

La 1ère tranche est portée par la ville de Rouen en 2014 appelée prairie Saint-Sever et allant du pont Corneille au pont Boieldieu. La 2ème phase d’aménagement de 2015 à 2016 entre les ponts Boieldieu et Jeanne d’Arc est portée par la Métropole (transfert de la compétence aménagement urbain sur l’ensemble des territoires des 71 communes) cofinancée par la Région, le Département et la Ville. Elle consiste en la plantation d’arbres et la mise en place de mobilier et jeux pour enfants. La 3ème phase (l’esplanade des Mariniers) réalisée en 2016-2017 est financée de la même façon. Il s’agit de la réalisation d’une jetée en structure métallique, d’une aire d’activité sportive (foot, basket ball) et de loisirs.  A terme, les aménagements de la Prairie Saint-Sever à la Presqu’île Rollet offrent une promenade aux Rouennais de 3km. Cette promenade a reçu en 2018 le grand prix national du paysage. La diversité des usages sur cette promenade a été primée ainsi que la co-maîtrise d’ouvrage (Ville / Métropole) et d’œuvre (Jacqueline Osty pour presqu’île Rollet et In situ).  Maîtrise d’ouvrage : Ville de Rouen / Métropole Rouen Normandie  Maîtrise d’œuvre : Groupement In situ et Jacqueline Osty

Jusqu’en 2015 se trouvait ici un hangar construit à l’origine comme une simple halle métallique vers 1885 (architecte Dubreuil). Pour autant le bâtiment conservait son ossature métallique caractéristique des années Eiffel. La Métropole a choisi de ne pas réhabiliter ce bâtiment mais de bâtir à sa place ce grand ensemble livré en juillet 2017. Au lieu de louer de nombreux locaux à travers le territoire (surtout à Rouen), la Métropole a passé commande d’un bâtiment contemporain pour accueillir les bureaux de 320 agents. La physionomie du bâtiment peut surprendre. Avant même sa forme, c’est son épiderme qui marque l’œil. L’architecte a installé des sortes de volets de verre irisé changeant à la lumière du jour et selon l’angle d’observation. La façade côté Seine est ainsi rose et jaune. Côté Sud, le bleu et le vert dominent. L’idée serait de traiter de façon contemporaine le lien entre Rouen et l’impressionnisme. La forme rappelle quant à elle deux navires qui se croiseraient : on est ici entre mer et fleuve. Elément d’importance pour un quartier durable : le bâtiment est labellisé Passivhauss, ce qui signifie qu’il produit autant d’énergie qu’il en consomme. Plus exactement il en produira plus (Label Bepos). Pour ce faire, 2000 m² de panneaux photovoltaïques sont placés sur le toit et la façade Sud. Les volets au sud permettent théoriquement de limiter la chaleur en été, l’isolation a été soignée. Maître d’ouvrage : Métropole Rouen Normandie Maître d’œuvre : Architecte Jacques Ferrier

L’ancien hangar était occupé par un marchand de pneu. A sa place a été inauguré en février 2018 un bâtiment multifonctionnel. De par sa volumétrie et son gabarit il est une transition entre le 106 et le 108. Il comprend 7 500 m² répartis sur 4 niveaux avec les fonctions suivantes : - Les bureaux de l’agence AZ Architecture - L’Accélérateur de Start-up Village by C & A : un espace co-working de 1800m2 dédié à l’hébergement d’entreprises en développement. - Les bureaux d’Odyssenior (conception, construction et gestion d’Etablissements d’Hébergement pour Personnes Agées Dépendantes. (EHPAD) - Un office notarial - Des restaurants - Une salle d’exposition d’art contemporain de 400m2, « Le hangar 107 » - Une crèche Le bâtiment ne reprend ni la forme, ni la taille du hangar mais l’usage de la brique lui confère un esprit industriel. A noter l’usage du bois pour la charpente. Maître d’œuvre : Laurent Bérenger de l’Agence AZ Architecture de Rouen

Rive gauche, derrière deux grandes grues Picasso jaunes, la salle de musiques actuelles marque le début du renouveau de ce quartier en devenir. Les grues ont été déplacées du port aval et positionnées dans la perspective de l’avenue Pasteur afin de marquer le passé portuaire des quais de Seine. Le bâtiment, dessiné par l’agence bordelaise King Kong, garde la mémoire de cet ancien entrepôt portuaire à travers le traitement des façades. L’équipement dispose d’une salle de 1148 places et d’une salle secondaire de 318 places. Il est également équipé d’un studio de radio et de cinq studios de répétition. Une extension du bâtiment a été effectuée pour insérer la zone technique et logistique sur le pignon Ouest. La structure métallique, fermée par du métal perforé, s’insère dans le bâtiment existant en conservant la même logique constructive. La verrière existante devient un appel lumineux - la nuit dans le ciel rouennais - grâce aux éclairages installés à l’intérieur. La façade en acier corten positionnée à l’Est est marquée par le logo de l’équipement. Maître d’ouvrage : Métropole Rouen Normandie Maître d’œuvre : Agence King Kong – 2010

A côté du 106, un nouveau projet sera réalisé sur l’ancien emplacement du hangar 105. Un appel à projet a été lancé par le Port, la Ville de Rouen et la Métropole en octobre 2017. Le cahier des charges mentionnait que le projet doit avoir une forte identité en lien à la fois avec la vie des quais et le futur quartier Flaubert (une architecture à forte identité contemporaine) ; le projet doit prévoir une co-activité sur le bâtiment favorisant l’animation des quais et l’innovation ; le bâtiment doit respecter le site : ne pas obstruer l’espace, respecter le rythme des pleins et des vides des quais et ménager les vues, ainsi que le contexte architectural et urbain (106, 107, 108). Le terrain occupé par le futur bâtiment sera en location auprès du Grand Port maritime. Il s’agira d’un bail emphytéotique de 50 à 70 ans. Le dossier retenu est celui porté par la société de promotion immobilière La Métropolitaine avec l’architecte de renommée internationale Marc Mimram (www.mimram.com/biographie/). Ce pôle récréatif composé de deux bâtiments séparés par un forum sera livré à l'horizon 2022. Le parti pris architectural est en cohérence avec le futur quartier Rouen-Flaubert. Le projet utilisant des tuiles de verre pour la toiture et la façade propose d’intégrer notamment : - un hôtel 4 étoiles proposant des espaces de détente (spa-piscine en rooftop) et de restauration - une salle de spectacle, le Théâtre à l’Ouest de 600 places, orientée grand public (humoristes, théâtre de boulevard, spectacles pour enfants) - plusieurs restaurants, de la restauration rapide aux restaurants étoilés (12 en tout) - des cafés et bars à ambiance - une terrasse panoramique - un atelier de formation cuisine (apprentissage de la cuisine et dégustation sur place des préparations) - 2 espaces de loisirs sportifs indoor (mur d’escalade et skate-park) - 3 commerces orientés soin du corps (bar à ongles, barbier/coiffeur, tatoueur/piercing) - quelques espaces disponibles et partagés qui seront attribués (sous forme d’appel à projets) à des entreprises, des artistes ou des associations.