À la découverte du patrimoine - Pontrieux

Après la construction de la voie ferrée de Paris à Brest en 1864, les élus prennent conscience du véritable atout que pourrait être une gare pour le développement du commerce. Ils souhaitent la création d’une connexion ferroviaire entre Guingamp et Paimpol passant par Pontrieux. En 1884, la gare est implantée au plus près du port afin de faciliter le transfert des marchandises. Plus d’un siècle plus tard, en 1997, une locomotive à vapeur est remise en état de marche pour assurer la liaison touristique entre Paimpol et Pontrieux, le succès est au rendez-vous. Depuis, pendant la saison estivale, la « Vapeur du Trieux » au départ de Paimpol permet de découvrir la vallée du Trieux et le charme de Pontrieux.

Les berges du Trieux sont un lieu propice à l’installation d’industries qui ont besoin d’eau pour leur fonctionnement. C’est le cas des abattoirs construits en aval et loin des habitations afin d’éviter les odeurs nauséabondes et les eaux polluées en cœur de ville. Composé de deux pavillons jumeaux en brique, le bâtiment reflète l’architecture industrielle du XIXe siècle.

Grâce aux quais construits en 1805 cet ancien port d’échouage devient l’un des plus actifs des Côtes d’Armor. Afin de permettre le déchargement des marchandises même à marée basse, une écluse est construite en 1903 . Principalement dédié au cabotage, le port reçoit des pavillons étrangers. Ces navires apportent du vin, du sel et des engrais et emportent des toiles, du bois et du grain. Aujourd'hui, les quais accueillent une centaine de bateaux de plaisance. L’activité industrielle tournée vers la mer s’installe en aval et valorise aujourd'hui les algues à des fins cosmétiques.

Emblème de la ville de Pontrieux, cette maison est érigée au plus haut de la place à la fin du XVe siècle ; elle marque alors l’entrée nord de la cité. Cet édifice aurait permis la surveillance de la cité grâce à une petite fenêtre au deuxième étage sur le mur latéral nord qui contrôlait l’entrée de la ville. Construite sur un parcellaire étroit, sa silhouette élancée se démarque des autres maisons. Les étages supérieurs en pan de bois sont construits en encorbellement, c’est à-dire en surplomb sur l’étage inférieur. Anciennement désignée la Maison Tour elle prend le nom de Tour Eiffel au début du XXe siècle. Sa haute taille rappellerait la « dame de fer » parisienne construite en 1889.

Au XVe siècle, l’ancienne place au blé dotée de halles est le cœur économique de la ville. Ce bâtiment est détruit à la fin du XVIIIe siècle et la place est renommée place de la Pompe. En effet, une nouvelle fontaine appelée plomée du breton Plomen, « la pompe », vient remplacer celle du XVIe siècle. Cette construction ingénieuse et économique est alimentée par un réseau souterrain tirant sa source de la colline en amont et permettant l’alimentation de la ville en eau potable. En 1939, la place est pourvue d’une stèle en l’honneur d’Yves Le Trocquer, ancien ministre des Travaux publics né à Pontrieux.

L’architecture pontrivienne se caractérise par la variété de ses formes : maisons à pan de bois, hôtels particuliers en pierre ou bâtiments industriels hérités du XIXe siècle. Certains, remarquables, sont classés au titre des Monuments Historiques, c’est le cas de la maison à tour carrée. La ville consciente de ce patrimoine met en place une zone de protection du patrimoine et sensibilise la population à l’entretien du bâti.

Le pont, construit entièrement en bois sur des poteaux, est emporté lors d’une forte crue en 1773. Reconstruit sur le même modèle, il est une nouvelle fois détruit au début du XXe siècle. Construit en béton armé, le pont en arc actuel date de cette époque, il est fait d’une seule travée afin de le protéger des inondations. Le Trieux constitue la limite entre les évêchés de Saint Brieuc et Tréguier. La vie religieuse de la cité s’organise autour de deux églises : rive gauche, l’église Saint-Yves accueille les offices funéraires; rive droite, sont célébrés les mariages et les baptêmes dans l’église Notre-Dame des Fontaines.

La première église Notre-Dame des Fontaines se trouvait dans le quartier de Coz-Ilis, « vieille église » en breton, non loin du presbytère. Suite à la destruction de l’église Saint-Yves en 1831, elle accueille l’ensemble des offices. Cependant, en 1835, sa vétusté et sa petite taille nécessitent la construction d’un nouvel édifice. C’est le début de la « querelle des deux clochers » : certains veulent la construction de l’église à l’emplacement originel, d’autres, place de la Pompe. Deux lieux de culte sont construits mais c’est finalement l’église néo-classique Notre-Dame des Fontaines, place de la Pompe, qui ouvre au culte en 1842. Le pardon de Notre-Dame des Fontaines a lieu le troisième week-end de juillet.

Le logement, destiné au prêtre de Pontrieux, est situé dans le quartier de Coz-Ilis. Il illustre l’habitat à cour fermée édifié au XVIIIe siècle. Lors de la querelle des deux clochers l’évêque avait refusé de bénir l’église construite à proximité du presbytère; jamais consacrée, elle est revendue en 1844 pour en faire un magasin à grains et détruite vers 1970. À la place se trouve aujourd'hui la maison paroissiale.

Les lavoirs font la spécificité de Pontrieux, il en existe plus d’une cinquantaine. Construits au XIe siècle, ils présentent des similitudes : des murs en pierre, une charpente en bois et une toiture en ardoise. Les plus luxueux étaient dotés d’un second étage où étaient logés les domestiques. Longtemps laissés à l’abandon, les lavoirs sont restaurés et s’offrent aux regards des promeneurs lors des balades en barque proposés par la ville. En outre, durant la période estivale, la ville invite les visiteurs à la rêverie à travers leur mise en lumière. Tous les 15 août la ville organise la fête des lavoirs, l’occasion de faire revivre, le temps d’une journée, le savoir-faire des lavandières

L’activité linière qui a assuré la prospérité de la Bretagne nécessitait des infrastructures qui marquent encore aujourd'hui le paysage urbain de Pontrieux. Au cœur de la ville, une haute cheminée construite a XIXe siècle témoigne de l’existence d’un séchoir à grain. Dès le XVIe siècle Pontrieux est un important centre linier : toiles et graines transitent par son port. Afin d’assurer la conservation des graines lors du transport et pour le stockage, le séchage est une étape indispensable. Pontrieux compte une autre cheminée à la sortie de la ville dans la direction de Guingamp. Il s’agit du seul vestige de l’ancienne usine Benech destinée au teillage du lin. Alimentée au charbon, une chaudière actionnait les machines à vapeur qui battaient les tiges de lin pour extraire la fibre de l’écorce.

En 1876, les frères Huet rachètent le moulin du Trieux, spécialisé dans le teillage du lin et la mouture du grain. Ils aménagent les lieux afin d’accueillir une nouvelle minoterie et une cartonnerie. Les Cartonneries Huet travaillaient notamment avec l’imprimerie Oberthür à Rennes. Elles produisaient également les cartons utilisés pour créer les premiers tickets de métro parisien ainsi que les carnets des papiers à cigarettes. Durant la Seconde Guerre mondiale, l’importation de pâte de bois depuis les pays nordiques est rendue difficile. De plus l’usine doit faire face à la concurrence croissante de matières nouvelles telles que le plastique. L’entreprise décline et ferme ses portes en 1973. L’usine a été détruite, seuls des bâtiments liés à la cartonnerie subsistent.

Le bâtiment qui associe moulin et scierie est construit en 1880. Les eaux du Trieux actionnent deux roues : une en bois est destinée à moudre du grain, l’autre actionne une scie pour couper du bois. Le bâti se compose d’un atelier et d’un entrepôt reliés à la rive gauche par une passerelle facilitant l’accès des ouvriers. La concurrence et la vétusté des locaux entraînent la fermeture du moulin après la Seconde Guerre mondiale.