Autour de Comblain-au-Pont - Promenade 11 : Poulseur - Place Puissant - Canal - Chanxhe - Montfort

Au centre du pays carrier, Poulseur est le berceau de l'action syndicale. Hubert Lapaille est l'un des principaux représentants des ouvriers carriers de l'Ourthe-Amblève. Son activité syndicale se développa après la Première Guerre mondiale. A cette époque, les ouvriers eurent recours aux syndicats pour faire prévaloir leurs exigences sociales. Dans chaque village, les coopératives socialistes se développèrent considérablement. En 1894, la Coopérative de Sprimont installe ses magasins à Poulseur. En 1898, les « Ouvriers Carriers Sprimontois » achètent un grand immeuble sur la Place et y transfèrent leurs magasins. L’immeuble est détruit dans l’incendie de la Place par les Allemands en 1917. La Maison du Peuple est reconstruite en 1921, en moellons et pierres locales. L’ensemble des éléments décoratifs évoque le style « Art Déco ». La traditionnelle salle des fêtes, décorée de moulures en stuc, occupe le premier étage et s’ouvre sur l’extérieur par un grand balcon de ferronnerie qui servait notamment aux discours. La Maison du Peuple, rachetée par la commune fin des années 1990, a été classée au Patrimoine de Wallonie. Elle a été restaurée en 2008. Code iBeaken: MTOA0014

Le premier projet de 1825 prévoyait la canalisation de l’Ourthe pour la relier à la Moselle par la vallée de la Sûre dans le but de faire la jonction entre la Meuse et le Rhin. En 1828, les travaux de canalisation commencèrent et se poursuivirent jusqu’en 1830, à l’indépendance de la Belgique. En 1845, un nouveau projet, porté par la Grande Compagnie du Luxembourg, prévoit de n’exécuter que le tronçon Liège-Laroche, et on entreprit la construction du canal de l’Ourthe. Les travaux furent à maintes reprises interrompus La partie en amont de Comblain ne fut jamais canalisée. De nombreuses marchandises furent transportées par ce canal. En 1863, la Grande Compagnie du Luxembourg obtint la concession d’un chemin de fer par la vallée de l’Ourthe et elle remet à l’Etat cette partie de la rivière. La ligne de l’Ourthe fut inaugurée en 1866. En raison de la concurrence du chemin de fer, le canal est déclassé en 1917 et son exploitation abandonnée entre Tilff et Comblain début des années 50. Le tronçon du canal entre Poulseur et Chanxhe est l’un des mieux conservés. Remarquer, sur la gauche, les piles de l'ancien pont menant à la carrière de Richopré et, à droite, les vestiges du quai de chargement des pierres de la carrière sur le chemin de fer.

Le mot Chanxhe se rattacherait au gaulois « cantia » signifiant brillant (pour la rivière). Chanxhe est signalé pour la première fois en 1049 et a fait partie de la principauté de Stavelot Malmedy. Le village organise chaque année, le 3e week-end d’août, le célèbre « Livre en fête ». L’église est classée depuis 1981. En 1775, l’Impératrice M.Thérèse accorde au Chanoine Hauzeur l’autorisation d’ériger un sanctuaire à Chanxhe. Le bâtiment en briques était à l’origine rectangulaire. En 1926, l’architecte Lobel augmenta l’espace d’un transept et d’un chœur au nord et d’une tour au sud, ajouts en moellons. En 1973, le bâtiment fut surélevé pour parer aux débordements de l’Ourthe.

Le coteau entre Fays et Chanxhe abrite les ruines du « Vi Tchèstè », vestige d'une position fortifiée du Moyen-âge. Les fouilles entreprises en 1980 firent apparaître un site assez vaste, défendu vers le site de Fays par 4 tours (deux rondes et deux carrées), et entouré d’un mur d’enceinte de 400 m, à l’intérieur duquel se trouvait une « chapelle » et d’autres bâtiments plus modestes. Les éléments découverts laissent présager qu’il s’agit d’un site médiéval, mais l’occupation pourrait remonter à l’époque romaine (en face de la villa de Poulseur). Les fouilles ont été abandonnées en 1986 et la végétation a repris ses droits. Le dernier seigneur de Fays aurait pris part aux croisades sous l’égide de Saint-Louis (13e siècle). De retour, il vécut en ermite dans son château, sous la protection de Dieu et d'une bague magique, avec laquelle il changeait en chênes les ennemis qui l'attaquaient. Avant de mourir, le hobereau solitaire jeta dans l'Amblève sa bague extraordinaire qui fut avalée par une truite. Une jolie histoire qui, comme beaucoup de légendes, est peut-être le reflet déformé d'un fait réel.

Les carrières de Monfort sont déjà citées en 1477. Plusieurs ont été exploitées. Elles produisaient différents grès recherchés pour la confection des moellons et des pavés. Leur exploitation a cessé définitivement en 1962. Elles ont été rachetées par les habitants, constitués en société coopérative, qui ont demandé un classement de ce site naturel.

Sur la butte de ce village, s'élevait au Moyen-âge une forteresse qui permettait de surveiller la rivière et les chemins de la vallée. Celle-ci existait déjà en 1088 et était habitée par Adelard de Montfort. Elle passa ensuite à différents seigneurs et devint un coupe-gorge en 1437. De ce nid d’aigle, le châtelain de Chantraine, après avoir fait le guet, descendait, aidé de quelques acolytes, rançonner les voyageurs. En 1467, Charles le Téméraire confisque le domaine. Passant outre du droit et des coutumes féodales, Guillaume de la Marck, sanglier des Ardennes, s’empara de Montfort en 1478, et augmenta fortement ses défenses. Guillaume fut décapité et remplacé par son frère. Ils ravagèrent toute la région. Le Prince-Evêque de Liège, Jean de Horne, autorisa l’assaut de Montfort et le château fut entièrement détruit en 1495. Il ne fut jamais reconstruit. Ses derniers vestiges s’écroulèrent, en 1895, suite à l’exploitation des carrières.