À la découverte du patrimoine - Châtelaudren

Implanté à Châtelaudren en 1922, Le Petit Écho de la Mode est l’un des grands hebdomadaires féminins du XXe siècle. Créé à l’initiative de Charles Huon de Penanster, le magazine est d’abord imprimé par les Éditions Montsouris à Paris. Une annexe s’installe ensuite à Châtelaudren, sur le site de l’ancien château, permettant au Petit Écho de la Mode de profiter de la force du Leff pour alimenter la turbine. Le magazine doit sa renommée à l’impression des patrons de couture en papier de soie prédécoupés qui accompagnent ses numéros. Pilier de la vie économique et sociale locale, le « P’tit Écho » a employé des familles châtelaudrinaises sur plusieurs générations et, au XXe siècle, faisait de la ville une référence dans la mode française. Racheté en 1977 par Femmes d'aujourd’hui, l’activité cesse définitivement quelques années plus tard. Les locaux de l’imprimerie, toujours visibles, rappellent la richesse du patrimoine industriel de la ville. Acquis par Leff Armor Communauté, ils accueillent l’office de tourisme et le pôle culturel.

Cet étang artificiel, destiné à protéger l’ancien château, résulte de la déviation du cours du Leff et de la construction de la digue au XIIe siècle. Il crée une chute d’eau s’élevant à 9,85 mètres, ce qui en fait la cascade semi-naturelle la plus haute de Bretagne. Utilisée successivement par des moulins, une papeterie puis par l’imprimerie Le Petit Écho de la Mode, cette chute d’eau participe au développement industriel de la ville. Un point de vue imprenable depuis le pont sur le Leff, montre, au-dessus de la cascade impressionnante, l’enseigne Le Petit Écho de la Mode réalisée par le mosaïste rennais Isidore Odorico en 1925.

En 1808, les derniers vestiges de la citadelle disparaissent. Néanmoins, certaines pierres de l’ancienne forteresse auraient été utilisées pour la construction des escaliers menant à l’esplanade du château.

En 1418, lors de sa traversée de Châtelaudren, le dominicain et prédicateur itinérant, Vincent Ferrier se serait fait injurier par les habitants. En signe d’expiation, une chapelle est construite en son honneur. Vendue et transformée en maison d’habitation, cette chapelle est détruite en 1895. Aujourd'hui, seule la fontaine Saint-Vincent-Ferrier rappelle son souvenir.

Aux XVIe et XVIIe siècles, durant huit jours en octobre, la « grand’foire » investit le champ de foire, sur l’actuelle place Saint-Vincent. Cet espace accueille également le marché aux bestiaux et le marché au lin, particulièrement actifs à Châtelaudren. Aujourd'hui, la foire se tient pendant les vacances scolaires de la Toussaint.

Après la Première Guerre mondiale, Châtelaudren aurait compté une dizaine de lavoirs. Vestige de cette densité de points d’eau, le lavoir situé sur la place du général de Gaulle date du XVIIIe siècle. C’était un lieu de rencontre pour les lavandières, les ménagères et les servantes de la grande place au service des avocats, greffiers et des nombreux marchands.

Dès 1148, la seigneurie de Châtelaudren possédait une cohue (halle). En 1631, elle est remplacée par des halles, dressées au centre de la place du général de Gaulle, protégeant les marchandises les plus vulnérables et précieuses et abritant les bagnards en partance pour Brest. Détruites en 1938, elles sont remplacées par un nouveau bâtiment, près de la place Saint-Vincent, faisant d’abord office de halles puis aménagé en salle des fêtes. Son architecture conserve la trace des activités marchandes, notamment la maison « tonneau » au n°6 de la place dont l’entrée, élargie à sa base, permettait le passage des tonneaux poussés par les livreurs. Le marché se tient aujourd'hui sur la place du général de Gaulle.

Autrefois principales rues de la cité, elles témoignent de la vocation marchande traditionnelle, marquée par la construction de maisons caractéristiques de la vie commerçante des XVIIIe et XIXe siècles. Avant l’ouverture de la route nationale en 1850, ces rues accueillaient de nombreux commerces desservant le quartier Latin et permettant de traverser la ville. La rue de Goëlo était très fréquentée car elle menait au magasin l’Économique, rue Saint-Magloire, véritable grande surface au XXe siècle.

Le quartier Latin est appelé ainsi en référence à l’effervescence du quartier parisien du même nom. Ses venelles et ses rues étroites rappellent le parcellaire médiéval de la cité. Parmi ses activités artisanales foisonnantes, il y avait les chaisiers très réputés, les chapeliers fabriquant eux-mêmes leur feutre et les filandières filant le lin et le chanvre vendus lors des foires et marchés.

D’après une charte de 1155-1175, l’église Saint-Magloire aurait été érigée en église paroissiale à la demande du comte Henri Ier d’Avaugour, par Guillaume, évêque de Tréguier. Située sur la place de la République, cette église est entièrement réédifiée entre 1711 et 1732 par les ouvriers de la ville. Elle est composée d’une nef et de bas-côtés à trois travées, d’un double transept, d’un clocher encastré et d’un chœur. Dans le contexte de la réforme catholique, qui vise à redonner un élan spirituel par le biais de l’émotion, l’église Saint-Magloire se dote d’un nouveau mobilier, notamment de retables et de statues réalisées par Yves Corlay, un architecte-sculpteur de grande renommée, afin de redonner un élan spirituel auprès des catholiques.

Lors du «grand déluge» de 1773, le centre-ville de Châtelaudren est détruit. Autrefois bâtie, la place de la République devient un grand espace à vocation commerciale. Bordée de demeures du XVIIIe et XIXe siècle, l’originalité de cette place réside dans la cohérence de son ensemble urbain. Les plus riches maisons sont construites entièrement en pierre de taille, comme l’une d’entre elles portant la date de 1778. En raison de son importante activité marchande, la place accueille également des hôtels, dont le plus ancien, l’hôtel d’Orléans, situé près de l’actuel Crédit agricole.

Au sud de l’église Saint-Magloire, l’hôtel Soubise doit son nom à la famille de Rohan-Soubise, seigneurs de Châtelaudren au XVIIe siècle. Cet édifice monumental se distingue par son architecture remarquable de style classique dont la composition symétrique est marquée par un important avant-corps. Le bâtiment, construit à la fin du XVIIIe siècle, a servi de tribunal et de prison.

Aujourd'hui entièrement réaménagée et pavée, la place des Sapeurs-Pompiers porte le nom de place du Leff au XIXe siècle. C’est à la suite de l’incendie du Petit Écho de la Mode en 1939, où sept sapeurs-pompiers décèdent, que la municipalité décide du changement de nom de la place afin de leur rendre hommage. Ce quartier très marchand abrite l’hôtel de commerce (actuel Relais du Leff), ainsi que des maisons des XVIIe et XVIIIe siècles aux façades remarquables.

Classées au titre des monuments historiques, la chapelle Notre-Dame-du-Tertre et sa croix datent du XIVe siècle. L’édifice est aussi appelé « chapelle rouge » en raison de la couleur dominante de la charpente lambrissée peinte de son chœur et de sa chapelle sud. Plus de cent trente-huit panneaux polychromes illustrent des scènes de l’Ancien et du Nouveau Testament, ainsi que les vies de saint Fiacre et de sainte Marguerite. Véritable « catéchisme » en image, ces peintures servaient de supports aux prêtres pour l’enseignement de l’Histoire Sainte. Restaurées à deux reprises, elles sont considérées comme l’un des plus beaux ensembles du XVe siècle conservé en France. La chapelle Notre-Dame-du-Tertre conserve également un remarquable maître-autel, dont le retable est orné de sept panneaux en albâtre datant de la fin du XVe siècle et attribués à l’atelier de Nottingham. Réalisés en 1997 par l’artiste Henri Larrière, les vitraux contemporains, aux formes abstraites, apportent une douce lumière colorée au sein de la chapelle, favorisant ainsi la lecture des lambris peints.

À leur départ de la foire et du marché, les marchands ambulants et visiteurs se rendent devant l’oratoire Notre-Dame-de-Bon-Voyage. Ils prient pour être protégés sur le chemin du retour, afin de ne pas tomber sur des brigands qui voleraient le fruit de leur travail.