Audioguide en wallon - in batant l'sèmèle: lès monumints dèl Louvière

- Sais-tu D'Jobrette, qu’avant nous, c’était des loups qui habitaient à La Louvière ?- Des loups, D'Jobri, en es-tu sûr ?- Oui oui, tu m’as bien entendu, des loups !- C’est vrai que longtemps avant d’être une grande ville comme elle est maintenant, ce n’était qu’un petit morceau de terrain avec des bois au-dessus et du charbon en-dessous.- Oui, et cet endroit-là s’appelle alors « Menaulu » ce qui veut dire, là où habitent les loups.- On m’a dit qu’en ces temps-là, c’était un hameau du village de Saint-Vaast, qui appartenait aux moines de l’abbaye d’Aulne.- Parfaitement D'Jobrette ! Mais le temps s’écoule et le nom change : Menaulu devient Lovaria (1157), alors, Luparia (1168) Lovière (1257), Le Loviére (1284) et pour finir, La Louvière... En wallon, Èl Louviére.

- Peu à peu, quelques maisons, des fermes puis des charbonnages prennent la place des forêts. Nous voilà au 19ème siècle, la fameuse révolution industrielle met notre région sans dessus-dessous ! Avec toutes les usines qui viennent s’installer, attirées par le charbon du sous-sol, le canal Charleroi-Bruxelles qui n’est pas loin et, bien vite, le chemin de fer, le hameau grandit vite et bien.- Ah oui, ça ! On construit des chemins, des places, des bâtiments… Amand Mairaux, à l’époque bourgmestre de Saint-Vaast dont le hameau fait partie, souhaite faire de La Louvière une commune indépendante, et l’affaire est faite le 27 février 1869 !- Maintenant que vous en connaissez plus sur l’Histoire de La Louvière, vous êtes prêts pour aller découvrir ses œuvres d’art !

- Voilà une œuvre de Lucile Soufflet (1975) et Bernard Gigounon (1972) qui a été commandée par la ville quand on a réaménagé les quartiers du centre-ville. Au début de l’année 2012, les artiste fixent sur le trottoir une assiette brisée géante en fer émaillé.- Mais à quoi ça sert, D'Jobrette ?- Eh bien, c’est un hommage à la très connue faïencerie BOCH-KERAMIS qui a fermé ses portes en 2011. Mais c’est aussi pour donner l’envie de se renouveler, de remplacer par autre chose ce qui n’existe plus.- C’est juste D'Jobrette, pour les artistes, quand un machin ou l’autre est cassé, on le remplace. Il faut alors que nous travaillons tous ensemble pour bâtir l’avenir.

- Ici c’est le monument à la Wallonie.- Oui, pour ce monument, on a pendu la crémaillère aux fêtes de Wallonie de 1953. Ce jour-là, notre dynamique chanteur Maurice Roland a chanté le Chant des Wallons aux gens et aux autorités communales de ce temps-là.- En tout cas, ça montre bien qu’on tient à notre mode de vie et à nos coutumes.- Il faut expliquer aux gens ce qu’on a mis sur le dessus.- Oui D'Jobrette, c’est une louve en bronze d’Alphonse Darville (1910-1990), rapport au nom de notre ville et à son Histoire. On dirait une louve romaine qui vous regarde tout droit, avec ses mamelles pleines de lait qui ressortent.- Mais regarde, là en-dessous, ça nous ressemble !- Mais c’est nous ! C’est une plaque de bronze, faite aussi par Alphonse Darville. Il paraît que nous sommes deux personnages fort importants dans l’Histoire et le folklore de La Louvière. D'Jobri et D'Jobrette, ç’était des surnoms. Notre vrai nom, c’est Joseph Brismet…- … et moi, c’est Laure. Notre portrait, ici, c’est la plus belle idée qu’ils ont eue pour expliquer qu’il faut prendre la vie du bon côté, en s’aidant les uns les autres. D’ailleurs, venez le lundi du carnaval, vous y verrez deux géants à notre image, qui démarrent le cortège les premiers !- Nous sommes des symboles, maintenant, la louve et nous. Ils rendent hommage à La Louvière et à la Wallonie, en étant rassemblés grâce à une colonne de pierre imaginée par l’architecte Marcel Depelsenaire (1890-1981).- Mais comme, il y a de ça quelques années, un innocent n’a rien trouvé de mieux que de rentrer dedans avec sa voiture, aujourd’hui, à sa place, c’est une tour de fer.

- Mon dieu, qu’elle a l’air lourde cette sculpture.- Il y en a pour 8 tonnes D'Jobrette, ce qui fait 8.000 kilos. Ah oui, c’est lourd !- Ce monument en granit est dressé sur la place communale en 1969, l’année où on a fêté le centenaire de La Louvière. C’est le travail d’un sculpteur de Soignies, Michel Stiévenart (1910-1991). Les deux personnages de la sculpture font vraiment penser à deux frères qui s’aiment !- Ça nous fait un beau symbole pour La Louvière, ville de paix depuis 1987.

- Dis-moi un peu, D'Jobrette, as-tu une idée de la raison pour laquelle on a appelé cette sculpture en acier , « l’avant-dîner », un air de gille joué au tambour ?- Mais bien sûr que je le sais, c’est une manière de rendre hommage aux tamboureurs, parce que sans eux, pas de carnaval !- L’inventeur-constructeur, Robert Michiels (1933) est un artiste de la Région du Centre. Son grand plaisir, c’est de fouiller les tas de mitraille qu’on trouve sur les travaux, dans les usines abandonnées ou encore chez les ferrailleurs. Quand il en trouve qui lui conviennent, il cloue, il soude, et voilà comment il invente des sculptures avec des formes bizarres.- On l’avait d’abord placée devant le MILL pendant l’exposition « le Blues de l’Acier », en 2013. Mais en 2017, on l’a replantée pour de bon devant les nouveaux bureaux de l’Administration communale.

- Mais voilà notre camarade Amand Mairaux, tiens !- Ce que tu ne sais peut-être pas, D'Jobri, c’est que cette statue est en bronze et le socle, c’est de la pierre. Elle a été sculptée par le sculpteur wallon de Feluy, Victor Rousseaux (1865 – 1954) aux environs de 1896.- Voilà un fameux hommage à quelqu’un d’important dans l’Histoire de La Louvière, Amand Mairaux. D’ailleurs, on a appelé l’artère où la statue se dresse par son nom : Boulevard Mairaux.- Alors, avez-vous tous retenu qui est Amand Mairaux ? C’est l’ancien bourgmestre de Saint-Vaast, dont nous disions qu’il est le fondateur de la commune de La Louvière. Parfaitement, on vous en parlait plus tôt : le hameau de La Louvière grandit très rapidement. Alors, notre Amand se met en route pour qu’on en fasse une commune à elle toute seule. Les choses les plus importantes de cette histoire sont gravées dans la pierre sur les quatre côtés.- Mairaux est représenté sans chapeau ni casquette, habillé comme un Monsieur de ce temps-là, redingote et dentelle autour du cou. Dans sa main droite, il tient un document qui représente le plan des nouvelles rues et places du centre de la… ville (qui n’est encore qu'un village à ce moment-là!) de 1865.

- Voilà que nous arrivons au parc communal Warocqué, D'Jobrette !- As-tu vu D'Jobri, qu’autour du parc, on trouve encore deux ou trois maisons qui permettent de se rendre compte qu’on n’est pas dans un coron ouvrier ?- Ah oui, D'Jobrette, c’est un coron – si on peut dire – qui a été bâti grâce à Raoul Warocqué. Tu te demandes à quoi pouvait ressembler une maison de bourgeois en ce temps-là ?- Oui, je regarde les façades décorées de faïences des numéros 70 – 72 de la rue Arthur Warocqué. Ces maisons-là ont été construites sur les principes de l’art nouveau, un mouvement artistique fort apprécié en ce temps-là.

- Ne voilà-t-il pas une statue pour honorer notre Mouchon d’Aunia?- Bien sûr! C’est Louise Nopère (1933 – 2018), la fille de celui qui a rédigé le dictionnaire de notre wallon, avec son complice Floribert Deprêtre, qui a imaginé une sculpture qui représente une jeune femme en tablier, qui regarde le ciel et qui tient un coq dans ses bras.- Ce coq-là, évidemment, c’est le coq wallon, puisque la sculpture est un hommage aux écrivains, chanteurs et comédiens wallons de notre Région du Centre, avec La Louvière qui y est en plein milieu. La statue a été inaugurée en 1962, pour les 50 ans de la gazette wallonne « èl Mouchon d’Aunia ».- C’est sûrement pour ça qu’on l’a appelée comme ça. Et dis-toi bien, D'Jobri, que le Mouchon d’Aunia existe toujours.- Ça, je le sais bien, même qu’il fête ses 110 ans en 2022.- Tu pourras trouver un numéro ou l’autre à l’accueil de Centrissime.- Tu sais, D'Jobrète, aujourd’hui, on en rit… la sculpture avait d’abord été réalisée en bronze, mais une bande de malins n’a rien trouvé de mieux à faire que de la voler en décembre 2011. Alors, on l’a remplacé par une en résine…- Pour les gens d’ici, elle a gardé toute sa valeur, mais elle en a moins, sûrement, pour les trafiquants de mitrailles…

- C’est le monument aux morts, ici, D'Jobrette ?- Oui, il a été sculpté par Alfred Courtens (1889 – 1967) et installé ici pour qu’on se souvienne de ceux qui sont morts pendant la guerre quatorze. Parmi eux, il y avait Omer Lefèvre, qui a résisté à l’ennemi en faisant de l’espionnage.- Même que le jour de l’inauguration, le 7 octobre 1923, la Reine Elisabeth de Belgique est présente pour soutenir tous ceux qui se sont battus pour leur pays. Les sculptures sont en bronze et le socle est en pierre.

- Ne dirait-on pas notre vieux pote Vî Stou ?- Un beau portrait, n’est-ce pas, D'Jobrette ? La tête que tu vois, sculptée dans la pierre et inaugurée en 1934, c’est celle de Léopold Dupuis (1859 – 1932). Il est écrivain, poète, musicien.- C’est lui, qui, avec d’autres, a créé le journal « Wallonia » et ensuite, « èl Mouchon d’Aunia ». C’était aussi un excellent décorateur à la faïencerie Boch. Vî Stou, tu ne sais pas ce que ça veut dire, n’est ce pas ?- Évidemment que je le sais ! Ça veut dire vî stoumac’ – vieil estomac – en plus court. Pourquoi ? Parce que c’est comme ça qu’il avait appelé sa chorale, car la plupart de ses chanteurs s’appelaient eux-mêmes « Vî stous » pour se moquer de leur mauvaise santé. Finalement, il l’a pris comme surnom personnel. C’était un comique, Léopold !- Tu sauras tout quand je t’aurai raconté que celui qui a taillé le monument, c’est Hector Brognon (1888 – 1977), un sculpteur de Bois-d’Haine auteur d’un grand nombre de monuments après la guerre, un peu partout dans notre province.

- Je m’assiérais bien une minute, moi…- Oui, mais pas ici, D'Jobri ! Nous sommes tout près du Banc de la Chanson wallonne – banc dèl Canson walone.- Ah, et à quoi sert si ce n’est pas à s’asseoir ?- « èl banc dèl Canson wallonne » rend hommage à la chanson wallonne et plus particulièrement à notre camarade, « èl fèl canteû » Maurice Roland. Il a été inauguré le 28 septembre 1947 lors des Fêtes de Wallonie. C’est le groupe wallon des Scriveûs du Cente, qui existe encore aujourd’hui, qui a voulu le faire comme cela pour fêter les 35 ans du Mouchon d’Aunia, le journal en wallon du Centre.- Même que tous les ans, aux Fêtes de Wallonie, un cortège va d’un endroit à l’autre, et, bien entendu, au Parc Warocqué.- Alors, on s’arrête devant certains monuments et on fait des discours devant ceux qui ont une plume à leur chapeau (les autorités) et ceux qui n’en n’ont pas (les autres personnes).- Un article de journal paru au moment de l’inauguration fait un clin d’œil à la forme du petit monument qui est « juste large comme l'aimait Souguenet, pour tenir serrés... deux amoureux ».- Souguenet ? Qui c’est celui-là ?- Dans les années 1900, c’était un journaliste qui écrivait fort bien et qui habitait du côté de Liège. Il était écolo avant l’heure, sais-tu, en plus !- Me voilà plus intelligente… Tu sais quoi ? J’ai changé d’avis… viens t’asseoir ici tout contre moi, mon cher D'Jobri !

- Tu me diras bien qui a eu l’idée de planter une telle mitraille comme ça, au milieu du rond-point ?- Tais-toi malheureuse ! C’est de l’art, cet objet-là ! De l’art m.o.d.e.r.n.e ! Ça représente un châssis à mollette, en souvenir des charbonnages et en hommage aux mineurs qui ont eu tant de mal à y travailler.- Bah, mon dieu, c’est vrai que quand on te le dit…- C’est un sculpteur namurois, Jean-Marie MATHOT, qui l’a inventée aux environs de 2003 et qui l’a appelée "Signal". Il faut dire qu’il avait été choisi par un jury d’experts, des gens qui savent de quoi ils parlent ! N’empêche que les gens du bas de Baume n’ont pas compris tout de suite.- Allez…- Et comme ils ont le sens de l’humour - tu le sais bien, D'Jobrette, nous sommes dans notre quartier ici - Christian Quinet, un écrivain wallon qui habite tout près d’ici, en a fait une chanson !- Il y a bien longtemps que je t’ai entendu chanter, mon D'Jobri, saurais-tu me faire entendre à quoi ça ressemble ?- Mais avec beaucoup de plaisir, D'Jobrette !" C’est un châssis à mollette / poncé avec des morceaux de charbon / pour élever notre patrimoine / autant ça qu’une banane / ça pointe, ça jaillit, ça s’allonge / comme une girafe sur une balançoire / noir rouge rouille avec la pluie qui va l’astiquer / il va briller "

- Voilà un beau monument parce qu’il est tout pur et tout simple.- Oui, on peut le dire, c’est l’architecte Marcel POLET qui l’a imaginé, en hommage aux victimes de la guerre 40.- On dirait qu’il y a des noms écrits dessus?- Oui, 195 noms taillés dans la pierre :• Les soldats qui sont morts au tout début de la guerre, en mai-juin 40• Tous les prisonniers, de guerre, politiques, déportés… qui n’ont jamais revu leur Louvière• Enfin, le nom de tous ces pauvres gens, femmes, enfants… qui ont malheureusement été écrasés sous les bombes en 44, lorsque les quartiers ici tout près ont été détruits par un bombardement allié qui visait plus précisément la gare de formation d’Haine-Saint-Pierre.- Il paraît qu’il a été inauguré le 21 juin 1958, même qu’il y avait beaucoup de gens importants et que le Roi avait envoyé un général pour le représenter.

- Ne sommes-nous pas arrivés à la fontaine de Pol Bury ?- Oui, nous sommes devant le Château Gilson. Tu es devant quelque chose qui comporte des petites boules métalliques qui s’emboîtent dans une plus grande boule, au milieu, avec de l’eau qui s’échappe. Eh bien, c’est une fontaine !- Il paraît qu’elle appartient à la Fédération Wallonie-Bruxelles. Cette sculpture-fontaine a été inventée en 1992 par un artiste louviérois connu dans le monde entier : Pol Bury (1922-2005). Voilà un artiste qui se plaît dans tous les domaines et qui a fait partie de plusieurs groupes qui ont travaillé dans le surréalisme, l’abstraction et le cinétisme.- Qu’est-ce que çà veut dire tous ces mots-là, D'Jobri ?- On va le demander ici plus loin au Centre de la Gravure et de l’Image imprimée, eux, ils pourront nous le dire.

- Nous voilà revenus à notre point de départ D'Jobri!- En effet D'Jobrette... cette petite balade fort intéressante m'a donné soif! - Allez, allons prendre un verre dans un des cafés de la Place Mansart... Tu l'as bien mérité mon D'Jobri!