Languédias, la boucle de Saint-Armel.

Le bourg actuel, né à la suite de l’agrandissement de la commune, est construit bien plus récemment. En effet, l’éloignement de certains habitants avec l’église de l’ancien bourg entraîna un certain nombre de mécontentements. Il est aussi étroitement lié à l'extraction d'un granit prestigieux. Il faut bien imaginer à partir du 19ème siècle, chaque journée, de 5h du matin à la tombée de la nuit, rythmée par cette activité : café, auberge, circulation ... sans compter les cliquetis répétitifs des Picotous frappant la roche avec leur massette. Une activité très intense ...

Aucun vestige bâti ne subsiste de l'édifice médiéval. À compter du 19è siècle, une nouvelle église est érigée en remplacement de l’église du 15è siècle, autrefois établie dans l’actuel village du Vieux-Bourg. Cette église en granit (1868-1872) a été construite en partie sur les terres que donna Émile Faisant, propriétaire du château et de l’abbaye. Plusieurs dalles sculptées provenant à l’origine de la chapelle de l’abbaye sont visibles dans cette église. Une statue (classée au titre des Monuments Historiques) en bois polychrome, datée des 17è-18è siècles, est visible dans cette église. Cette sculpture représente Saint-Armel, dont la légende raconte que, s’étant retiré dans un bourg situé près de Rennes et portant son nom, il aurait vaincu un dragon qui terrorisait le pays en le jetant dans la Seiche.

Le manoir de la Burie (dit aussi « de Buric ») aurait été construit aux environs de 1500. L'ancien moulin de la Burie a cessé de fonctionner avant 1773. La chaussée de l'étang et son parement en pierres de granit sont encore bien visibles. les pierres du moulin ont servi à la construction d'une maison à Yvignac.

Ce monument en granit, situé dans Le Vieux-Bourg de Languédias et daté du 14è-15è siècle, est une fontaine intarissable. On dit que St-Armel, qui vivait au 5ème siècle, passant au bourg de Languédias alors privé d'eau, ficha son bâton en terre et après avoir prié, le retira. Aussitôt, une source d'eau excellente, qui n'a jamais cessé de couler, jaillit. Autrefois associée à une église aujourd’hui non conservée, son eau aurait, selon la tradition, la vertu de guérir une maladie de la peau affectant les enfants. Cette maladie est dénommée « mal de sainte Radegonde » ou « de saint Aragon ».

Languédias est née du démembrement de la paroisse primitive de Plélan-le-Petit. Elle demeura un prieuré-cure de l’abbaye de Beaulieu (ancienne abbaye de Pont-Pilard) jusqu’à la Révolution française. A cette date, la paroisse est érigée en commune, mais rattachée à Plélan-le-Petit jusqu’en 1806, année où elle est rétablie. La fondation de Languédias est estimée à 1532. Il ne reste que peu de traces du Manoir de la Burie (ou Buric) construit à la même époque et qui comprenait, un fossé, des mâchicoulis et des meurtrières, ainsi qu'une tour carré. Plus trace n'ont plus de l'église. C'était une église simple, sans chapelle, qui fut déplacée car devenue trop étroite et vétuste vers 1850, la population du village devenant trop importante. Pour l'anecdote, cette église étant pauvre, la cloche était payante pour les non-résidents. au 19è, il fallait payer "à l'église 25 centimes pour chaque son et 15 centimes au bedeau". Le bedeau avait la charge de sonner l'angélus 3 fois par jour et de tenir l'église propre.

Le sol de Languédias est percé de nombreuses excavations témoignant de l'activité importante d'extraction et de taille de pierre. Gris perlé ou jaune, le granit de Languédias s'est exporté partout dans le département, dans toute la France et à l'étranger. Exploité dès l’Antiquité par les Romains, on le retrouve dans de nombreux bâtis, des maisons du bourg, au sanctuaire du Haut-Bécherel (dit « Temple de Mars ») à Corseul, jusqu'à la pyramide du Louvre ainsi qu'une grande partie de l'intra-muros de St-Malo. Même si pendant longtemps cette exploitation a été limitée par une forme d'enclavement, elle s'est fortement développée à l’issue de la Seconde Guerre mondiale avec la reconstruction de Saint-Malo. Une part importante de la population de Languédias travaillait alors à l’exploitation des carrières de granit et de nombreux ouvriers portugais immigrèrent dans la région. Les volumes extraits aujourd'hui sont moins importants que par le passé. Les méthodes de construction ont en effet changé, privilégiant d'autres matériaux. Chaque cessation d'activité laisse place à des trous d'eau et des terrils que la végétation colonise peut à peut. Des réflexions sont en cours pour imaginer une reconversion à ces friches. Vous avez ici une vue parmi d'autres sur une ancienne carrière.

Cet agréable chemin de sous-bois laisse entrevoir les traces d'anciennes haies vives qui bordaient des champs anciennement cultivés. Ces terres, de faible rendement, seront rapidement abandonnées et reprises par la végétation. Quelques cavités sur votre gauche pourraient laisser supposer la présence d'anciennes rouairies (routoirs), bassins utilisés pour le rouissage du chènevis (chanvre) ou du lin (putréfaction destinée à récupérer la tige de la plante).

Ce bâtiment est une ancienne métairie dépendant de l'Abbaye de Beaulieu. Un ancien blason est sculpté sur la façade. Le four à pain est encore bien préservé. Cette maison est privée ; merci de respecter la quiétude des propriétaires.

C’est au moine Guy Le Lionnays que l’on doit la création de l’étang et de sa digue au cours du 15è siècle. Selon une légende, des carrières existeraient au fond du plan d’eau, mais le vidage de l’étang a depuis contredit cette tradition. De même, il est parfois raconté qu’un souterrain aurait été creusé par des moines sous l’étang et qu’il relirait l’abbaye de Beaulieu au manoir de La Burie… Cet étang assure une réserve de nourriture aux abbés. La digue permet le fonctionnement d'un moulin et d'une pêcherie. Aujourd'hui, l'étang est privé et le propriétaire permet de profiter des abords sous réserves que vous respectiez les lieux. C’est au moine Guy Le Lionnays que l’on doit la création de l’étang et de sa digue au cours du 15è siècle. Selon une légende, des carrières existeraient au fond du plan d’eau, mais le vidage de l’étang a depuis contredit cette tradition. De même, il est parfois raconté qu’un souterrain aurait été creusé par des moines sous l’étang et qu’il relirait l’abbaye de Beaulieu au manoir de La Burie…

Construit au 16è-17è siècle en granit, le moulin de Beaulieu a été érigé à l’initiative du moine Guy Le Lionnays. Ce dernier a été le premier abbé commendataire de l’abbaye et a été nommé évêque de Rennes en 1501. Ce sont les armes de Guy Le Lionnays qui ont été gravées sur le pignon du moulin, surmontées de celles du moine Claude Philippe Le Clerc du Tremblay, responsable de la réforme sur les abbayes en 1659 (dite « réforme de sainte Geneviève »). Le moulin est partiellement inscrit au titre des Monuments historiques en 1927 pour les armoiries. L’entrée se faisait auparavant plus bas par rapport au niveau de la route par une ouverture en plein cintre. En contrebas, on voit les vestiges d'une ancienne pêcherie en très bon état.

Construite en granit au 12è siècle et située à l’origine sur le territoire de Mégrit, l’abbaye Notre-Dame-du-Pont-Pilard pris ultérieurement le nom d’abbaye de Beaulieu par Alain de Vitré. Elle a été fondée vers 1160 grâce aux dons de Rolland de Dinan. Huit chanoines de l’ordre de Saint-Augustin occupaient régulièrement l’édifice. Ce dernier a été pillé à la fin du 14è siècle par les huguenots au moment des guerres civiles. En 1791, plusieurs écrits de l’abbaye ont été détruits. L'abbaye de Beaulieu sera saisie à la Révolution et vendue comme Bien National. Il était composé de l'abbaye, les bâtiments conventuels et la chapelle, le jardin et son pigeonnier, l'étang et le moulin, la métairie de la Roselais et son pigeonnier, le moulin à fouler (de Trédias) et différentes terres agricoles. Il ne reste que peu de traces de l'Abbaye. L'église, construite en 1733 sera détruite au 19è siècle. Le château (privé) étant construit plus tardivement.